Alors qu’une catastrophe écologique assèche la Terre de toutes ses ressources naturelles, une entreprise sur le déclin – la World Space Agency – catapulte un astronaute anonyme sur la lune, pour y explorer les méandres d’une base subitement abandonnée. Initialement chargée d’exploiter une source d’énergie lunaire, ultime chance de survie d’une humanité en déperdition, ladite base a coupé le contact avec la Terre et son personnel semble s’être évaporé. C’est avec ce pitch ultra classique que l’aventure de Deliver Us The Moon démarre ; un scénario aux faux airs d’Interstellar pour sa fable écologique, qui se rapprochera finalement bien plus du très introspectif et solitaire Ad Astra.
Ainsi, Deliver Us The Moon se détache progressivement de son contexte apocalyptique, préférant mettre en avant l’humain dans toute son ambivalence et sa dramaturgie. Si le protagoniste principal ne prend pas une seule fois la parole tout au long du jeu – pendant longtemps son identité est d’ailleurs volontairement rendue ambiguë, tant par sa combinaison ample, que par son casque opaque – il témoigne en revanche des drames personnels de l’équipage de la station, qui s’entrecroiseront avec le destin funeste de la Terre, par l’intermédiaire d’enregistrements audio et holographiques glanés çà et là, au long d’un périple d’environ cinq heures. Dommage toutefois que les thématiques qu’abordent le jeu (la solitude, le huis-clos) soient sabordées par une écriture plate et inégale, pas aidée il faut le dire par un doublage qui manque sérieusement de panache.
C’est finalement dans sa narration environnementale que Deliver Us The Moon puise sa force. Souvent contemplative, et s’entrecoupant de quelques pics d’action bienvenus, celle-ci entretient bien la sensation de dénuement que vit notre astronaute, et cette douce mélancolie qui naît au contact de l’immensité silencieuse de l’espace. La direction artistique connaît ses moments de gloire lors des quelques passages en extérieur, avec une mise en scène tout en suspension, sublimée par une bande-originale planante qui s’inspire de monuments de la composition tels que Max Richter ou Hans Zimmer.