Battle Princess Madelyn

Battle Princess Madelyn est un étrange mélange. De ce que j’ai pu en apprendre, il a été co-designé avec l’aide de la jeune fille de l’un de ses développeurs, qui est une grande fan de Super Ghouls & Ghosts. Quelle enfant de goût. C’est aussi deux jeux en un, très proches dans leur concept avec quelques différences, présentés comme le mode Arcade et le mode Histoire.



Un jeu à deux visages

Le mode Arcade n’étonnera pas. On passe de niveau en niveau de manière linéaire, dans un jeu qui ressemble beaucoup à un hommage appuyé à Super Ghouls & Ghosts jusque dans le moindre détail. Notre princesse guerrière Madelyn passe au travers des lignes ennemies faites de morts-vivants et de spectres avec sa lance nous rappelant à notre bon souvenir Sir Arthur. Elle porte une simple armure de base dont elle perd le bénéfice au premier coup reçu pour finir en pyjama tout comme Arthur finissait dans son caleçon légendaire. Le jeu est coloré et tout aussi difficile que son mentor, délivrant un bon défouloir qui sans être très original, a le mérite d’être satisfaisant. Il n’y a rien à débloquer, seulement des bonus à récolter en chemin comme à l’ancienne. Deux coups et c’est la mort. Heureusement pour accommoder un public plus débutant que rôdé, perdre ses trois vies ne fera que revenir au début du niveau en cours. Malheureusement pour nos temps modernes, il n’y a pas de sauvegarde dans ce mode. Sur Switch, il est à minima possible de la mettre en pause pour reprendre sa partie plus tard au détriment de pouvoir jouer à autre chose.

Le mode Histoire met pour sa part une emphase plus prononcée sur une intrigue de méchant sorcier tueur de chien de notre princesse – qui l’accompagnera ensuite en tant que fantôme. Du manichéisme très classique qui suffit à nous donner motivation et contexte. Aventure et exploration complète l’expérience. Les niveaux sont connectés entre eux de la même façon que dans le mode Arcade. Le mode Histoire fonctionne cependant plus comme un metroidvania contenu avec quelques allers-retours nécessaires mais pas trop non plus, pour découvrir trésors et secrets. De nouvelles armes et compétences tel le double-saut seront également à gagner en combattant des boss ou comme récompenses pour avoir sauvé un des vassaux de Madelyn. L’intrigue y tient bien évidemment une place plus prépondérante, ralentissant le rythme du jeu par rapport à son pendant arcade. Il sera par contre possible de sauvegarder sa progression dans ce mode-ci.


Même boss, deux modes de jeu différents, deux modes de rendu de l’image différents. A gauche le mode Arcade, à droite le mode Histoire.

Deux visages différents

Cela étant dit, le mode Histoire apparaît moins abouti que le mode Arcade. Étrangement, ce dernier affiche des graphismes plus ambitieux riches d’effets et de couleurs. Battle Princess Madelyn dispose définitivement d’un pixel art magnifique qui rappelle sans équivoque l’époque bénie des 16 bits, et d’une bande-son particulièrement soignée. Il est possible que cela soit un choix esthétique, mais il reste qu’au final le mode Histoire ne paraît pas aussi vibrant visuellement parlant que son alter-ego arcadien. En ce qui concerne la musique, elle est disponible aussi bien en version rétro chiptune qu’en version orchestrale. Bien que j’apprécie grandement la chiptune, j’ai trouvé la version orchestrale meilleure et plus immersive. Mais peu importe, le choix vous appartient. De plus, il vous est également possible d’activer les scanlines pour simuler l’aspect de nos vieux écrans de télévision, ce qui rend super bien sur l’écran de la Switch.

La maniabilité est dans son ensemble correcte. Madelyn est moins rigide à diriger que Arthur de Super Ghouls & Ghosts, mais je me dois d’admettre que l’utilisation du stick analogique – et dans mon cas, le stick des Joycons de la Nintendo Switch – s’est révélé plus une épine dans le pied qu’autre chose. Avec ce dernier, les contrôles sont imprécis et il m’est plusieurs fois arrivé que Madelyn s’accroupisse au lieu d’avancer. Le stick analogique est très sensible et ne permet pas d’obtenir cette maniabilité rigoureuse de nos jeux d’antan. Il serait alors nécessaire de la part de ses développeur de retravailler ce point ; à défaut je vous conseillerai plutôt d’utiliser une manette avec une croix de direction plus ordinaire.


 


Battle Princess Imperfect

Battle Princess Madelyn est un jeu plutôt agréable dans son ensemble, au moins aussi amusant que par moment difficile. J’ai rencontré pour autant quelques réelles causes d’énervement dans mon aventure, tels ces squelettes archers spammant sans cesse leurs flèches ne laissant quasiment aucune ouverture pour les éviter ou rétorquer à leurs attaques. Certaines des goules apparaissent du fond du décor ou en sortant de la terre comme les cadavres ambulants sortants du sol dans un cercueil dans Super Ghouls & Ghosts. A ceci près que ces monstres ici se détachent difficilement du décor quand ils n’apparaissent pas de nulle part – un bug sans doute – les rendant difficiles à éviter.

Les boss pour leur part bien qu’imposants sont aussi et surtout très basiques. Une fois que l’on comprend leurs attaques, ils deviennent trop faciles à battre, les rendant plus redondants que passionnants à confronter. C’est la même chose avec certains ennemis qui sont de véritables sac à points de vie ce qui est compréhensible dans le mode Histoire vu qu’il est possible à terme d’améliorer la puissance de armes à disposition de Madelyn. D’un autre côté, le mode Arcade étant plus direct dans son approche tout en étant aussi difficile si ce n’est plus, se trouve au final être plus dynamique et agréable à jouer. Le mode Histoire ne semble en fin de compte n’être là que pour satisfaire un public qui ne serait pas forcément très adepte d’un gameplay d’action 2D old school.

Il souffre aussi de l’absence d’une mécanique de jeu toute bête mais fort utile. Le fait de se baisser permettait dans certains jeux de faire bouger la caméra pour obtenir une meilleure vue de ce qui se trouve sous nos pieds. Or, dans Battle Princess Madelyn, il m’est souvent arrivé de devoir sauter dans le vide sans réellement savoir où j’allais atterrir. J’ajouterai que se prendre un coup provoque un léger saut en arrière de Madelyn, ce qui peut très vite se révéler problématique dans les passages de plateformes. Quand cela m’est arrivé, Madelyn pouvait alors retomber sur un autre ennemi et prendre à nouveau des dégâts quand elle ne tombe tout simplement pas dans le vide. C’est un fonctionnement commun à plein de jeux, mais il n’en reste pas moins frustrant.


Battle Princess Madelyn fait face à quelques difficultés d’ordre techniques sur Switch comme des temps de chargements longuets et quelques ralentissements quand l’action devient intense, chose prise en compte par ses développeurs, d’où le report de sa sortie sur la dernière console de Nintendo. Ainsi à part l’imprécision particulière de sa jouabilité avec un stick analogique et des boss en demi-teinte, c’est un jeu d’action et de plateformes plutôt cool avec un pixel art solide et de bonnes musiques qui mérite qu’on lui prête de l’attention. Certes, il n’a pas la finition d’un Shovel Knight, mais il est plein de promesses offrant deux gameplay différents pour un seul jeu. Bref, deux jeux en un. Quelques mises à jour pour ajuster ses erreurs, et il devrait parfaitement tenir la route.

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