Critique

Expeditions : A MudRunner Game

Nyam Hazz
Publié le 15 juin 2024
Expeditions : A MudRunner Game

Développeur

Saber Interactive

Éditeur

Focus Entertainment

Date de Sortie

5 mars 2024

Prix de lancement

39,99 € (Steam) et 49,99 € (consoles)

Testé sur

PC

De projet confidentiel, quelque peu expérimental, MudRunner, le jeu de simulation de conduite d’énormes engins tout-terrain, a bien grandi depuis 2017. Face à son succès, il s’est tout d’abord étoffé, tout en restant réservé à un public de niche. Puis, en 2020, Saber Interactive a franchi le pas avec SnowRunner, en élargissant la cible, ce qui ne manqua pas de fonctionner. Présenté comme une proposition alternative venant compléter SnowRunner, Expeditions : A MudRunner Game poursuit dans cette voie. Une version VR de MudRunner, dont nous aurons l’occasion de reparler ici dans quelque temps, est également venue compléter l’offre fin mai 2024. Mais concentrons-nous pour l’instant sur Expeditions et direction l’Arizona.

Tout pour la science

Expeditions : A MudRunner Game nous place dans le cadre d’opérations scientifiques lancées sur des terres quelque peu inexplorées, à la recherche de trésors archéologiques et autres ruines oubliées. Mais nous passerons sur le scénario qui n’est qu’un prétexte pour enchaîner les expéditions. Nous commençons l’exploration de ces vastes étendues sauvages par de petites missions simples servant de tutoriel dans Little Colorado (5 pour être exact). Précisions que, par la suite, il sera toujours possible de revenir sur les informations explicatives de la conduite, des appareils, de l’environnement, du garage, etc, via l’encyclopédie mise à notre disposition. Une fois les bases assimilées, c’est l’écrasant soleil rouge de l’Arizona qui nous attend, avec notamment le Grand Canyon, mais aussi le désert de Sonara, la baie de Wahweap et la région un peu plus verdoyante de Cocorino. Direction aussi l’Europe Centrale pour les Carpates avec ses marécages, ses îlots, ses montagnes et son volcan. Ce sont ainsi quelque 80 missions qui sont proposées, auxquelles se rajoutent près de 150 tâches annexes et autres contrats à dégoter sur place, le tout réparti sur 32 km² d’environnement hostile, l’équivalent de SnowRunner à son lancement.

Le contenu d’Expeditions est donc plutôt conséquent, chaque mission pouvant nécessiter une vingtaine de minutes à plusieurs heures pour être mené à terme, ce à quoi il faut éventuellement rajouter les multiples tentatives en cas d’échec. Il vous faudra ainsi une centaine d’heures pour boucler les missions et encore plus si vous voulez tout accomplir. Comme son prédécesseur, le titre est généreux, mais il s’avère aussi légèrement répétitif. On parcourt en effet toujours les mêmes lieux, même si ceux-ci sont vastes et présentent une certaine variété, à bord de véhicules assez peu nombreux et bien peu variés. Ceci dit, comme ses prédécesseurs également, Expeditions proposera non seulement du contenu saisonnier payant, mais va bénéficier aussi d’un suivi régulier avec des mises à jour gratuites. Breaking Ground nous emmène ainsi depuis fin mai dans les grottes inexplorées de Kanab Creek (Arizona), à la découverte d’une ancienne civilisation (22 nouvelles missions, 2 nouveaux véhicules, un nouveau spécialiste mécanicien et l’arrivée de la collecte d’améthyste pour inciter à sillonner le moindre cm² de l’Arizona), avant de s’aventurer encore plus en profondeur par la suite. Et on attend bien entendu l’arrivée du mode coopération, disponible pour l’instant uniquement en mode bêta.

Sauf obligation de transport, on utilise ici surtout les petits 4×4. On a bien quelques camions lourds en plus des deux catégories de Scouts (légers et lourds), mais tous restent de taille modeste compte tenu des passages souvent étroits qu’il faut emprunter.  Et le choix se limite pour l’instant à une vingtaine de modèles, ce qui est déjà pas mal, mais sans grande différence non plus dans chaque catégorie. On ne retrouve donc pas ces énormes engins de MudRunner avec lesquels on partait jouer dans la boue. Même si elle est tout de même présente, cette dernière  n’est d’ailleurs pas particulièrement à l’honneur cette fois-ci, elle cède la place au sable et aux rochers. Il s’agit davantage de frôler le bord des précipices ou des crevasses et d’affronter des pentes abruptes, que ce soit en montée ou en descente. Le danger du retournement ou de l’embourbement reste omniprésent et le rythme est donc lent par nature, le passage en force n’étant clairement pas conseillé.

