Critique

Miasma Chronicles

CactusSinger
Publié le 11 juillet 2023
Miasma Chronicles

Développeur

The Bearded Ladies

Éditeur

505 Games

Date de Sortie

23 mai 2023

Prix de lancement

49,99€

Testé sur

PC

Après le sympathique Mutant Year Zero: Road To Eden en 2018, mixant jeu tactique à la XCOM, infiltration et exploration, The Bearded Ladies tente une nouvelle fois l’expérience avec Miasma Chronicles, reprenant la formule quasi à l’identique, mais se voulant plus ambitieux que son prédécesseur. 

XCOM: Post-apocalyptique

Dès la première scène, vous serez confronté au monde étrange de Miasma Chronicles. Une force étrange, le Miasma, représentée par des particules quasi fongiques, semble avoir ravagé le monde connu, plongeant les États-Unis dans une ère post-apocalyptique. On y retrouve Elvis, le personnage principal, accompagné de son sidekick robot doué de parole, échouant dans une énième tentative de détruire, à l’aide d’un gant mystérieux, le mur de Miasma le séparant de sa mère depuis bien longtemps. Si les univers post-apocalyptiques ne sont plus vraiment originaux en soi, celui de Miasma Chronicles l’est toutefois dans sa proposition visuelle, notamment dû au Miasma omniprésent à l’écran. Le jeu est d’ailleurs très agréable graphiquement parlant, principalement grâce aux particules de Miasma flottant dans l’air ou recouvrant l’environnement, et aux effets de lumières se reflétant sur lui. On restera un peu plus partagé cependant au niveau de la DA des personnages, assez inégale. The Bearded Ladies ont également fait le choix d’utiliser de très belles illustrations dans certaines scènes cinématiques non réalisées avec le moteur du jeu.

Miasma Chronicles reprend peu ou prou le gameplay de Mutant Year Zero. On retrouve des combats au tour par tour classiques, mais efficaces, avec un système à la XCOM, comprenez 2 points d’actions, un pour le mouvement et un pour une action (attaquer, utiliser une compétence ou un consommable), et la possibilité de sacrifier votre action pour vous déplacer plus loin. Chaque personnage jouable possède différentes habilités qui sont déblocables en montant de niveau. On retrouve le classique overwatch où votre personnage pourra surveiller une zone et tirer sur tous les ennemis s’y déplaçant, ou la possibilité d’utiliser des attaques spéciales infligeant différents statuts à l’adversaire (acide, feu, stun…). Des habilités qui devront être utilisées à bon escient vu qu’elles possèdent toutes un cooldown. Certains personnages ont également accès à des pouvoirs spécifiques venant du Miasma, sortes de pouvoirs magiques tels que la possibilité d’invoquer des éclairs, ou encore une mini-tornade qui pourra vous permettre de faire sortir un adversaire de sa cachette par exemple. Car oui, bien évidemment, vous aurez la possibilité de vous planquer derrière différents obstacles pour gagner une demi-couverture ou couverture complète afin d’augmenter vos chances d’éviter les balles ennemies. Vous connaissez la chanson maintenant, il faudra faire une utilisation tactique de votre positionnement, et contourner vos ennemis pour vous assurer que chaque tir compte.

