Critique

Worldless

Nyam Hazz
Publié le 2 décembre 2023
Worldless

Développeur

Noname Studios

Éditeur

Coatsink, Thunderful

Date de Sortie

20 novembre 2023

Prix de lancement

19,99 €

Testé sur

PC

Premier titre des barcelonais de Noname Studios, Worldless est un jeu d’aventure en 2D à la Metroidvania qui mêle plateformes et combats au tour par tour dans un style graphique épuré qui sait attirer l’œil. Et le moins que l’on puisse dire est que c’est plutôt prometteur comme première proposition.

Comme deux aimants

Décrire la trame scénaristique mystérieuse et enchanteresse de Worldless est sans doute le plus difficile. Noname a en effet opté pour laisser en grande partie le joueur se faire sa propre interprétation des évènements qui se déroulent devant ses yeux. Tout commence avec quelque chose comme deux galaxies frontalières où ce que l’on peut interpréter comme une pluie croissante d’étoiles, bleues d’un côté et rouges de l’autre, qui vont chacune à l’encontre de leurs voisines, pour se terminer en un choc explosif lors du contact. Et c’est dans la « peau » d’une de ces étoiles bleues que se déroule notre aventure. Cette dernière constitue la tête de notre personnage qui, autour d’un point central symbolisant le corps, dispose également de points pour les mains, de deux cônes pour les pieds et… d’une écharpe ? Il peut aussi dégainer une épée et un bouclier lorsqu’il croise un ennemi.

Nous sommes donc face à ce qui ressort comme une guerre éternelle entre deux entités que tout attire et repousse à la fois, à l’image des deux faces d’un aimant. En cas de victoire, lors d’un affrontement, il est d’ailleurs possible d’absorber l’adversaire. Mais en cas d’échec, on se retrouve projeté loin de lui comme par une répulsion insurmontable. Outre les antagonistes de toujours, d’autres êtres filiformes, dans un style Monsieur Bâton, croisent aussi notre chemin et tentent de nous comprendre, de nous raisonner et de mettre fin à notre quête. Mais quelle est véritablement cette quête ? Avancer à travers une carte à plusieurs niveaux, présentée sous forme d’une constellation, afin de trouver divers adversaires à affronter et à assimiler pour obtenir ensuite de nouvelles compétences, mais dans quel but ?

Sortez vos manettes

Si cette narration assez avare en explications et qui laisse libre cours à l’imagination pourra laisser certains joueurs perplexes, le reste devrait en revanche les séduire. Pour commencer, l’esthétique visuelle au style artistique minimaliste est tout à fait réussie. Avec ses couleurs flashy, le tout dessiné à la main, elle n’est pas sans rappeler des univers futuristes bien connus.  C’est simple, mais efficace. La bande son sait également nous bercer dans le bon sens du mur avec une musique aérienne assez ensorcelante. Mais ce n’est pas tout, le level design fait de plus preuve de pas mal de créativité avec des zones parfois complexes à explorer et des systèmes de déplacement qui se renouvellent sans cesse pour redonner un coup de fouet au gameplay (sauts, strafe horizontal ou vertical pour atteindre des zones plus lointaines, plateformes à activer, exploitation des murs, accélérateurs permettant d’aller plus loin ou plus haut en rebondissant dessus ou en passant à travers…).

La partie exploration, en scrolling 2D, est clairement agréable, même si se repérer n’est pas toujours aisé et qu’exploiter correctement l’environnement, tout particulièrement les « moulins-catapultes », ne fonctionne pas à tous les coups. Notons d’ailleurs ici que l’utilisation d’une manette est plus que vivement conseillée (Dual Sense, Xbox ou autre). Outre rejoindre les nœuds de la carte où se trouvent des adversaires à assimiler, vous avez aussi des objets à récolter qui vous encouragent à bien tout fouiller et à chercher à dénicher des lieux cachés ou à en atteindre d’autres qui peuvent paraître inaccessibles. Il peut s’agir de restes d’anciens combattants qui permettent d’accroître la barre de vie de votre personnage, ou encore de petites lumières fuyantes vous invitant à les suivre en mettant à profit vos capacités pour ne pas vous faire semer, faute de quoi il vous faudra reprendre la poursuite au début. Vous disposez également d’un sonar capable d’activer ou de faire apparaître certains éléments.

Absorbera bien qui absorbera le dernier

Worldless se présente ainsi comme un mélange des genres puisque, au-delà de sa dimension de plateformer, c’est aussi un jeu de combat au tout par tour nécessitant à la fois de la stratégie et des réflexes. Le seul reproche que l’on peut lui faire réside une fois encore dans son absence d’explications, ce qui oblige à progresser selon un système d’essais et d’erreurs, tant dans l’exploration que dans les combats. Mais est-ce vraiment un défaut ? Cela impose en effet de bien étudier son environnement ou son adversaire afin de comprendre comment il fonctionne et pouvoir ainsi en tirer profit. C’est donc par l’observation des techniques de combat de vos rivaux que vous pouvez les vaincre, chacun ayant ses propres patterns et faiblesses à exploiter. Le principe est simple : chaque adversaire dispose d’un temps limité pour effectuer soit des attaques physiques, soit des attaques magiques. En défense, il s’agit de parer les coups en utilisant la protection apropriée (physique ou magique), si possible au dernier moment pour réaliser une garde parfaite et éviter ainsi de détériorer son bouclier. À l’inverse, si la garde est brisée, la résistance du bouclier diminue. Afin de savoir comment se défendre, un signal visuel (horizontal ou vertical) est donné un bref instant avant l’attaque.

Tout se passant en temps réel, cela oblige donc à faire preuve du bon timing pour être efficace. Mais en cas d’échec, si vos points de vie tombent à zéro, vous êtes repoussé et devez tout recommencer. L’objectif étant d’assimiler votre adversaire pour pouvoir faire évoluer vos compétences, il est essentiel de remplir le plus possible la jauge d’absorption. Une fois le niveau requis atteint, vous pouvez enclencher cette dernière qui demande de franchir 4 barrières de protection en appuyant sur le bon bouton. Mais plus la jauge sera pleine et mieux se sera, car il y aura alors d’autant plus de boutons d’indiqués. À défaut, il faudra rapidement spammer ces derniers pour trouver la bonne combinaison en un temps très réduit. Le problème est que subir les attaques peut aussi réduire cette jauge, il faut donc choisir le bon moment, entre attendre pour mieux la remplir ou l’utiliser avant que ce ne soit plus possible, pour lancer l’absorption. Et pour remplir au mieux la jauge, il faut chercher à briser la garde adverse et impérativement varier ses attaques, sachant qu’il existe divers combos et autres attaques spéciales qui se multiplieront en faisant évoluer vos capacités dans l’arbre de compétences. On peut notamment citer ici l’utilisation d’un arc, ou encore le recours à des attaques chargées.  Il y a donc pas mal de variété dans l’action et un certain challenge à relever.

Avec sa direction artistique minimaliste séduisante et sa bande son envoûtante, Worldless sait charmer le joueur. Certains trouveront sans doute son scénario un peu trop abstrait, voire l’apprentissage par essai-erreur peu engageant, mais son level design est soigné et sa proposition de gameplay, sachant régulièrement se renouveler, efficace. Entre jeu de plateforme, d’exploration et de combats au tour par tour, nécessitant à la fois de la stratégie et un bon timing, la proposition de Noname Studios joue sur plusieurs tableaux et elle le fait bien. Plutôt pas mal pour un premier jeu.

Toasterball

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