Arizona Dream

En confirmant son virage orienté arcade et grand public plutôt que simulation pure et dure, la licence MudRunner se retrouve plus accessible, mais les fans de la première heure penseront sans doute qu’elle a un peu perdu son âme. L’addiction est moins forte et le succès moins enivrant. Cela reste cependant un jeu tout à fait agréable, et le côté bac à sable est en partie conservé par le fait que l’on évolue en monde ouvert et que c’est donc à chacun de trouver sa voie, plusieurs solutions étant possibles. La liberté est tout de même restreinte par les missions qui ne se débloquent que progressivement, on doit donc suivre un certain ordre dans l’accomplissement de celles-ci. Mais Expeditions annonce la couleur clairement : il mise surtout sur l’exploration qui permet de compléter graduellement la carte. Les points d’intérêt (lieux de largage, camions abandonnés, missions secondaires, avant-poste…) sont, eux aussi, à découvrir avant d’être affichés. Le problème est que ce n’est pas toujours facile de savoir où se rendre ou encore comment faire pour valider certaines missions, ce qui peut amener à tourner un peu en rond, au risque de tomber en panne d’essence, et peut en décourager certains.

Du point de vue des objectifs à atteindre, on retrouve quelques livraisons de matériel, souvent pour achever des structures comme des ponts permettant de traverser des fleuves ou de créer un raccourci pour passer d’une montagne à une autre, mais il s’agira surtout de partir en repérage et de découvrir des sites de fouille avec, par exemple, des ossements de dinosaure, ou des ruines oubliées, ainsi que de retrouver des camions accidentés à ramener à la base ou une épave d’avion… La nouveauté demeure aussi dans la présence de gadgets bien (trop ?) pratiques. Il y a bien entendu toujours les jumelles pour repérer les points intéressants, mais aussi un drone qui peut partir étudier les environs à notre place dans une certaine limite quant à l’éloignement du camion. C’est tout particulièrement pratique pour les objectifs demandant de découvrir toute une zone à 100%. Les derniers pourcents peuvent d’ailleurs être bien galère à atteindre, faute d’indication claire sur la carte des parties manquantes.

Les lieux désertiques imposant une faible présence d’arbres où accrocher son treuil, des crochets que l’on peut planter dans le sol (non pierreux) se montrent particulièrement utiles pour franchir certains passages. Cela devient du coup un peu trop facile, mais, heureusement, leur nombre est limité et il faut donc les économiser pour les moments cruciaux. Mais celui qui rompt radicalement avec l’aspect simulation, c’est le vérin. Il permet en effet de replacer son camion sur ses roues lorsque celui-ci s’est renversé. L’option se limite à une certaine zone et oblige parfois à lâcher le camion d’un peu haut, faisant ainsi redouter les conséquences de l’atterrissage, mais cela reste totalement irréaliste et vient rendre les choses bien trop simples. Nous préférions quand il fallait envoyer un autre camion pour le secourir. Ce sera du coup uniquement le cas, la plupart du temps, pour le ravitaillement (carburant, pièces détachées, vérin, crochets…) et on se contente donc trop souvent d’un seul camion par mission. Les techniques de conduite demeurent toutefois présentes, comme le blocage différentiel ou la traction intégrale à activer lorsqu’ils sont disponibles pour les passages délicats, ou encore la boîte manuelle pour plus de finesse, mais attention à la consommation de carburant accrue, tout comme lorsque l’on réduit la pression des pneus pour plus d’adhérence, mais avec aussi plus de risque de surchauffe. Chaque passage difficile franchi demeure donc une petite victoire gratifiante.

