Rapide Critique

STATIONflow

Développeur : DMM GAMES – Éditeur : DMM GAMES
Date de Sortie : 15 avril 2020 – Prix : 14,99 €

Qui a déjà vécu l’expérience d’un voyage souterrain sait combien tout cela peut être, au mieux déconcertant et au pire traumatisant. STATIONflow nous propose de guider les voyageurs dans ce labyrinthe tout en leur proposant divers services afin d’adoucir la pénibilité de cette épreuve.

Thème assez délaissé même aux grandes heures du genre, la gestion d’une station de métro s’avère pourtant être une idée intéressante à transformer en jeu vidéo. Mais là où des titres tels que « Overcrowd: A Commute ‘Em Up » semblent très prometteurs et, dans une autre approche, « Mini Metro » avait su convaincre, STATIONflow, lui, brille par son fort contraste à tout niveau. Autant par le graphisme que le contenu, tout est minimaliste et finalement assez dénué de sens et d’intérêt. Le thème n’est ici qu’un prétexte mal exploité pour simplement fournir un jeu demandant de relier une entrée vers une sortie.

Disons-le tout de suite, le jeu est laid. Un point qui, je l’admets, n’aurait jamais été mentionné si tôt dans cet avis pour tout autre jeu du genre. Les adeptes en ont malheureusement souvent l’habitude et se satisfont généralement d’une faiblesse de ce point de développement, à condition toutefois que les autres traits en soient accrus. Le dernier Dominion, dont l’existence m’est souvent rappelée, en est un des innombrables exemples. C’est là un jeu de 2013 aux graphismes pré-1990 qui brille toutefois par ses nombreuses possibilités qui en font l’un des jeux préférés des rares connaisseurs. STATIONflow a cependant un gameplay au niveau du visuel, qui ne permet plus le pardon. Le tout n’est que vagues formes reconnaissables, sans aucune texture ni particularité. Les voyageurs se ressemblent, les bâtiments ne sont que des blocs, les indications que des flèches abstraites.

Le principe du jeu réside dans le fait de réunir des entrées à votre station vers les quais. Pour cela, il vous faudra construire les plateformes, les escaliers, puis au fil de la progression les escalators et autres ascenseurs. Plus le joueur progressera, plus apparaitront de nouveaux voyageurs, de nouvelles exigences et de nouveaux moyens pour les combler. Les touristes voudront se renseigner via des tableaux d’affichage, les personnes âgées auront besoin d’ascenseurs pour accéder aux différents niveaux, l’ensemble se découvrira l’existence d’une vessie, avec l’envie de la remplir avant la nécessité de la vider. Sur le papier, il y a donc assez peu de reproches à faire et on se situe dans un jeu des plus classiques. La réalisation, en revanche, en est tout autre.

La progression ne se fait principalement que par la volonté du joueur. C’est parce qu’il aura rempli les objectifs, à savoir relier l’ensemble des entrées et des quais présents sur la map et contenter ses voyageurs, que ces derniers auront de nouvelles exigences ou que de nouvelles entrées et quais apparaitront. On se retrouve alors dans un jeu sans réels défis, où le joueur peut, à tout moment, se questionner sur sa mission et le but de ce jeu. À quoi bon continuer ? Pourquoi ne pas garder qu’un seul quai et quelques entrées, si les voyageurs sont heureux ainsi ? À quoi bon construire toujours plus si cela rajoute seulement plus de difficulté ? Là encore, bon nombre de jeux du genre ont une même approche. Cities Skylines ou Planet Coaster, pour ne citer qu’eux en exemple, ne sont pas les plus punitifs et à tout moment le joueur peut s’arrêter ou volontairement freiner son extension. Mais c’est alors une approche contemplative, le jeu perd son approche de gestion pour adopter celle d’un jeu de construction. Celle d’une petite bourgade de campagne sans gratte-ciels et millions d’habitants, ou d’un parc d’attraction, modeste, aux nombreuses décorations et thèmes et grands espaces. Avec de tels graphismes, STATIONflow peut-il prétendre à adopter ce même modèle ?

Et pour les plus courageux souhaitant tout de même remplir les différentes conditions afin de s’imposer de nouveaux défis, les développeurs ne les aident pas plus. S’il parvient à surmonter l’ensemble des défauts, viendra alors s’y ajouter une vue qui ne permet pas de belles constructions pour les plus maniaques d’entre-eux, des plateformes limitées à des blocs rectangulaires avec peu de liberté et aucune courbe, et une interface si sommaire qu’elle n’offre que peu d’indications sur les différents facteurs d’évolution, de bonheur et de finances. Pour l’avoir testé, vous pourrez même supprimer l’ensemble des services et bloquer l’arrivée des trains que vos voyageurs continueront à payer leurs tickets et reviendront chaque jour, sans aucune conséquence pour vous sauf le fait de stopper, un temps, votre progression.

Laid, au faible contenu, aux mécaniques simplistes ou datées, sans aucune difficulté, répétitif et mal traduit, STATIONflow ne m’aura certainement pas convaincu. C’est un jeu bien trop minimaliste pour être seulement proposé même en initiation au genre.

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Gawam

Rédacteur occasionnel perdu dans ses jeux de stratégie interminables, ses découvertes de jeux de gestion, ou la longue liste de RPG qu’il doit encore terminer (et parfois simplement commencer).

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