Un RPG unique, mais trop dispersé
Critique
DREDGE
Développeur
Black Salt Games
Éditeur
Team17
Date de Sortie
30 mars 2023
Prix de lancement
24,99€
Testé sur
PC
Sorti un peu de nulle part, sauf peut-être pour les plus braves d’entre nous écumant les fonds abyssaux des festivals de démos Steam, DREDGE est parvenu à nous allécher avec ses captures d’écran particulièrement belles, de la pêche (l’activité, pas le fruit), la promesse d’exploration et de l’horreur lovecraftienne. Un jeu qui avait tout de la bonne prise.
J'ai sorti la grande Moelle
Alors que vous entrepreniez un voyage vers la Grande Moelle pour répondre à une annonce d’emploi pour un poste de pêcheur, vous réalisez une arrivée fracassante, littéralement, votre embarcation finissant en miettes sur les rochers côtiers de la ville. Votre bateau détruit, on vous en vendra un, il vous suffira de pêcher et vendre suffisamment de poissons pour rembourser votre dette… et nourrir les habitants du coin au passage. C’est après cette rapide introduction que vous êtes lâché dans le monde merveilleux de DREDGE, directement aux commandes de votre nouveau bateau. Vous dirigez en effet un petit navire de pêche au travers d’un monde ouvert séparé en différents biomes possédant chacun sa flore et faune, mais aussi ses secrets et mystères.
Enfin, rassurez-vous, vous ne serez pas lâché directement dans des eaux troubles à la merci des éléments ou du premier prédateur marin venu. La zone de départ est au contraire parfaitement calibrée pour vous permettre de trouver vos marques et de mieux comprendre les différents principes et possibilités du jeu, même s’il est tout à fait possible, mais peu conseillé, de partir directement à l’aventure pour explorer ce qui se trouve à l’horizon. Les premières heures de jeu vous permettent en effet d’apprendre l’art de la pêche, à base de mini-jeux d’adresse jamais frustrants et qui se présentent sous différentes variantes afin de se renouveler. Une fois le poisson attrapé, il faudra alors le stocker dans votre cale, servant d’inventaire, composée d’un nombre de cases défini, où chaque espèce attrapée aura une forme différente. Il vous faudra donc rapidement apprendre à faire de la gestion d’inventaire et à optimiser les formes et l’espace pour ramener un maximum de trouvailles à bon port. Une expérience en Tetris, voire en Résident Evil (ou le jeu Save Room inspiré des inventaires de la série) vous sera utile ici.
« Aller, encore une journée et j'arrête »
En plus de la pêche, vous pourrez également vous adonner à la drague. Non rien à voir avec une quelconque application de rencontre, mais le fait de racler les fonds marins, notamment pour remonter à la surface des trésors perdus d’une épave ou encore des matières premières, qui elles vous serviront à améliorer votre navire.
Et c’est là la principale boucle de gameplay de DREGE, partir en mer, pêcher et récupérer des matières premières, et vous servir de toutes ces ressources pour améliorer votre navire en augmentant sa vitesse, son éclairage, sa capacité de stockage, mais aussi en obtenant de nouvelles cannes à pêche, paniers de crabes ou filets, vous permettant non seulement de pêcher plus vite, mais surtout d’avoir accès à la pêche dans différents environnements, des côtes à l’océan en poussant même jusqu’aux profondeurs abyssales. Vous pourrez ainsi découvrir de nouvelles espèces de poissons et autres espèces marines afin de compléter votre Pokédex… euh votre encyclopédie. Seul regret peut être, la gestion des Trophées, qui correspondent à une prise particulièrement exceptionnelle pour une espèce donnée, et qu’on aimerait pouvoir conserver voir afficher quelque part. En l’état c’est impossible et en les conservant ils finissent par rapidement pourrir. La réussite principale de cette boucle de gameplay réside cependant dans le sentiment constant d’amélioration. Tout devient, étape par étape, plus efficace, plus rapide et plus facile. Ce qui fait que plus on avance dans le jeu, moins les contraintes de départ se font sentir, comme la lenteur du navire ou le besoin d’argent, et plus on peut se concentrer facilement sur des tâches différentes, telles que l’exploration ou la recherche d’espèces en particulier.
Carpe et Diem
Mais attention à bien planifier ses expéditions pour être de retour à proximité d’un port avant la fin de journée. En effet, à la nuit tombante, un épais brouillard s’abat sur la région, jouant des tours à votre santé mentale, et faisant apparaitre toutes sortes de dangers. Le jeu revendique en effet un côté Lovecraftien, mais la team frousse peut se rassurer, on est très loin d’un jeu d’horreur, mais plus d’ambiance horrifique qui peut être par moment un peu oppressante mais jamais plus.
Dans tous les cas il se passe clairement quelque chose de louche dans les environs, vous trouverez même des versions horrifiques, ou abominations, pour chaque espèce qui viendront compléter elles aussi votre encyclopédie. Certaines espèces ne sont d’ailleurs trouvables que la nuit, et il vous faudra donc vous y aventurer pour les dénicher. En parlant d’étrange et de mysticisme vous débloquerez d’ailleurs quelques pouvoirs peu naturels qui pourront bien vous être utiles au cours de vos aventures. Autre aspect de gameplay, le passage du temps en jeu se fait uniquement lorsqu’une action est effectuée (le mouvement, la pêche…), et ne s’écoule donc pas lors que l’on est immobile. Un peu à la SUPERHOT, bon la comparaison s’arrête là ceci-dit. L’avantage principal de la mécanique reste qu’elle vous permet d’admirer les alentours à votre guise sans pression de temps. Oui parce que je vous l’ai dit non ? Mais DREDGE est magnifique. C’est assez impressionnant pour un jeu qui pèse moins de 700 Mo. Préparez votre raccourci à screenshot.
En plus de la partie exploration libre, vous aurez également l’occasion de discuter avec quelques PNJ, ce qui vous en apprendra plus sur la région, et vous permettra d’obtenir des quêtes secondaires qui vous récompenseront de quelques ressources supplémentaires, de livres pour améliorer vos stats de façon permanente, voire carrément d’équipements spécifiques. Mais surtout ces quêtes vous donnent des raisons supplémentaires d’explorer encore plus le superbe monde de DREDGE, même si nous n’avions pas vraiment besoin de plus de motivation à ce stade. Dans tous les cas on n’est jamais perdu dans les objectifs grâce au journal de quêtes, et l’on peut rediscuter avec les PNJ pour qu’ils vous redonnent la marche à suivre. On retiendra donc que DREDGE est un jeu qui sait nous happer. Sa boucle de gameplay est maitrisée, et est suffisamment courte pour que l’on veuille constamment relancer une journée supplémentaire, d’autant que vous aurez constamment des choses à y faire. Que ça soit des quêtes données par le jeu, des nouveaux poissons à découvrir, des épaves à inspecter, ou tout simplement la curiosité d’aller naviguer vers cette île au loin, cachée dans le brouillard.
DREDGE réussit à rendre sa boucle de gameplay plaisante et addictive. On tombe rapidement dans le syndrome du « aller encore une journée » pour finalement rester une ou deux heures de plus. L’exploration de son monde est un véritable plaisir, et les quêtes et améliorations de votre navire vous donnent un constant sentiment de progression, et vous facilite également la tâche rendant ainsi le jeu jamais frustrant. Au contraire il vient constamment vous récompenser, que ce soit par de nouveaux paysages, de nouvelles découvertes, de nouveaux poissons pour votre encyclopédie, ou d’autres améliorations. Une réussite quasi-totale, et on se mettrait presque à rêver d’une suite, sous-marine cette fois.
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