Critique

Don’t Be Afraid

Howler
Publié le 8 avril 2021

Développeur

Hydra Games, Limo Games et Broken Arrow

Éditeur

Hydra Games

Date de Sortie

17 décembre 2020

Prix de lancement

11,59 €

Testé sur

PC

C’est en décembre dernier que sortait Don’t Be Afraid, un énième jeu d’horreur indé et développé par *lit sa fiche* Hydra Games, Limo Games et Broken Arrow. Trois studios donc, mais pas forcément beaucoup de monde si je m’en réfère aux crédits du jeu (la liste des remerciements est facilement deux fois plus grande que l’équipe de dévs). On part sur une petite production, qui souhaite faire peur aux petits et grands, avec pour originalité d’être dans les sandales poisseuses d’un jeune enfant d’une dizaine d’années, en proie à un Pédo-Psychopathe. Vous l’aurez compris, c’est bamboche aujourd’hui.

Amnesia mais à 1m20

C’est vraiment le premier argument du jeu, mis en avant comme une feature sur sa fiche Steam : « Point de vue inhabituel d’un enfant de 11 ans comme personnage principal ». L’incidence sur le gameplay ? On voit de moins haut que d’habitude et on court pas très vite. Les développeurs ont même galéré à essayer de reproduire les bonnes proportions, on se retrouve régulièrement avec des bureaux à notre taille ou des pèse-personnes de deux mètres de haut, c’est au choix. David, notre mini-héros, est victime d’enlèvement, capturé par Franklin, un détraqué qui ne trouve rien de mieux à faire que d’amener ses victimes chez lui, dans ce qui semble être un manoir de plusieurs kilomètres carré pour faire un escape game géant, rempli de mannequins. A peine le temps de se dire que c’est quand même beaucoup de moyens déployés pour assouvir une soif de meurtre, on se rend compte qu’on est de nouveau face à un jeu post-Amnesia : la narration se fait au travers de papiers à trouver et d’une voix off, il y a quelques énigmes bêbêtes qui permettent de faire avancer le jeu et on devra échapper à quelques monstres mal scriptés. Rien de plus, rien de moins.

Je pourrais aller beaucoup plus loin dans la critique même du jeu et expliquer à quel point il est prévisible en tout point, tente à chaque seconde de faire sursauter le joueurs en balançant des screamers et passe son temps à alterner les phases d’énigmes et les phases de poursuites sans jamais aller plus loin. Mais ce serait comme tirer sur l’ambulance, si bien que je me demande si, au final, on ne serait dans la même logique qu’avec le genre du slasher au cinéma : il y a des codes qui sont appliqués et le jeu n’est là que pour satisfaire une fan base minoritaire mais solide, venue chercher sa dose d’horreur, en regardant un let’s play jump cuté à foison pour n’avoir que les moments de peur et de cris forcés par le youtubeur.

Franklin sait lacer des cadavres

En tant que grand consommateur de jeu d’horreur, j’aimerais tout de même profiter de ces quelque lignes pour me plaindre. Si vous voulez faire un bon jeu d’horreur, travaillez une bonne ambiance et un bon sens de la mise en scène. Sans ça, le jeu sera insipide et passera dans le paysage vidéoludique plus vite qu’un train de marchandises dans une gare. Don’t Be Afraid a les défauts de la majorité des jeux d’horreur qui me sont passés sous la mains : il ne faut pas trop plisser les yeux sous peine de voir les fils dépasser. Le jeu se contente bêtement de reproduire ce que fait le voisin sans comprendre l’essence même de ce qui fait peur, en alignant les screamers dans des couloirs sans jamais se demander si un joueur averti pourrait s’y attendre. Pire encore, on trouve rapidement les limites des quelques monstres qui nous poursuivent, que ce soit au niveau des scripts ou des possibilités, crevant alors le dernier zeste d’ambiance qui trainait.

Un autre problème, et non des moindres, ils ont mis un enfant en personnage principal, ce qui fait que les développeurs se sont permis d’aller outre toutes notions de cohérence d’univers. On croisera régulièrement plusieurs objets mortels comme des couteaux, des ciseaux ou des pieds de biche, sans jamais pouvoir s’en servir. Notre personnage ne sera même pas capable d’enjamber une main courante d’une cinquantaine de centimètres ou de simplement prendre un objet dans sa main (il lui faudra un sac à dos). Le jeu est incroyablement scripté mais veut en même temps donner la sensation de se perdre. On se retrouve donc avec un couloir fait de verre, condamné à se cogner à la moindre envie de sortir.

Vous l’aurez compris, Don’t Be Afraid ne m’a pas du tout emballé. Bien au-delà d’un jeu très mauvais, j’y ai surtout vu les affres d’une copie, d’une copie, d’une copie d’un jeu auquel on a tous joué et qui a imposé des standards, comme si faire un jeu d’horreur répondait simplement au bon respect d’une recette de grand-mère écrite noir sur blanc. Si vraiment vous voulez vous faire peur, il y a de quoi piocher dans le bon et le très bon, et Don’t Be Afraid n’est clairement pas dans ces listes.

Laisser un commentaire