Critique

Battletoads

Développeur : Dlala Studios – Éditeur : Rare – Date de Sortie : 20 aout 2020 – Prix : 20 €

Ressuscité d’entre les morts, j’ai aperçu le retour des Battletoads à la Gamescom 2019, sur le stand de Microsoft. Décor vintage, et statues de mascottes à l’ancienne, la mise en avant était clairement orientée rétro. Mais la nostalgie ne suffit pas toujours à transformer le nouvel opus d’une licence en bon jeu.

Les grenouilles avant la Gamescom

Pour ceux qui ne connaitraient pas la licence, Battletoads est un beat them’all rigolo. Le joueur y incarne des grenouilles musclées, intelligentes et pleines de classe qui tatanent des ennemis à coup de gambettes dans la tronche. Comme elles ont la classe des années 90, elles conduisent des motos, de l’espace, savatent des monstres, de l’espace, et parcourent des niveaux, de l’espace, pour affronter la grande méchante, oui vous avez deviné, de l’espace. L’espace c’était la classe dans les années 90.

Les séquences de baston (façon Street Of Rage) étaient entrecoupées de passages un peu différents, allant de phases de course (à moto mais pas seulement) au jeu de plateforme traditionnel de l’époque. Disparues depuis de nombreuses années, les grenouilles avaient cependant gardé une belle place dans le cœur des retrogamers.

De retour en 2020, le trio de grenouilles s’offre un petit lifting avec une direction artistique très dessinée qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde. Si j’ai personnellement assez apprécié celle-ci, c’est à l’inverse le principal frein pour d’autres amis rétrogamers. Les égouts et les couleurs on ne discute pas, comme on dit. On peut cependant largement admettre que ce nouveau look et ce ton dénaturent assez la reine noire. Le scénario qui ne manquera d’ailleurs pas de la ridiculiser propose une histoire globale plutôt plaisante à suivre, présentée par des séquences de dessins animés à l’ambiance des samedis matin de mon enfance.

La grenouille n'aime pas qu'on la claque aussitôt

Les premiers niveaux du jeu proposent une version modernisée du gameplay originel. De la tatane avec un système de combos, quelques collectibles, des courses de moto de l’espace, on est en terrain conquis et ça fait le job. On ressent cependant rapidement des nouveautés s’intégrant assez mal au mélange historique de gameplays. Dès le premier acte, un niveau demandera au joueur d’appuyer sur les touches affichées à l’écran, accélérant les séquences à taper. On martèle les gâchettes pour incarner un masseur, d’autres boutons pour travailler à l’usine d’emails, et encore d’autres pour signer des autographes à la chaine. C’est à peu près aussi inintéressant que les boulots incarnés, on pourrait d’ailleurs se dire que c’est voulu, du moins au départ.

À la fin du second acte tout commence à foirer. Un niveau, dans lequel vos grenouilles incarnent des athlètes de peintures grecques, prend la forme de minis-jeux équilibrés à la truelle. Visez des cibles arrivant rapidement, faites rebondir des trucs, prenez des poses héroïques, et surtout faites voler votre manette contre le mur si vous avez eu le malheur de démarrer en mode difficile (qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un succès). Il est en effet impossible de réduire la difficulté en cours de route sans devoir redémarrer intégralement le jeu. La séquence, en plus d’être relativement ennuyeuse, est mal équilibrée et fera abandonner bon nombre de joueurs à ce moment.

Insistant, à en oublier de boire ma bière ouverte sur la table, je finis par passer ce niveau et espère retrouver un peu de castagne pour me défouler ensuite. Ce qui est très dommage pour moi car de la bagarre il n’y en aura plus avant un moment. S’enchaînent des séquences de plateforme pacifistes (au level design douteux), des phases de shoot tout aussi mal équilibrées et il faudra attendre au moins 8 niveaux (peut-être plus, j’ai arrêté de compter après) pour enfin affronter le boss final avec un peu de bagarre. Celui-ci est une épreuve moins difficile à réaliser que la séquences des athlètes grecs et me laisse clairement sur ma faim en termes de castagne sur la durée totale du jeu.

Si les premiers niveaux de Battletoads raviveront les agréables souvenirs des retrogamers nostalgiques, la suite du jeu sera quant à elle une chute vertigineuse de l’ascenseur émotionnel. L’alternance originelle de castagne et d’autres phases des jeux laisse place à une accumulation de séquences aussi inintéressantes et difficiles qu’une partie de track’n field avec une manette cassée. Si vous êtes fans de la licence, arrêtez-vous au premier acte. Et si vous n’avez pas connu les jeux originaux, je ne suis même pas sûr que la magie des premiers niveaux opère sur vous.

Chezmoa

Chezmoa

Tous mes articles pour GSS sont sous licence Beerware.

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