Seul contre tous

Les phases d’exploration, elles, vous permettront de fouiller les différentes zones fermées découpant le monde du jeu pour y trouver diverses ressources, armes, consommables ou même du plastique, la devise locale. Vous y rencontrerez également différents types d’ennemis prêts à en découdre s’ils vous repèrent. Il est néanmoins possible de se déplacer de façon discrète afin de positionner les membres de son équipe à différents points stratégiques, donnant alors un avantage tactique lors des escarmouches. Déclencher ainsi le combat est souvent le moyen idéal d’éliminer au moins un adversaire dès le début des hostilités. Vous aurez de plus la possibilité de débloquer des armes silencieuses après avoir trouvé votre premier compagnon, ce qui vous permettra d’éliminer les adversaires un par un afin de réduire le nombre d’ennemis et de tourner la situation à votre avantage. Notez cependant qu’il ne s’agit pas d’élimination directe, il faudra réduire la vie de la cible à zéro de la même manière qu’en combat classique, à la différence près que toute utilisation d’une arme non silencieuse viendra attirer l’attention de ses petits copains. Il faudra alors bien choisir quelle compétence utiliser et jouer sur la chance de coup critique pour réduire sa cible au silence en un tour. Bien évidemment, tuer un ennemi dans la ligne de mire d’un autre déclenchera l’alarme. Il faut alors veiller à bien choisir ses cibles, ou faire usage de distractions, comme lancer une bouteille, pour les isoler du reste.

Réduire le nombre d’adversaires ne sera pas superflu tellement le jeu vous place constamment en infériorité numérique face à des ennemis plutôt robustes. Le soft semble de ce fait bâti exclusivement autour de cette boucle de gameplay, et il est difficile d’envisager de se passer de l’infiltration pour privilégier une approche exclusivement agressive, ce qui peut être un problème rédhibitoire pour les joueurs recherchant un jeu de combat tactique uniquement. D’autant que l’équilibrage du jeu est loin d’être parfait. Pour améliorer vos chances en combat, vous pouvez équiper de nouvelles armes, achetables en ville ou à récupérer lors des phases d’exploration, des mods d’amélioration pour les rendre plus efficaces, ou encore des consommables (kits de soin, grenades…). Mais, comme il est impossible de se soigner automatiquement en ville, vous devrez utiliser une bonne partie de votre argent pour conserver vos stocks de soin, vous poussant d’autant plus à prendre le moins de risques possible et éliminer le plus d’adversaires silencieusement avant le combat. Si cette orientation forcée vers une phase d’infiltration préalable au combat risque d’en décevoir certains, la boucle de gameplay elle-même reste plutôt plaisante pour ceux appréciant ce type de proposition. Même si elle devient un peu répétitive après plusieurs heures. 

Une écriture peu inspirée

Finalement, outre l’orientation choisie, et l’équilibrage un peu aux fraises, c’est plus au niveau de l’écriture que l’on retrouve à dire. Miasma Chronicles nous fait le coup du héros prédestiné à sauver le monde… pardon l’Amérique, même s’il tente d’y placer quelques rebondissements. L’histoire n’est en soi pas très originale ni passionnante. L’univers du jeu est lui en revanche un peu plus intéressant. Le vrai problème se trouve plus dans l’écriture en elle-même, notamment celle des personnages et celle des dialogues qui sont dans l’ensemble peu crédibles, voire à certains moments ridicules, rendant la plupart des personnages inintéressants. On peine à s’attacher à ceux-ci. Mention spéciale au personnage principal et à sa crise d’adolescence, terriblement caricaturale, qui réussit en plus l’exploit d’être de plus en plus détestable au fur et à mesure que l’histoire progresse. Le tout n’est pas non plus aidé par le ton très sur-joué des doublages, qui sont parfois à la limite du gênant. On pense principalement à Elvis, mais aussi à Diggs, son frère robotique, dont le doublage rappelle les meilleurs comic-relief des films d’action des années 80/90… 

On attendait peut-être trop de ce Miasma Chronicles, au vu de son ambition affichée et de son positionnement tarifaire… pour le moins ambitieux lui aussi. S’il possède pourtant de bonnes qualités, comme son gameplay agréable avec ses nombreuses possibilités tactiques, ou son univers et esthétisme, il est cependant tiré vers le bas par bon nombre de défauts, avec en tête de liste son écriture assez compliquée et caricaturale, ou son équilibrage. Il n’empêche que si l’on apprécie la proposition de game design et ses passages d’infiltration quasi obligatoires, on passera malgré tout un agréable moment en sa compagnie. Les amateurs de tactique pure risquent, quant à eux, de déchanter assez vite.  

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