World of Final Fantasy

Avec Tetsuya Nomura à la production, on pouvait être sûr de rencontrer des personnages s’habillant avec des vêtements possédant chacun une dizaine de fermeture éclairs, mais les promesses d’un univers intéressant étaient évidemment là. Puisque Shinji Hashimoto en est le producteur, concrètement, il n’y a pas de doutes à se faire sur l’importance du jeu pour Square Enix… Du coup, forcément, on est emballés ! Peut-être trop.


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Sora et Kairi ? Non, Lann et Reynn

Lann et Reynn sont deux jumeaux. Ces deux adolescents aux caractères très différents et furieusement clichés (elle est savante mais un peu coincée, il est stupide mais amusant) sont du jour au lendemain contactés par une divinité qui leur révèle leur ancienne position forte au sein d’un monde nommé Grymoire. Ils vont devoir y retourner pour trouver quatre clés élémentaires, retrouver leurs souvenirs et se remémorer tout ce qu’ils ont vécu par le passé dans cet univers parallèle en proie à des forces démoniaques.

Après deux heures d’introduction beaucoup trop lente, on entre dans le vif du sujet. Très coloré, parfois très beau aussi, le monde de Grymoire s’ouvre à nous et nous permet de gambader entre les villes (pour suivre le scénario et rien d’autre) mais aussi de grandes plaines, un cimetière de trains, une plage, une dangereuse montagne enneigée et d’autres curiosités qui font leur effet. Tout est assez vide, c’est rien de le dire, mais vous prendrez de jolis screenshots en compensation.

Sur votre chemin, vous rencontrerez… des ennemis, en aléatoire. A l’ancienne, l’écran se brisera et un combat en Active Time Battle (ou sans pause, si vous changer la configuration dans le menu des options) se lancera pour tenter de vous mettre à mal. Si vous battez les ennemis, forcément, vous obtenez des points d‘expériences et verrez évoluer vos personnages. Mais World of Final Fantasy possède une bonne idée : les pyramides.



Quand les Pokémons se nomment Myrages

Avec son univers tout mignon tout rond, je vous laisse regarder les screenshots pour le découvrir si le marketing de Square Enix n’a pas encore fait son effet, World of Final Fantasy se lance dans l’idée d’un jeu purement repompé sur Pokémon. L’idée est complètement intéressante sur le papier : tous les ennemis que vous rencontrez peuvent être (sauf cas spécifiques) capturés si vous activez les bonnes conditions (le frapper suffisamment, l’endormir, l’empoisonner, battre son allié le plus proche, etc).

Une fois capturé, un ennemi peut alors être « monté » sur vos pyramides de personnages. Vous en possédez deux, une pour chaque jumeau. L’ordre est logique : le plus imposant personnage est à la base de la pyramide, suivi d’un Pokémon d’un Myrage moyen puis d’un autre plus petit au sommet. Les capacités des personnages montés en pyramides se cumulent alors : si la base et le milieu de la pyramide possèdent le pouvoir « Eau », alors vous aurez la chance de pouvoir lancer le sort « Extra Eau ». Ceci est un exemple parmi tant d’autres.

Vous possédez deux types de pyramides, puisque vos deux personnages peuvent être transformés quand bon vous semble sur la carte en taille humaine ou taille « mignonne tout plein vendeuse de figurines à venir très bientôt dans vos magasins ». On peut même mélanger les deux types : posséder par exemple Lann en taille adulte et Reynn en taille mignonne. « Chibi », comme disent les érudits. Cela change tout à votre stratégie de pyramides puisque en Chibi, les personnages ne sont plus à la base de la pyramide mais au sommet. Et évidemment, à force de prendre des coups, les pyramides peuvent s’effondrer.


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La crampe de la touche R1

Maintenant que le système de jeu est expliqué, il faut vous avouer quelque chose : les pyramides, la gestion des pouvoirs, on s’en fiche pas mal au final. Le jeu est d’une simplicité incroyable : il vous suffira de forcer un peu la prise de niveaux dans certains secteurs du jeu pour rapidement dépasser de loin la force des ennemis et enchaîner les combats avec un Extra Feu dès le début pour prendre de expérience sans trop se soucier du reste. Vous obtiendrez très vite des Myrages de qualité, que vous allez évoluer via un sphérier (le même que dans Final Fantasy X) et rapidement vous n’aurez peut-être même plus besoin d’en capturer d’autres. Vous le ferez juste pour la collection, et parce que le scénario vous y force pour débloquer certains passages du jeu.

