Critique

IXION

Howler
Publié le 21 janvier 2023

Développeur

Bulwark Studios

Éditeur

Kasedo Games

Date de Sortie

7 décembre 2022

Prix de lancement

34,99€

Testé sur

PC

Devinez quoi ? On va parler d’un autre jeu de gestion mélangé avec de la survie. Quelques semaine après Floodland, j’ai quitté les terres inondées pour me propulser à la tête d’une station spatiale créée pour l’exploration galactique. À l’origine du projet, on retrouve les Angoumoisins de Bulwark studios, des p’tits gars qu’on apprécie revoir après le très sympathique Warhammer 40K : Mechanicus, surtout avec un certain Guillaume David sur la bande-son, nouveau petit prince des nappes de synthés (Spoiler Alert : la BO d’Ixion est incroyable).

Roller Coaster Tiqqun

On se retrouve dans une timeline pas si différente de la nôtre, où la planète se dégrade et a atteint le stade de non-retour. Il y a donc un besoin urgent de trouver une exo-planète et d’en faire notre nouveau foyer, un scénario qui rappel un paquet d’œuvres de différents médiums et aussi un certain Mass Effect Andromeda (ma cicatrice me gratte). Sous l’égide de Dolos, une entreprise dirigée par un subtile mélange entre Elon Musk et Steve Job (le fleuron de l’Humanité), il faudra prendre en charge cette station répondant au doux nom de Tiqqun. Après un nettoyage de printemps bien mérité à l’intérieur, la station pourra se mettre en route et doit devenir auto-suffisante pour de longs trajets spatiaux. Pour faire écho à Frostpunk (oui, encore lui), la station prend la forme d’un torus séparé en 6 secteurs, qui se rejoignent d’un bout à l’autre. Celui-ci tourne sur lui-même et fait passer le temps au sein de la station via des cycles de rotation, principe similaire à celui de Citizen Sleeper, par exemple (promis, on va se détendre sur les références).

À cette dose d’odyssée spatiale, vous pouvez aussi rajouter une lampée de cinéma catastrophe, car une fois la mise en route de votre station, les choses vont se gâter. Au moment du premier saut du Tiqqun, son réacteur détruit la Lune et les espoirs de survie pour les habitants de la Terre avec. Pendant ce temps, votre station, qui devait normalement se déplacer en direction d’une nouvelle destination, n’a pas bougé dans l’espace mais dans le futur. Vous voilà livré à vous-même, avec vos quelques centaines d’habitants dans la station dont le moral est au fond des chaussettes en apprenant qu’ils sont seuls, sans foyer ni famille. C’est une variable centrale dans votre aventure, la déprime de votre population va varier en fonction des conditions de travail, des logements et surtout, de cette peur constante d’errer dans l’espace sans foyer définitif. Et on préfère vous prévenir, il panique pour la moindre perte d’énergie dans la station, même d’une demi-seconde, voyez à ne pas trop les brusquer. Les différentes étapes de votre enquête vous emmèneront vers les profondeurs galactiques afin de trouver un nouveau foyer mais aussi de nouveaux humains, souvent cryogénisés, afin de repeupler la race humaine.

Tiqqungunya

Je vais vous épargner les routines classiques instaurées depuis longtemps par les Survival Builders et parler plutôt du rythme effréné que va vous imposer Ixion. Outre la recherche continue de ressources (jusqu’à épuisement) dans les différents systèmes solaires, exécutée au travers d’un mini-jeu de sonde rappelant nos meilleures heures sur Mass Effect 2, il y aussi une enquête poussée pour trouver des informations, des ressources vitale et de la technologie. Si vous souhaitez survivre à cette aventure, il faudra aussi faire évoluer le Tiqqun : panneaux solaires, usine de production de matières premières et de nourriture, recyclage de déchets, production d’eau et contrôle diplomatique de la population etc. Tout doit être revu à la hausse et prêt à l’inconnu avant chaque bond spatial, surtout que l’intégrité de votre coque va subir de lourds dommages à chaque fois et devra être réparée (ce qui demandera souvent une quantité ahurissante de fer).

C’est d’ailleurs avec votre première visite d’un nouveau système solaire que votre calvaire commencera, car, soyons clairs, même si j’adore le jeu, il a un gigantesque problème d’équilibrage. Les développeurs ont bien parlé d’une volonté de rendre le jeu difficile, mais ces exigences empêchent le joueur de faire un peu comme il veut. Il y a d’ailleurs ce cinquième cercle de l’enfer qui arrive fréquemment dans les parties : il vous faut du fer pour faire de l’acier afin de réparer la coque en continu. Mais celle-ci ne se réparera pas s’il y a un accident de travail ou des grèves, qui sont souvent provoqués par le manque de main d’œuvre ou de nourriture. Nourriture qui, pour être produite efficacement, demandera une technologie avancée, sinon elle va occuper tout un secteur entier, et vu que vous avez besoin de main d’œuvre, il faut beaucoup plus de nourriture etc. Vous voyez le topo, si vous ne faites pas des évolutions méticuleuses, en choisissant les bonnes améliorations dans l’arbre de compétences afin d’être sûr de pouvoir nourrir et accueillir tout le monde, votre station spatiale court à sa perte et vous êtes bon pour recommencer le chapitre (voire la partie, le soft lock arrive très facilement). Mais ne prenez pas trop votre temps non plus, sinon vos habitants auront un malus de moral, vu qu’apparemment, le jeu était trop facile sinon. Il m’a fallu 35h de jeu avant de pouvoir dépasser le 2ème chapitre, et franchement, ce n’est pas « normal », même dans cette catégorie de jeu. Les développeurs ont fait un post Reddit à ce sujet, précisant que dans le futur, ils aimeraient proposer des options de difficulté. Reste à savoir si ce futur est proche ou non, l’équipe reste plutôt restreinte pour tout le travail à abattre.

Et cette difficulté, elle frustre, parce qu’Ixion est passionnant. Il nous donne tout ce qu’il faut pour un voyage galactique avec la même saveur des grands pontes de la Hard Sci-Fi tout en évitant les problèmes de non-choix qui étaient présents dans d’autres jeux du genre. La difficulté est bien trop présente, mais quand ça clique et qu’on trouve la bonne croisière d’amélioration, il est difficile de ne pas s’arrêter d’explorer en boucle les systèmes, à trouver un nouveau foyer et des traces de civilisation, à améliorer et optimiser au maximum notre station spatiale et à essayer de faire au mieux pour nos petits humains en mal du pays. Il y a toujours quelque chose à faire, on s’ennuie rarement et il arrive qu’un clignement d’œil se transforme en une ellipse de 5h40. Et puis cette musique bon sang.

Il avait toute les chances d’apparaitre dans notre colonne de sélections GSS, il était l’élu, mais malheureusement, Ixion n’en fera pas partie, du moins pas tout de suite. Il est brillant, plein de bonnes idées, chronophage à souhait, délicat à l’œil et à l’oreille, mais il se fait un auto-croche-patte en proposant une difficulté mal dosée, avec des demandes de ressources hallucinantes et des potards de défaites bien trop sensibles. Dans l’état, il nous est difficile de vous conseiller Ixion et on vous préviendra le jour où Bulwark aura rééquilibré le tout.

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