Critique

Floodland

Howler
Publié le 7 janvier 2023

Développeur

Vile Monarch

Éditeur

Ravenscourt

Date de Sortie

15 novembre 2022

Prix de lancement

29,99€

Testé sur

PC

En ces temps obscure, il est fréquent de voir des jeux vidéo parler d’écologie. C’est quelque chose qui était déjà bien présent depuis les années 90, mais plus l’heure du cataclysme approche, plus il est important de parler de ce sujet. Mais quand prévenir ne suffit plus, on peut toujours s’imaginer le monde d’après inondation des villes. Si Waterworld est un de vos films de chevet, il se pourrait que Floodland, le nouveau jeu de Vile Monarch (connus pour Weedcraft Inc), soit votre tasse de thé.

La loi ici, c'est moi

Bon, je parle de Waterworld, mais on est quand même loin de la mer bleu et des catamarans. Ici, on parle plus de marais, de barques grotesques et de maladies, le tout enrobé dans une direction artistique mariant parfaitement le maronnasse avec les couleurs piquantes. Vous êtes le nouveau leader d’un des quatre clans de survivants qui souhaitent évoluer et voir des lendemains plus radieux. À la différence d’un Frostpunk alignant les non-choix dictatoriaux, chacun des clans de Floodland a une vision politique et sociologique bien à lui, avec laquelle vous pourrez adapter vos opinions pour la survie et la bonne entente de votre peuple. Le spectre politique n’est pas non plus gigantesque, mais l’arbre diplomatique est plutôt bien fourni et multipliera les croisements, précisant un peu plus votre orientation.

Dans ces lieux désolés, il n’y a pas de sénat, ni même de gouvernement à proprement parler. Vos prenez vos décisions seul, d’une main de fer, du coup, vous avez forcément des allures de dictateur et pas tout le monde est ok avec ça. Si votre clan de départ sera correctement aligné avec la plupart de vos choix (du moins, c’est comme ça que vous allez le choisir au début), vos différentes recherches de survivants vous amèneront d’autres groupes aux idéologies différentes. Jackie « Moustache-en-guidon » ne sera que très peu d’accord avec votre pacte de non-agression ou l’accès aux soins pour tout le monde, ceci va forcément avoir un impact sur l’entente générale, il faudra créer des quartiers (parfois sur des îles différentes), isoler les clans qui ne s’apprécient pas (voir même les bannir) et rapprocher ceux qui s’entendent afin d’éviter le bain de sang et immobiliser la production. N’oublions pas qu’avant de parler politique, Floodland est surtout un jeu de gestion et de survie.

Le jeu s’est bâti sur les fondations de Banished ou Frostpunk, il faudra s’occuper de la production de nourriture comestible et d’eau potable en faisant avec ce qui traîne autour de nous. Evidemment, on commencera avec les fondamentaux : mettre un toit sur la tête de tout le monde, pêcher et filtrer l’eau sale. Mais petit à petit, on aura de la culture, du recyclage et l’utilisation de matériaux bien plus avancés (mais plus rares) que le bois. Si vous êtes un habitué du genre, vous serez en terrain connu, mais je préfère prévenir, le jeu est plutôt complexe sur les premières parties. Il demande deux ou trois tours de chauffe (de parfois plusieurs heures) avant de correctement s’adapter à la gestion des ressources et l’importance de séparer les clans qui ne s’entendent. Pour ça, il faudra explorer constamment afin de trouver des endroits propices à la migration. Sur ce dernier point, il dépend énormément de la tour de radio, obligatoire pour démarrer correctement sa partie. Avec elle, vous pourrez trouver des ressources rares, des points de connaissance ou d’expérience mais aussi des survivants, votre seul moyen d’augmenter votre production de travail (mais aussi d’augmenter le nombre de bouches à nourrir). C’est une étrangeté de Floodland, les gens ne se reproduisent pas, même quand tout va bien.

Macron Explosion !

Une fois l’exploration commencée, vous vous frotterez à un autre problème de taille : les maladies. Les vieilles pestes et autres grippes sont encore présentes sur ces terres abandonnées et, que ce soit lors d’exploration de vieux bâtiments ou en acceptant des étrangers, les moments de crises sanitaires dignes de 2020 pourront être fréquents. Il faut savoir se préparer à isoler les gens dans des hôpitaux adaptés, si possible avec des médicaments, mais aussi imposer des lois temporaires de distanciation sociale ou de port du masque. On sent que les évènements des trois dernières années ont inspiré cet aspect du jeu et ces décisions ne plairont pas à tout le monde, cela créera de la discorde. Le jeu ne manquera pas de vous marquer les clans qui apprécieront (ou non) une décision, et chacun d’entre eux ne boudera pas son plaisir de vous donner leurs opinions. Plus celui-ci est mauvais, moins vous gagnerez de l’influence, ressource nécessaire pour voter d’autres lois et faire évoluer socialement votre tribu.

Comme tout jeux de gestion se mêlant avec de la survie, il peut être assez intimidant, et il m’est arrivé de rage quit après une partie de cinq heures parce que je n’ai pas bien prévu mes augmentations technologiques ou qu’une loi fasse complètement éclater ma communauté. Il est loin d’être tendre et il se prend souvent les pieds dans le tapis quand il s’agit d’afficher des informations claires tant au niveau de la barre de ressource interminable ou des récurrentes notifications qui inondent votre coin droit supérieur et vos oreilles. Mais, dans la majorité du temps, j’assume de devoir apprendre de mes erreurs, quitte à subir un naufrage long et douloureux de ma colonie. Si jamais le jeu vous semble trop punitif, plusieurs paramètres de difficulté sont prévus, de quoi éviter la frustration d’un plafond de verre incassable et que le titre vous tombe des mains. Car, je peux vous assurer qu’une fois que vous êtes dans le jus, Floodland compresse le temps. Il vous occupera constamment, à aller d’une crise à l’autre sans jamais être « dans l’urgence », retirant le stress que pouvait parfois me provoquer Frostpunk, quand tout fout le camp. Cependant, les différents évènements sont rarement résolus de manière instantanée, ils demanderont souvent d’ajuster quelques paramètres avant de porter ses fruits sur les jours à venir. Il est parfois difficile de savoir si notre décision était la bonne sur l’instant.

Floodland a tout ce qu’il faut pour être une nouvelle référence du genre. Sa gestion politique surpasse la majorité de ses concurrents et lui permet d’avoir la sensation de mettre en place une vraie nouvelle société post-apocalyptique, avec autres choses que des non-choix. Ce n’est évidemment pas une mince affaire et le jeu nous le rappelle régulièrement en nous faisant payer des erreurs parfois plusieurs heures plus tard. Mais une fois ce baptême du feu passé, il devient ce jeu enivrant, qui nous embarque dans de longues sessions dont on aimerait qu’elles ne se finissent jamais.

WHAT THE BAT?

Vivre avec des battes à la place des mains

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