Pire encore : les combats, les mouvements, les cinématiques, tout est d’une lenteur incroyable. C’est simple, le jeu est un parfait somnifère. Bien conscients du problème, les développeurs proposent de tout accélérer avec la touche R1 de votre manette. Avec celle-ci, vous pouvez littéralement faire avancer l’action à très grande vitesse pour rendre les combats beaucoup plus succincts et les cinématiques bien mois ennuyantes. Au début, cela fonctionne… Au-delà de la dizaine d’heures de jeu, cela ne fonctionne plus.

Car World of Final Fantasy est conçu pour les plus jeunes et, allez savoir pourquoi, les développeurs semblent considérer que le futur de l’humanité est constitué de gens qui souhaite voir se répéter toutes les actions, les apprentissages, le scénario, les noms des ennemis, des alliés, des Myrages… C’est une horreur à vivre : toutes les trente minutes vous aurez le droit à un panneau d’explication concernant une idée du jeu que vous avez déjà utilisée, dont vous savez déjà vous servir. Pire, cette explication surviendra la plupart du temps juste après la même explication, scénarisée celle-ci, proposée lors d’une cinématique. C’est ennuyant, frustrant, énervant.

World of Final Fantasy se joue avec la Touche R1 appuyée à 80% du temps. On peut accrocher au gameplay, dans l’absolu, car la collectionnite est amusante. Mais les cinématiques, le scénario dans sa globalité, est une horreur : le Myrage qui suit Lann et Reynn va parler d’une contrée spécifique du jeu, Reynn va ramener sa science, Lann ne va rien comprendre parce que « ohlala il est trop stupide hihihi » et ils vont s’engueuler, avec une petite musique comique… juste avant qu’une guest-star d’un Final Fantasy passé fasse son apparition et leur propose de suivre une quête lambda avec un Boss en bout de course. Répétez cela une dizaine de fois et vous avez votre construction scénaristique. Gagnez du temps : passez les cinématiques.


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A qui se destine World of Final Fantasy ?

Résumons : les combats sont rapidement accélérés, les cinématiques sont (pour certains) passées, la capture ne sert absolument qu’à la collectionnite et rien d’autre, le jeu est trop simple et empêche donc de créer de véritables stratégies (alors que le gameplay s’y prête, quel gâchis) … mais qui va donc s’amuser plus de dix heures devant World of Final Fantasy ? C’est le grand mystère. Les référence sont nombreuses mais ne sont absolument jamais expliquées et totalement sorties du contexte, il n’y a aucun historique sur les précédents Final Fantasy et surtout, rien n’est canon.

Je prends l’exemple de Kingdom Hearts : quand vous entrez dans le monde de Peter Pan, vous devez battre le Capitaine Crochet, avec l’aide de la Fée Clochette, vous volez, on fait donc totalement référence au produit de base en y incorporant l’idée des Sans-Cœur, la quête de Sora, puis une ou deux guest-star introduite par le scénario de façon simple mais efficace. Dans World of Final Fantasy, il n’y a absolument rien de cette logique : vous allez rencontrer Squall dans un réacteur de la Shinra, aidé d’un personnage oublié de Dirge of Cerberus (là c’est le moment ou les fans me tombent dessus) pour frapper des armures Magitech à la chaîne et affronter Bahamut en boss de fin. Jamais l’univers n’est logique, constant, référencé de manière savante. C’est un melting-pot, une sorte d’affiche pour personnages cultes qui sont ici utiles juste pour leurs bonnes petites tronches et la possibilité d’en appeler quelques-uns pour nous aider (sans jamais les jouer) lors de trop rares combats difficiles.

Reste alors la beauté de certains plans, l’OST parfois inventive reprenant les grands classiques des Final Fantasy passés et un jeu hyper accessible qui plaira évidemment aux plus jeunes générations qui grandiront avec un doigt imprimé d’un R1 bien tenu pendant plus de 50 heures de jeu. C’est dur à défendre.


World of Final Fantasy mélange les univers pour n’en créer aucun, proposant une collection de monstres amusante mais inutile, dans une ambiance soporifique et déjà vu mille fois qui ne parvient jamais à décoller. Reste les musiques, les mignons personnages, la traduction française à mourir de rire (au risque d’être trop en décalage) et les promesses d’un gameplay intéressant complètement annihilées par de très mauvaises idées de développement.


2 réflexions au sujet de “World of Final Fantasy”

  1. La collection est le centre du jeu, les devs l’ont dit eux mêmes, si les incohérences de scénar ne sont pas logiques, c’est aussi que le japon et le jeux mobiles font un seul, beaucoup de jeux mobiles FF sont cohérents (record Keeper par exemple) peut être une envie de voir autre chose, je pense plutôt qu’avec WOFF ils reviennent sur un jeu au tour par tour c’est assez couillu quand on pense que beaucoup de jeune n’aime pas le système, le jeu sert plus de sondage pour un jeu potentiellement meilleur à l’avenir.

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