Dick Wilde

Les mauvaises langues diront qu’un nouveau jeu VR, c’est 50% de chances d’avoir à faire à un genre de shooter. Bonne pioche : Dick Wilde est en effet un wave shooter, un jeu purement arcade où il est question de décimer des vagues d’ennemis. Pour le coup, les mauvaises langues n’ont pas tort, mais la vraie question est : qu’est-ce que ça vaut ?

Bolverk Games est un jeune studio danois qui entend se spécialiser dans la VR. Après avoir sorti Kittypocalypse en août 2016, une sorte de tower defense où il fallait  éliminer des chats-alien, voilà qu’ils se lancent dans le wave shooter avec Dick Wilde. Cette fois-ci il s’agit de pêcher à l’arme lourde, et de descendre alligators, requins et autres piranhas à coup de pistolets ou de fusil à pompe. L’ambiance est décalée, humoristique sans être vraiment barrée (et donc vraiment drôle), et les décors sont plutôt jolis et colorés, quoique redondants.


Déplacement et mouvement

Le wave shooter est un genre parfaitement adapté à la réalité virtuelle : vue à la première personne pour impressionner et optimiser l’immersion, gameplay simple mais intense, environnements à taille limitée pour ne pas trop charger côté technique… Dick Wilde, comme VR Invaders dont nous parlions il y a peu, fait de plus le choix très rétro-arcade du shooter statique, où le joueur ne se déplace pas ; on évacue ainsi les problèmes de motion sickness, mais surtout et plus prosaïquement, le problème du déplacement lui-même : en VR, il n’est pas facile d’allier l’immersion du shoot, qui tire parti du motion gaming en utilisant les accessoires tels que les PS Move, et le déplacement classique, qui nécessite traditionnellement un contrôleur muni de sticks. Abolir le déplacement, c’est donc écarter le problème : la solution est facile, mais promet d’être efficace.



Mais s’il n’y a pas de déplacement dans Dick Wilde, il ne faut pas pour autant en déduire qu’il n’y a pas de mouvement. Comme dans nombre de jeux du genre, le joueur est mis à contribution pour éviter les projectiles qui sont lancés à son encontre. Physiquement. Alors on se baisse, on se penche, on s’écarte à droite ou à gauche ; ce n’est pas nouveau, et on ne compte plus les jeux utilisant ce genre de gameplay. Mais force est de constater que Dick Wilde, en proposant une difficulté relevée et un véritable challenge, rend la chose plus intéressante qu’une simple fonctionnalité implémentée parce qu’elle pouvait l’être. Le jeu de Bolverk Games implique une vigilance de chaque instant, et oblige le joueur à se mouvoir constamment. Eprouvant, mais intéressant pour les amateurs d’exercice et de challenge. Toutefois il est regrettable de constater que certains niveaux doivent être débloqués en terminant les précédents : pour un jeu difficile ne proposant que 9 niveaux, c’est prendre le risque qu’un nombre important de joueurs ne puisse même pas tester certaines zones ; la restriction paraît inutile, puisque l’enjeu consiste à se frayer un chemin dans le tableau de scores, plus que dans l’exploration des niveaux…


Variation de gameplay

Afin de renouveler son expérience de jeu, Dick Wilde propose une assez large sélection d’armes : du lance-grenade au pistolet à clou en passant par l’arc, chacune possède son propre gameplay. Le fusil à pompe vient avec un bouclier qui permet d’effectuer des parades, le lance-grenade possède un effet de zone mais l’explosion des grenade est manuelle, l’arc tire parti des contrôleurs en forçant le joueur à effectuer le geste consistant à armer la flèche… Chaque arme représente une expérience de jeu différente, non équivalente en termes de difficulté : inutile d’espérer être aussi performant à l’arc qu’au lance-grenade, par exemple. Mais on se plaît à tester les différentes options, pour voir comment l’on s’en sort.



Le jeu propose également, entre chaque vague, de s’offrir un petit bonus pour la vague suivante : une tourelle qui nous prêtera main forte, des mines pour piéger les premiers ennemis à s’avancer un peu trop, un lance-roquette ou encore un medikit pour pouvoir tenir un peu plus longtemps. Une idée bienvenue, mais un peu frustrante : les tourelles, par exemple disposent d’un nombre de munitions limité, ce qui empêche de se construire, vague après vague, un petit bastion suréquipé. Introduire une notion de gestion de build dans un wave shooter aurait pu constituer un vrai plus ; dommage.


Du multi en VR ? Ou pas.

Dick Wilde échappe à la véritable originalité tout en demeurant relativement complet pour un wave shooter. Il se permet tout de même de tenter un mode multi-joueurs local, ce qui n’est pas banal pour un jeu VR. Et d’ailleurs, pourquoi pas ? Si la VR repose avant tout sur le casque, rien n’empêche d’utiliser également l’écran, qui peut dès lors servir pour d’autres joueurs. Malheureusement, le mode multi de Dick Wilde fait le minimum syndical et consiste simplement à se passer le casque, ce qui est pour le moins décevant : on ne crachera pas sur l’option pour autant, mais on regrette que la conscience apparente de l’intérêt d’explorer le multi VR n’ait pas accouché d’une véritable idée, comme du gameplay asymétrique par exemple.


Dick Wilde est un honnête wave shooter. Pas excessivement original, mais l’essentiel est là et s’avère plutôt bien fait : entre la variété de gameplays liée aux différentes armes et une volonté de proposer un véritable challenge, le jeu de Bolverk Games saura sans doute trouver son public… s’il ne commence pas à se lasser du genre.

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