Critique

blasphemous

Développeur : The Game Kitchen – Éditeur : Team 17 – Date de Sortie : 10 septembre 2019 – Prix : 24,99 €

Les processions de la semana Santa est sûrement l’une des choses les plus lugubres et perverses qu’il m’ait été donné de vivre. C’est hallucinant de voir le niveau de ferveur qu’ont les gens où ils célèbrent la mise à mort d’un homme alors qu’il transporte l’outil de torture qui lui coûtera la vie. The Game Kitchen, le studio Sévillan qui nous livre ici sa seconde production, a décidé de vous faire vivre ce sentiment de malaise, où la ferveur aveugle jusqu’à la perversion. Bienvenue à Custodia.

Au huitième jour, Dieu créa le Miracle

Le ton est donné dès le début du titre. Dans une église, gisent des centaines de corps de la confrérie dont vous faites partie. Seul vous et le géant à l’origine de ce massacre êtes vivants. Et l’ensemble du monde de Custodia est ainsi. Pourtant, aucun pleur, aucun visage triste. Non, c’est plutôt le contraire, les gens sont en paix, car tout ce qui arrive est l’œuvre du Miracle, cette manifestation que Dieu a apportée au monde. Évidemment, venant du grand barbu d’en haut, cela ne qu’être bon pour l’humain, une sorte de récompense. Votre pèlerinage vous mènera à travers une Custodia pervertie. Les artistes s’en sont donné à cœur joie, à corrompre tous les symboles religieux, à raconter de petites histoires d’une perversité incroyable, comme l’histoire d’une sainte qui a accepté de porter sur elle toute la douleur du monde, où son culte l’admire alors qu’elle ne fait que crier de douleur et dont le nom de celle-ci est Socorro (qui signifie “au secours”). Délicieux. Comme dans un Souls, la narration ne viendra pas des quelques dialogues avec les rares PNJ que l’on rencontre, mais principalement des objets que l’on trouvera à la pelle, que ces derniers soient utilisables, des sorts ou bien des restes de squelettes racontant tous le funeste destin de tout un tas d’habitants.

Une progression à coups de pardon

Dans sa structure, Blasphemous emprunte autant à Dark Souls qu’à Castlevania. Du premier il prend le rythme des combats, la gestion de la monnaie (ici des larmes de ferveurs), servant aussi bien à faire progresser son personnage qu’à acheter des objets, ses feux de camps, servant de point de résurrection et de repos, faisant réapparaître les ennemis à la moindre interaction avec ceux-ci ou après chaque mort. Enfin, il reprend aussi ses boss majestueux, aux multiples patterns, qu’il faudra apprendre pour espérer venir à bout de chacun des affrontements. Là où le jeu de The Game Kitchen s’éloigne, est qu’après chaque mort, notre pénitent ne perd pas ses larmes. Il perdra par contre un morceau de sa barre de ferveur, équivalent à une barre de magie, qui ne se remplit qu’en frappant des ennemis. Pour récupérer l’ensemble de sa barre de ferveur, il faudra retourner au lieu de la dernière mort pour récupérer sa culpabilité. Si vous mourez avant de récupérer votre culpabilité, une nouvelle apparaîtra sur la map, votre barre de ferveur sera encore plus réduite. Votre pénitent n’évoluera pas en niveau et ne récupérera aucune nouvelle arme. Seule votre épée, au doux nom de Mea Culpa (vous tapez littéralement les ennemis à coups de pardon !) augmentera au fil des sanctuaires découverts, permettant d’augmenter les dégâts de celle-ci mais aussi d’apprendre et d’améliorer diverses techniques.

De Castlevania, il s’approprie son exploration et ses objets qui permettent de découvrir de nouvelles zones. Malin, aucun objet ne sera nécessaire pour venir à bout d’une zone étant donnée que l’ensemble des zones bonus ne servent qu’à acquérir des objets pour votre rosaire (qui donne des bonus passifs de résistances, dégâts ou récupérations) ou bien des sorts magiques utilisant votre ferveur.

D’une exécution remarquable, on gardera quelques petits défauts, comme une carte beaucoup trop sombre (la luminosité du jeu n’étant pas réglable, tout du moins sur PS4), des Hitbox un peu capricieuses, qui, mélangées à l’incroyable animation du pénitent vous vaudra plus d’une mort sur les phases de plateformes et ainsi, un manque de feedback, non pas sur les coups que l’on porte avec Mea Culpa, mais plutôt ceux que l’on reçoit, qui parfois passent complètement inaperçus pouvant provoquer des morts par faute d’inattention de la barre de vie.

Parfaitement exécuté (en dehors des deux petits défauts d’hitbox et de feedback des coups reçus), Blasphemous est une poésie à la perversion religieuse, mené aussi bien par la direction artistique, l’écriture ou la musique de Carlos Viola nous rappelant les heures les plus sombres d’un Tristan tout au long du jeu. En plus de venir parler de religion d’une manière un poil provocatrice, Blasphemous n’en n’oublie pas d’être un excellent jeu, réactif, violent, malin. Un must have de cette rentrée.

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Crim

Intégriste gaucher depuis 1983. Les cailloux: GOTY des armes depuis 2013.

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