Au bord du précipice

Il y a également tout un tas d’activités proposées à côté de la conduite, comme des phases d’analyse de zone à l’aide du drone, des prises de vue avec l’appareil photo en zoomant et en réglant correctement le focus, et bien sûr dresser et faire évoluer son camp avec diverses structures permettant par exemple de fabriquer ou de stocker de l’équipement. Celui-ci doit en effet être acheté au départ avant de lancer la mission, mais, une fois consommé, il reste la solution de recourir à ce stratagème pour se ravitailler, à moins de trouver des points de largage proposant diverses choses et en particulier du carburant pour éviter de se retrouver à sec. Parmi les gadgets high-tech, en dehors du drone et des jumelles, on peut d’ailleurs s’équiper d’un détecteur de métal pour trouver plus facilement les caches. Un écho sondeur permet également de tester la profondeur de l’eau avant de s’y engager afin d’éviter les mauvaises surprises. Encore une aide non négligeable pour ne pas se retrouver coincé. Le garage est le lieu dédié à l’équipement des camions et à leur customisation (peinture, autocollants, pare-buffle, jantes…) comme à leur amélioration avec plus de 200 éléments dans cinq catégories : moteur, boîte de vitesse, suspensions, pneus et treuil.

Il nous reste encore à parler des spécialistes que vous pouvez recruter dans votre équipe dans 6 domaines : mécaniciens, logisticiens, hydrologues, jaegers, opérateurs et managers. Cela représente un coût, mais procure divers bonus, comme un plus large rayon d’action des gadgets, plus de résistance des camions, plus de profits à la clé… À chaque début de mission, qui précise ses exigences, son niveau de difficulté (facile, normal, difficile ou très difficile), le type de camion nécessaire, la distance à parcourir et les conditions de terrain, on peut choisir une équipe de 3 spécialistes, ainsi que 4 camions à déployer ensuite sur la base ou dans les avant-postes de son choix. À vous ensuite de mener à bien votre mission qui s’achève par diverses statistiques et des récompenses dépendant de vos performances (durée, dégâts subis, nombre de retournements…). En cours d’opération, il est possible d’accélérer le temps pour éviter d’attendre un événement ou simplement passer la nuit qui complique les choses en termes de visibilité. À la fin, vous pouvez directement rentrer au QG ou poursuivre en exploration libre afin de compléter les missions secondaires et les contrats du coin, ou en découvrir d’autres.

Et, grâce au moteur Havok, le voyage est agréable. Que ce soit dans le désert aride, les forêts accidentées ou les pentes raides, on bénéficie de superbes environnements, même s’il y a parfois un peu de clipping. Techniquement, malgré quelques crashs, le titre tourne correctement. Le moteur physique du jeu a déjà fait ses preuves, surtout dans la boue et dans la neige, et il n’y a donc rien à redire, si ce n’est de drôles de petits sauts parfois peu réalistes sur les rochers, ainsi que des réactions bizarres avec les cactus ou les branches des arbres. Précisons ici que les dégâts subis sont apparents et que cela influe sur les performances de nos engins, comme sur le bruit qu’ils émettent. Les bruitages des moteurs comme de la nature environnante (oiseaux, grenouilles…) sont d’ailleurs efficaces et la musique d’ambiance qui nous accompagne, bien que forcément un peu répétitive, sait se faire discrète. Que ce soit au clavier souris, à la manette avec quelques vibrations, ou équipé d’un volant, la vue cockpit, bien que plus réaliste, reste délicate à maîtriser, d’autant qu’en vue extérieure, on peut aisément manipuler la caméra pour avoir le meilleur angle possible. On regrette toutefois son repositionnement automatique qui empêche de conserver ses réglages sur la durée.

Expeditions : A MudRunner Game poursuit ce que SnowRunner avait initié, à savoir une approche plus grand public. L’arrivée de certains gadgets (drone pour explorer la zone, crochet pour bénéficier de points d’accroche, et surtout vérin pour repositionner le camion…) facilite ainsi clairement la tâche, éloignant quelque peu le jeu de ses racines, malgré ce que laisse penser le titre. Il n’en demeure pas moins une proposition intéressante, bien qu’un peu répétitive, avec de très beaux environnements et toujours des éléments de simulation de conduite à la clé et un moteur physique qui fait référence en la matière. Il faut également savoir qu’il ne s’agit pas là d’une suite de SnowRunner, mais d’une proposition alternative davantage tournée vers l’exploration que vers la livraison de marchandises. Les deux softs vont donc coexister, chacun bénéficiant bien entendu d’un suivi régulier avec du contenu saisonnier payant comme de mises à jour gratuites venant étoffer une offre initiale déjà conséquente, même si l’on aurait apprécié un peu plus de variété, notamment dans les véhicules.

Indika

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