Hyper Light Drifter : Special Edition

Financé par un Kickstarter en 2013, sorti en mars 2016 sur les PC et consoles de l’époque, Hyper Light Drifter se décide enfin à venir pointer le bout de ses pixels sur la Switch, ben c’est pas trop tôt…



Le Drifter se réveille enfin sur Switch

J’ai un problème. J’ai beaucoup de mal à finir les jeux. Arrivé vers la fin, devant le donjon final, le dernier niveau ou autre, surtout quand j’y ai passé beaucoup de temps, je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas y aller, je ne veux pas y aller. Comme si finir le jeu était mettre fin à une relation de longue date avec des gens qui disparaîtront irrémédiablement une fois le monde sauvé. Ce qui fait que, finir ou pas le jeu, de toutes façons ces gens sont condamnés à disparaître soit par la victoire du méchant (ce qui n’arrive jamais, en réalité, le temps reste suspendu comme des stalactites millénaires dans une grotte humide) ou par la victoire du gentil et le générique de fin, s’abattant tel un couperet sur un monde sauvé mais dont on ne peut en général jamais profiter. Le rôle du héros/joueur se limitant à l’exécution du boss final pour que les PNJ puissent vivre dans le monde merveilleux de la console éteinte, du jeu désinstallé et rangé dans sa boîte.

Hyper Light Drifter est comme le jeu qui répond à cette angoisse. Que se passe-t-il si le temps passe alors que le jeu est éteint, que tu t’es arrêté devant le château du boss de fin en te disant « boah, je le finirai une autre fois ». Et ben c’est la catastrophe, mon ami, la vraie catastrophe.


Hyper Light Disaster

Dans le monde d’Hyper Light Drifter, le héros (qu’on appellera par convention le Drifter) a disparu juste avant le combat final contre une entité corruptrice. Le boulot était presque fini, mais voilà, sans personne pour combattre la corruption elle a fini par gagner les gens, les animaux, les mondes et au terme de ce qui semble être un sommeil millénaire, le Drifter revient et constate qu’il aurait dû en finir à l’époque, ça lui aurait laissé moins de travail. Il va falloir récupérer des piles de puissance et affronter des monstres très puissants afin d’ouvrir le passage central vers le corrupteur et enfin mettre un terme à cette histoire.

Enfin, ça c’est ce que j’en ai compris.



« It’s pixel-art Drifting ! »

Ses prémices particuliers font d’Hyper Light Drifter un jeu tout à fait intéressant à parcourir, si on y ajoute un pixel-art splendide et minimaliste, des animations travaillées, une musique planante mais qui sait s’énerver aux bons moments. Le gameplay est simple à apprendre, mais difficile à maîtriser. Le Drifter possède une épée de lumière particulièrement puissante et légèrement améliorable, un pistolet (qui peut aussi devenir un shotgun, un lance boulettes ou un fusil de sniper par exemple), des grenades et surtout un dash dont la maîtrise est la clé de voûte de tout le système de combat et d’exploration. Le dash permet d’être invincible et on peut l’enchaîner (à la manière de l’attaque éclair de Pikachu dans Smash si vous êtes connaisseurs) mais on est très vulnérable à l’arrivée et comme le Drifter possède un nombre très limité de points de vie il faut faire très attention lors du lancement du dash pour savoir où on arrive et ne pas se mettre en danger bêtement. Alors c’est plus facile à dire qu’à faire mais au bout de pas mal d’heures de jeu, on arrive à enchaîner les dashs et l’exploration et le combat deviennent une véritable danse.


Titans’ Dessoule

Le monde d’Hyper Light Drifter est en proie à un cataclysme en suspend, et le fatalisme qui se dégage tant des décors que des PNJ rencontrés en font un univers particulièrement fascinant à parcourir (et original). En effet, certes une catastrophe a été empêchée mais le monde n’en est pas ressorti indemne : des carcasses de monstres titanesques peuplent les décors, et leurs membres pourrissant ou décomposés sont souvent mis à contribution comme plateforme ou obstacle. Le village de départ est peuplé d’animaux anthropomorphes, d’humanoïdes, de bestioles (y a aussi un squelette guitariste) mais aucun ne semble respirer la joie de vivre, et la fin du monde semble être une évidence pour chacun d’entre eux. Alors on ne peut pas vraiment discuter avec eux, mais quelques personnages racontent leur histoire par des petites saynètes illustrées qui donnent des informations sur ce qui a amené les lieux qu’on traverse à leur état présent. Sans spoiler, ce n’est jamais joyeux.



World of Darkness and Light

Parlons des niveaux à explorer, j’ai indiqué un village de départ précédemment, de ce village quatre chemins s’ouvrent au joueur et on est libre de les explorer à notre guise, quitte à revenir au village et repartir vers un autre chemin quand bon nous semble. Les niveaux sont grands et bourrés de secrets, et il ne sera pas rare d’en découvrir toujours un nouveau même après avoir parcouru cinq ou dix fois les mêmes écrans. Chaque point cardinal possède son ambiance, son bestiaire et son histoire tragique (évidemment) et même s’il s’agit de décors classiques du jeu vidéo, l’aspect particuliers qu’ils revêtent dans Hyper Light Drifter les rendent familiers et mystérieux à la fois, enchanteurs et dangereux.

Mais en dire plus serait nuire à la découverte fantastique de ce jeu mémorable. Important. Hyper Light Drifter est l’un des jeux indés les plus pertinents de ces dernières années et l’avoir dans la poche sur Switch est une bonne occasion pour enfin en profiter. Je n’ai pas testé le jeu sur les autres plateformes mais la version sortie sur la portable de salon de Nintendo s’en sort bien. Quelques ralentissements sont à constater lorsque beaucoup de sprites sont à l’écran dans les grandes salles mais cela ne nuit pas vraiment. Une zone a été ajoutée (une grande tour à escalader, particulièrement retorse) ainsi qu’un mode avec un autre Drifter une fois le jeu terminé.

Ah oui parce que là cette fois, je l’ai terminé, c’est pas sympa de laisser les gens dans l’angoisse, non mais…

Fascinant, poétique, d’une redoutable, mais juste, difficulté, Hyper Light Drifter est une petite perle à chérir. Un joyau comme on en trouve assez peu. L’avoir sur la switch le rend encore plus sympathique, mais il est indispensable quelle que soit la plateforme possédée (si on aime le combo aventure exploration combat exigeant), et puis, bon, voilà, dashez vers le magasin quoi !

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