Infamous : First Light

Abigail  »Fetch » Walker était sans conteste un personnage intriguant au caractère bien trempé dans Infamous Second Son. Or justement, cette fois-ci, avec First Light, c’est à son tour d’être mise au devant de la scène devenant par la même occasion la première héroïne jouable de la série. Puissante, rapide et incroyablement souple dans ses mouvements, elle est incontestablement très intéressante à manier dans cette Seattle pluvieuse à souhait. Sans parler que pour les fans, cet épisode va tenter de faire la lumière sur quelques zones d’ombre de son passé, et surtout sur la raison de la rage qui l’anime et la dévore de l’intérieur.

Fille perdue cherche raison de vivre

Si vous avez déjà joué à Second Son, vous devriez savoir que la demoiselle est une Porteuse. Ces êtres humains presque comme les autres si ce n’était leurs capacités surnaturelles qui n’amènent à leur égard que méfiance de la part des gens  »normaux ». Et ce à juste titre concernant les spécimens les plus dangereux.

Fetch en sera la victime au sein même de sa famille, ce qui va signifier avoir le DUP (organisation chargée de  »maîtriser » les Porteurs) aux trousses . Seul son grand frère Brent voudra la protéger et l’accepter telle qu’elle est réellement, bien qu’il lui demandera de ne plus faire appel à ses pouvoirs, dans la crainte qu’elle puisse se blesser elle-même comme les autres.

Un lien visiblement très fort existe entre ces deux-là. Ce qui explique un peu son pétage de plomb quand son frère adoré se fait enlever par la mafia locale. C’est à partir de cet événement que notre héroïne verra son aventure commencer. Petit à petit, elle faillira à la promesse faite à son frère pour pleinement embrasser sa véritable nature.

Malheureusement, si Abigail est très clairement un personnage attachant et captivant par sa psyché torturée, ses problèmes et ses doutes, son histoire entre flashback et temps réel prend trop vite fin. First Light aura beau être parsemé d’objectifs annexes complètement subsidiaires, terminer les missions principales ne devrait pas excéder les quatre à cinq heures. Comptez plus si vous voulez le finir à 100%.

Ce n’est pas en soi un problème, sachant que la valeur d’un jeu ne peut se mesurer à sa durée de vie mais à la qualité de l’expérience offerte (surtout vu son petit prix). Et quand bien même il offrirait son lot de missions sympathiques, beaucoup d’autres sont beaucoup plus fades et ont même l’audace de se répéter d’une à l’autre (merci le rail-shooting). Quelques sessions dans une arène de combat viennent malgré tout par intermittence casser un rythme parfois un peu plat, afin de nous entraîner à nos nouvelles capacités et au passage s’amuser. Purement et simplement.

First Light n’est pas pour autant rédhibitoire. Il sait offrir une jolie histoire à laquelle manque parfois la profondeur d’un titre qui aurait été plus ambitieux. Pour dire les choses plus directement, Fetch a suffisamment d’ampleur en tant que personnage – et de charisme ! – pour mériter un bon gros jeu à elle toute seule. Elle se retrouve ainsi étriquée dans un carcan vidéo-ludique qui ne lui laisse pas le temps de pleinement s’épanouir. Car contrairement aux autres Infamous, nos actions n’ont pas de réelle incidence sur le karma de Fetch. Impossible de choisir entre la voie du bien et celle du mal.

En soi, ce n’est guère étonnant, sachant que cette incursion dans le passé de Fetch est conditionnée par son rôle tenu dans Second Son. Du coup, l’intrigue est linéaire, et les joueurs n’auront pas à prendre de décisions pour elle, car elle sont déjà prises depuis bien longtemps. En contrepartie de cet abandon de l’illusion du choix offert par ses prédécesseurs, on est en droit de s’attendre à quelque chose de rondement mené et intense. C’est le cas par moment, à d’autres beaucoup moins. La qualité de sa construction narrative est inégale dans son ensemble. Ca manque un peu de fantaisie et c’est bien dommage. Surtout que le doublage en version originale est vraiment bon, plutôt correct en français, et la réalisation derrière tout ça, toujours aussi impeccable.

