Drive to Hell

Il y a des moments où je déteste mon humble tâche de rédacteur. Des moments où je n’ai tout simplement pas envie de proposer le test d’un jeu car je me dois d’être honnête à son sujet. Ce n’est pas par flemme ou manque de volonté ne vous méprenez pas… Mais Drive to Hell est le cas typique du jeu qui me rend triste.

Une journée en enfer

Pourtant le soft de Ghost Crab Games partait bien. Vraiment. Des bolides rutilants façon années 80, des guitares électriques dans la bande-son… et puis c’est un shoot’them’up ! Un genre que j’affectionne particulièrement. Petit point sur le genre. Il y a grossièrement deux sortes de shmups : les manic shooter et… les autres. Le premier l’écran va souvent se remplir de centaines de boulettes colorées, au joueur alors de se déplacer au pixel près pour tout esquiver. Les ennemis apparaissent toujours de la même façon et reproduisent le même schéma de “tirs” (on parle ici de patterns) qu’il faudra apprendre par coeur pour faire péter les high score. Le vaisseau/personnage/truc-qui-tire contrôlé par le joueur est doté d’une hitbox minuscule permettant d’éviter tout ça sans dommages. Au rang des références on peut citer DoDonPachi ou Deathsmiles plus récemment. Dans le second sous-genre il y a le reste. Les shoot requérant un peu moins de précision mais pouvant être tout aussi difficiles (les bases restant les mêmes).

Drive to Hell joue dans la seconde catégorie. J’ai beau tout faire pour essayer de l’aimer… Je n’y arrive pas. La partie graphique oscille entre le sympathique (certains ennemis) et le très moyen (les décors). Le gameplay est lent, presque soporiphique. Il n’y a guère que la partie musicale qui s’en sort avec les honneurs car quelques morceaux m’ont semblé bien travaillés et globalement plutôt rock’n’roll. C’est vraiment dommage car il y a un énorme décalage qui s’opère entre l’ambiance choisie par les développeurs (les 80’s) et le gameplay qui manque cruellement de folie. Ça aurait pu être Starsky et Hutch roulant à toute blinde vers les enfers mais on se retrouve avec Micheline et Robert qui vont à l’hospice.

“Toi qui entre ici abandonne toute espérance”

Dans Drive to Hell plusieurs véhicules sont disponibles allant de la vieille Cadillac à la F1 en passant par la moto. Il y a bien des différences de vitesse/taille entre chaque mais ce n’est pas ça le plus dérangeant. Ce qu’il ressort surtout lors de la première partie c’est que même en accumulant assez de pièces pour débloquer un nouvel engin, on ne peut même pas l’essayer sans recommencer entièrement le jeu. Impossible donc de changer de bolide entre deux niveaux. Puis je vous parlais de hitbox tout à l’heure… Hé bien dans Drive to Hell elle est tout bonnement énorme ! Il y a certes des véhicules plus petits que d’autres mais certaines fois on pestera face à ça. Quoi de plus rageant que de devoir se retaper un niveau entier simplement parce que des tirs bien trop serrés nous ont explosé en l’espace d’une demie seconde ?

La progression au sein du jeu se fait de façon assez linéaire. Après 3 ou 4 niveaux, un boss arrive et on recommence. La routine s’installe assez vite car comme souligné auparavant les décors ne sont pas bien folichons ni très variés. Les ennemis aussi tourneront en rond et malgré un design assez réussi l’ennui pointera inévitablement le bout de son nez. Je pourrais aussi vous parler des différents powerup à ramasser tels que le minigun, le lance-missiles et tout ça… Mais ils sont en nombres limités dans un niveau et ne durent que quelques secondes. Un choix d’autant plus regrettable que l’arme de base est très molle. Enfin, on pourra également trouver des items se logeant dans des cases dédiées et… comment dire ? Pourquoi ce n’est jamais la même touche qui correspond à une case ?! Chaque item a sa touche attribuée (Control pour la bombe par exemple) et aucun sous menu du jeu ne permet de savoir qui fait quoi ! C’est insupportable de s’emmêler les pinceaux alors qu’on vient de ramasser un objet salvateur qui permettrait d’éviter une mort idiote. L’enfer quoi.

Alors pourquoi mon introduction fait-elle état d’un tel déchirement ? Parce que je sens la bonne volonté des développeurs. Je sens que derrière ce jeu il y a l’envie de faire un shoot “à la cool” avec une bande-son de bonne facture. Pour ces raisons je déteste avoir à écrire ce qui va suivre. N’achetez pas Drive to Hell. Pour 6€ il résulte une expérience assez désagréable et tout l’aspect “rejouabilité” si cher aux shmups passe à la trappe. Une fois le titre bouclé on n’aura aucune envie d’y retourner. Ça fait mauvais genre de dire ça mais préférez-y Jamestown par exemple. Pour à peine plus cher vous aurez un shoot d’excellente qualité qui enterre – à mon grand regret – le trop imparfait Drive to Hell.

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