Critique

Command & Conquer
Remastered Collection

Développeur : Petroglyph, Lemon Sky Studios – Éditeur : EA – Date de Sortie : 5 juin 2020 – Prix : 19,99 €

En 1992 sortait Dune 2, la petite équipe de Westwood Studios venait de créer un genre, le STR. Basé sur les écrits de Frank Herbert, le jeu fut un succès, et évidemment Westwood se mit au travail sur un autre jeu du même genre mais avec plus de libertés. Le climat de la guerre du golfe orienta fortement l’ambiance du jeu et Command and Conquer fit alors sa sortie.

Notre base est sous une punaise

Dans le principe, en reprenant la base de Dune 2, Command and Conquer a l’air relativement simple. Deux camps s’affrontent, le GDI (les « gentils ») et le NOD (les « méchants ») pour défendre ou dominer le monde autour de la récolte d’un minerai précieux et mystérieux, le Tiberium. Chaque camp doit construire une base et des bâtiments afin de générer des unités particulières suivant les objectifs et l’adversité. Pour aussi simple que soit ce principe, il est une véritable révolution. Son équilibrage surtout, au petits oignons fait date, puisque contrairement à ce qui se faisait beaucoup à l’époque, les deux camps n’ont pas d’unités véritablement équivalentes. Chaque camp va avoir des atouts et faiblesses dont il va falloir jouer afin de remporter la victoire. Le GDI possède des unités solides, lentes et chères, permettant la plupart du temps des attaques de front, là où le NOD va avoir des unités plus fragiles et légères permettant des tactiques de commando ou d’aiguillonnage des troupes adverses. Les missions étaient aussi variées et on n’y faisait pas que construire et détruire. De la libération d’un village, à l’opération solo pour détruire un bâtiment au milieu d’une base adverse, les objectifs et les situations étaient souvent variées. Offrant parfois un côté puzzle à certaines missions, ou mettant un coup de pression afin de réussir les objectifs avec une limite de temps. La campagne solo permettait de bien connaître ses unités afin de pouvoir ensuite les utiliser au mieux dans les parties multijoueur, mais aussi une véritable campagne scénarisée, contrairement aux tutoriaux un poil glorifiés de l’époque actuelle des jeux dont la composante multi est le plat principal.

Une campagne solo légendaire était bien sûr de la partie, où des cinématiques en FMV et en images de synthèse animaient les briefings et mettaient en scène les victoires et défaites des missions. Cette campagne était aussi intéressante dans la mesure où on avait parfois le choix du prochain théâtre d’opération, mais sans aller jusqu’à de véritables embranchements scénaristiques.

Deux ans plus tard, Westwood remet le couvert avec Red Alert, une itération réchauffant la guerre froide, où on choisit son camp cette fois-ci entre les forces alliées et la Russie Soviétique. Encore une fois, des séquences filmées introduisent les différentes missions, dans un monde uchronique où la seconde guerre mondiale n’a pas eu lieu, parce qu’Einstein a tué Hitler en voyageant dans le temps. Le jeu reprend à peu près les mêmes mécaniques que le premier avec deux camps asymétriques, dont il faudra connaître les forces et les faiblesses.

La Guerre, toujours la guerre

Et nous voici, 25 ans plus tard. EA a eu l’excellente idée de réunir une partie de l’équipe originelle afin de dépoussiérer Command and Conquer et d’en sortir une version remasterisée.

Autant dire que j’étais assez joyeux en apprenant la nouvelle ! Impossible de rejouer aux anciens jeux sans une bonne dose d’huile de coude et de prise de tête (à part éventuellement en dégottant les versions Playstation, mais à la manette, c’est bof). Et on peut dire que le travail est d’apparente qualité. On va retrouver C&C et Red Alert, avec tous les add-ons officiels sortis ensuite. Ce qui en fait un jeu au contenu relativement colossal, d’autant qu’un éditeur de carte est évidemment de la partie, afin d’en rajouter encore plus.

Les graphismes du jeu ont été redessinés en haute résolution, ce qui change tout de même de la bouillie de pixel « pleine de charme » d’origine, qu’on peut tout de même revoir en tapotant gentiment la touche espace, pour comparer. Le jeu est bourré de bonus, sur les coulisses des tournages, les musiques d’origine sont présentes, mais de nouvelles versions réorchestrées par Frank Klepacki et les Tiberian Sons ont été ajoutées, faisant un peu exploser les oreilles (la nouvelle version de Hell March est excellente, tout en conservant le sel de l’originale). La composante multijoueur, qui avait fait les beaux jours des jeux à l’époque est évidemment présente avec tout le confort moderne, matchmaking, ladder etc.

On appréciera donc le geste, surtout de la part d’EA. D’autant que certains défauts à la sortie (comme des ralentissements lors des déplacements sur la carte et des soucis de cheminement des unités) ont été patchés, indiquant que l’éditeur veut vraiment faire un travail de fond sur cette licence tombée au champ d’honneur des free tpo play mobiles. Maintenant il faut aussi voir que ça reste un vieux STR et que beaucoup de mécaniques sont maintenant plutôt datées. Il se joue toujours à l’ancienne, et même s’il bénéficie du confort de nouveaux raccourcis claviers, il ne va pas débarquer sur la scène e-sports et tout dévaster sur son passage.

C’est un RTS un poil lent et relativement basique pour ça, d’un autre côté, il devient une porte d’entrée intéressante afin de se plonger dans un univers assez vaste et qui est clairement inaccessible si on n’y a pas investi beaucoup de temps.

C'est donc un excellent Remaster que ce Command and Conquer Collection, de quoi revivre ces jeux de la fin des années 90 dans d'excellentes conditions et apprécier une époque qui semble révolue pour les RTS. On aurait aimé avoir Red Alert 2, dans le package , mais il faut aussi parfois ne pas être trop gourmand. Pour les nostalgiques et les fans de la première heure, et malgré de légers défauts, c'est un festival de maps, et de bonus. Pour les nouveaux venus, le confort apporté par rapport à l'original permettra de s'y plonger sans aucun souci.

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Shutan

Rétrogamer dans l'âme, mais ouvert aux nouveautés.

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Ixion

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