Wayward Manor

Quand Neil Gaiman débarque sur Kickstarter, on l’écoute attentivement. Car ce talentueux romancier, réalisateur, scénariste, est de plus passionnants et possède un univers assez époustouflant. Alors quand on voit The Odd Gentlemen (P.B Winterbottom), une équipe de développement qui nous as habitué à de bons jeux, se réunit avec ce talent britannique, on se dit que c’est dans la poche. Et on a tellement tort…

Neil, qu’a tu fais ?

Neil Gaiman vous raconte une histoire, celle d’un étrange manoir, hanté par des esprits qui vont tout faire pour effrayer cette famille prétentieuse, capricieuse, peu humaine finalement, qui y habite. Entre le chasseur amoureux de safaris, les deux enfants qui ne pensent qu’à manger des bonbons, le paresseux voulant toujours être servi par sa gouvernante (une orpheline recueillie pour être la bonne de la famille, seul rayon de gentillesse dans cette famille ignoble) et les autres tout aussi exécrables membres de la famille, forcément on aura bien du mal à s’attacher aux personnages. Et c’est tant mieux, puisque le but et de les faire fuir !
Pour cela, le jeu se compose de cinq chapitres, comportant moins d’une dizaine de niveaux chacun. Dans chaque niveau, vous aurez un ou plusieurs personnages qu’il est possible d’effrayer, tout simplement en cliquant sur des objets et tentant d’activer quelques événements à la chaîne. Par exemple, effrayer le chasseur avec une tête de tigre le fera tirer à l’arbalète sur celle-ci. Si sur sa trajectoire se trouve une statue avec un bouclier, la flèche rebondira peut-être sur… un autre personnage. Mais il y a aussi plus simple : un classique « bouh » sorti d’un tableau au mur, des rats qui traversent le niveau, des bouteilles qui tombent du plafond, des volets qui claquent… Tout est bon pour effrayer. A chaque effroi, le joueur gagne un crane. Au bout de six cranes, le niveau est gagné.

Tu cliques et tu t’ennuies…

Alors on clique, encore et toujours, sur des objets qui se répètent autant que les situations. Pire encore : certains « gags » sont activables plusieurs fois de suite, histoire de faciliter la partie. On est au niveau zéro du jeu vidéo, avec des interactions sans trop d’intérêt et une vraie impression de jeu éducatif « effrayant ». C’est mal fait, c’est ennuyant en tout point. Il n’y a absolument aucune gestion du rythme dans ce jeu, avec ces PNJ qui interagisse avec le décor de façon très lente et sans que vous puissiez faire quoi que ce soit pendant ce temps. Il n’y a aucune stratégie, aucun compteur de temps, aucun score, juste des succès à débloquer pour des réactions en chaîne particulière.
C’est d’autant plus sans intérêt que l’histoire, pourtant narrée par un grand auteur, est d’une platitude incroyable. Rien de vraiment intéressant n’en transparaît, comme tout au long du jeu par ailleurs. Il se termine extrêmement vite (comptez grand maximum deux heures pour tout faire) et l’expérience est des plus désagréables. Ce n’est pas amusant, ce n’est même pas jouable tant les bugs sont nombreux (personnages qui flottent dans le vide, scripts qui ne se déclenchent pas et forcent à recommencer le niveau entièrement, menus qui n’apparaissent pas…) et c’est donc une création qu’on vous invite à rapidement oublier, en espérant que vous ne faites pas partie des malheureux à l’avoir financé sur Kickstarter. Pour eux, malheureusement, il ne reste plus qu’à se morfondre dans un coin et à ressortir Coraline ou la série des comics Sandman du même auteur.

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