Rememoried

On dit souvent que c’est le voyage en lui-même qui importe et pas vraiment sa destination. Si vous acceptez que l’on puisse jouer avec vos sens, que le voyage puisse se faire sur plusieurs plans astraux déconnectés les uns des autres, si vous appréciez chercher vous-même les réponses aux énigmes les plus farfelues en tentant d’accrocher les quelques éléments métaphysiques pour en faire un tout plus ou moins cohérent, alors Rememoried compensera l’absence du dealer-qui-squatte-tous-les-lundis-dans-le-local.

Une sieste pas comme les autres !

téléchargementAprès vous être endormi, vous finissez dans l’interface nébuleuse entre les mémoires et les rêves. Les objets du commun fréquentent les configurations environnementales lunaires et absurdes. Comme dans un rêve qui renvoie en permanence aux éléments du réel, difficile de se sentir déconnecté du plan physique, mais l’absence de frontières et de sens n’est pas non plus un gage que vous vous sentiez très bien. Rememoried offre à ce sujet une direction artistique méritoire, variant les nuances de valeur, mais n’écartant pas la possibilité de quitter le monochrome – les couleurs et les particules ainsi créées offrent bien souvent un contraste encore plus surréaliste.

Si le jeu se suffisait seulement de jouer sur les jeux de lumières et de sons, il aurait eu la mention assez bien du jeu psychédélique à la première personne – faut au moins faire le niveau kaléidoscope pour s’en persuader – mais mieux encore il propose une mécanique de gameplay assez déconcertante ; les éléments que vous quittez des yeux – donc hors écran – iront se subtiliser ou se jouer de vous.

Dans quelle étagère ?

téléchargement (2)La narratrice finira par vous le faire comprendre : il faut parfois oublier – tourner son dos – pour progresser. Est-ce que pour autant les éléments de narration sont trop équivoques ? Non, à l’inverse même, la quête de sens dans ce gros nawak est difficile, surtout qu’à chaque changement de niveau on bascule sur une autre dimension avec ses règles propres – enfin pas de trop, n’oubliez pas que tourner son dos résout bien des inconvénients. Le jeu se finit donc sur une fin classique du type « on vous laisse le choix dans l’interprétation » ni désagréable, ni plus que stimulante.

Chaque niveau vous laisse dans l’embarras le plus total : « Qu’est-ce que je fais ici ? Que dois-je faire ? » À vous donc d’identifier les éléments singuliers de l’environnement vous entourant ainsi que ses variables. On peut éventuellement s’appuyer sur les échanges entre les voix off et les questionnements du personnage que l’on incarne, mais je vous avoue n’y avoir prêté guère attention. Un peu comme si le chamane du coin vous donnait votre horoscope du jour alors que vous êtes en train de faire un scrabble.

téléchargement (1)De la plateforme pour compléter le périple…

On soulignera que, en dépit d’insister fortement sur vos capacités de déduction pour progresser, le jeu s’appuie sur quelques passages de plateforme parfois un peu exigeants. Alors moi ça ne m’embête pas trop, et je comprends que cela permette de rendre l’avancement plus lent, mais la présence de checkpoints ci et là n’aurait pas été du luxe. Enfin, l’aventure, sensiblement cohérente et poétique, n’aura pas duré plus de deux heures. Je ne me suis pas ennuyé du début jusqu’à la fin – les niveaux se renouvellent plutôt bien malgré le fait que les éléments de gameplay se résument à de la plateforme et à des phases d’expérimentation/exploration qui se basent sur une mécanique qui finit par être familière.

Plus qu’une balade interdimensionnelle, Rememoried ne propose pas seulement de délivrer un message plus ou moins énigmatique mais offre au demeurant un joli trip visuel et n’oublie pas de solliciter nos aptitudes de joueur.

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