Speed of light

First Light comme Second Son fait donc parti incontestablement des plus beaux jeux du moment. Contrairement à d’autres sur consoles nouvelle génération, il arrive même à maintenir un framerate constant qui ne failli presque jamais avec une distance d’affichage plus qu’appréciable une fois sur les toits des plus hauts buildings de Seattle.

Ville réputée pour sa pluie (si vous avez déjà regardé la série télévisée The Killing, vous saurez de quoi je parle), l’occasion est trop belle pour multiplier les effets mouillés et les flaques d’eau où iront se refléter les nombreux effets pyrotechniques que Fetch se fera un plaisir de délivrer tout d’abord aux mafieux du coin, puis aux petits soldats du DUP.

En effet, les effets de lumières plutôt que ceux de manches sont la spécialité de notre demoiselle en perdition. Au contact de son frère, elle apparaît fragile, tout en retenue. Même si une colère sous-jacente face à l’injustice de sa situation – et probablement au rejet de sa véritable nature par ses parents et la société dans son ensemble – semble la dominer de l’intérieur. Sans son frère, elle se lâche et révèle ainsi sa puissance. Elle devient ce qu’elle a toujours été. Même si elle manque encore un peu de contrôle sur ses dons.

Son pouvoir d’ailleurs tiens dans les néons. Ou plus exactement la lumière qu’ils dégagent. En l’aspirant, il lui est ainsi possible de l’utiliser pour lancer des projectiles façon pistolet laser. Elle peut entre autre comme Delsin flotter dans les airs quelques instants et courir à des vitesses qui dépassent l’entendement. Rapide et fluide dans ses déplacements, elle peut ainsi grimper sur n’importe quel mur d’un immeuble. Sa prise en main est facile et immédiate et la rend très agréable à manipuler. Elle procure un sentiment de puissance dès le départ faisant de Infamous First Light un jeu qui n’est pas seulement beau, mais un des plus maniable qui soit dans son genre.

Et du fait de sa courte durée de vie, la progression graduelle en puissance de Fetch est ressentie de façon plus prégnante. Le petit souci c’est que l’on aurait aimé que l’aventure dure un peu plus longtemps. Bien évidemment, il y a de nombreux objectifs annexes à remplir comme le sauvetage d’otages, combattre des groupes de mafieux ou du DUP, récupérer un tas de trucs pour débloquer de meilleures compétences ou encore détruire des drones en déplacement.

Ca fait un peu bouche-trou tout cela, tout en restant suffisamment amusant pour en faire quelques uns (ou la totalité pour l’amateur du cent pour cent). L’aisance avec laquelle on déplace notre héroïne et sa rapidité naturelle ne viendra en tout cas nous en empêcher, et rend du coup ces tâches moins fastidieuses. Mais cela reste du remplissage.

Conclusion

Infamous Second Son était déjà un bon jeu. First Light l’est tout autant sur le plan de la réalisation, absolument superbe, et de sa jouabilité, vraiment très jouissive et facile à prendre en main. Il pêche néanmoins un peu sur son histoire qui manque d’ampleur et de fureur. Le contexte de ces événements est relativement sombre et adulte. C’est incontestable entre le milieu de la mafia, de la drogue et celui de l’intolérance forgée par la peur de l’autre. Ici des êtres humains pour les Porteurs. Il y avait donc de quoi aller beaucoup plus loin.

Il reste donc cette impression qu’ils auraient pu oser plus. Surtout sur un épisode un peu à part dans la saga qui leur permettait de le faire. D’autant plus que la personnalité d’Abigail dite  »Fetch » n’est pas commune avec ses allures de punkette en mal de vivre. Elle est vraiment attachante à sa façon. Il n’en reste pas moins que First Light sait être un additif de choix à Second Son très agréable à jouer et qui sait faire plaisir. Il manque juste un peu d’ambition.

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