Critique Vidéo

October Night Games

Développeur : Octobear Knight Games – Éditeur : WhisperGames  – Date de Sortie : 28 octobre 2020

Lire la vidéo

Kickstarté en 2020 avec une obtention de 7700 € sur les 5000 demandés, ce qui est un tout petit budget de rien du tout pour un jeu vidéo, October Night Games sort donc pile pour cet Halloween et n’est autre qu’un jeu de plateau jusqu’à 6 joueurs.

Prêts pour Halloween ?

Deux membres de cultes s’affrontent donc dans cette ville effrayante ou Lovecraft rencontre tous les mythes horrifiques traditionnels. Un groupe, les Changeurs, a pour but d’invoquer les Dieux d’Outre-Tombe alors que les Gardiens vont tenter de les stopper. Problème : dans cette ville, personne ne sait à quel culte appartient son voisin et l’invocation aura lieu lors d’une nuit particulière d’octobre : la nuit d’Halloween. Vous avez donc tout le mois, un jour étant un tour de jeu, pour réussir à invoquer ou empêcher la divination d’entrer dans notre monde.

Au choix du personnage vous pourrez sélectionner plusieurs profils très particuliers, allant de la sorcière au medium en passant par le vampire ou le loup-garou. Chaque personnage aura aussi son familier pour davantage de personnalisation et traits de compétences.

Concrètement, votre but est double. Le premier est de réussir à récolter des ingrédients dans un cimetière, en ville ou dans une forêt très hantée pour parvenir à compléter des rituels d’invocation. Lorsque vous aurez tous les ingrédients, un dieu se pointera et vous donnera un bonus quelconque, allant d’un objet à une compétence en passant par quelques lancers de dés supplémentaires pour les séquences où c’est utile. Sympa !

Vous pourrez crafter certains ingrédients : pour cela, il faut en mélanger trois qui se correspondent. Mais en deux heures de jeu et beaucoup de tentatives, je n’ai jamais réussi à obtenir un objet utile une fois un craft réussi. Bizarre.

Votre autre objectif est de déceler qui des villageois est un Gardien ou un Changeur. Et pour ça il va falloir bien suivre les mouvements que l’on aperçoit pendant les tours, les conséquences sur chacun après l’action d’un tour et surtout, bien suivre les évènements aléatoires qui surviennent en jeu. Ceux-ci permettent quelquefois de faire un choix en fonction de l’évènement narré : on peut alors suivre sa conviction et voir si les autres personnes impliquées dans l’évènement vous suivent en fonction du résultat, ou tenter de jouer le jeu de l’autre camp et en tirer les conclusions utiles à l’enquête.

Plein de petites mécaniques viennent diversifier la partie au-delà de l’enquête. En cherchant des ingrédients, vous pourrez tomber sur des combats à jet de dés. Vous blesser. Devenir un peu fou aussi. Des objets pourront être utilisés, pendant et en dehors des combats. Mais concrètement, se sont vos dès qui feront la différence.

Chaque face de dès correspond à un symbole qui est lié à une compétence : attaque, esquive, trouble mental sur l’ennemi et autres joyeusetés maléfiques seront au rendez-vous et plus vous avez de dès correspondant au symbole de l’action, plus cette action sera forte. Le combat se joue sur un seul tour, le personnage ayant la combinaison de dés la plus forte en trois lancés gagnant le combat. Si l’ennemi est tué, vous récoltez toutes les ressources de la zone sans malus. Si vous le frappez sans le tuer, vous pouvez fuir. Mais attention : si vous perdrez tous vos points de vie, vous pouvez dire adieu à toute action pendant les deux tours qui suivent.

Vous pouvez aussi faire baisser votre zone d’esprit à zéro au quel cas le jeu perdra complètement les pédales et vous obligera à naviguer dans la folie, ne comprenant plus trop ce qui se passe du côté des objets et des rituels.

Solide dans ses règles du jeu, October Night Games est donc intriguant et simple en apparence. Mais sa construction vidéoludique en font un jeu finalement très compliqué à prendre en main.

Déjà, parce qu’il n’a pas ou si peu de tutoriel, tout juste quelques bulles d’aide. Pas d’encyclopédie, pas de règles du jeu condensé dans un menu, rien d’autre que deux modes de jeu : le « vrai jeu » et la « partie rapide » censé nous expliquer les choses mais sans le faire réellement.

Entièrement en Anglais, ce qui n’aidera pas les non-bilingues à s’en sortir davantage, October Night Games propose donc du jeu à six joueurs mais oblige à quelques parties en solo contre l’ordinateur pour espérer comprendre tout des ficelles d’un jeu qui manque cruellement d’accessibilité.

Parfait pour Halloween et les amateurs de jeu de plateau qui ont l’habitude des jeux d’enquêtes, ce monde de Cthulhu effrayant manque donc vraiment de didactique. On nous y plonge sans rien expliquer ou si peu, déroutant la plupart des joueurs, en faisant fuir d’autre, se contentant de faire plaisir à ceux ayant financé le jeu sur Kickstarter et aux plus téméraires et érudits du genre. Cela manque clairement d’ouverture vers le grand public et c’est furieusement dommage. Parce qu’il ne manquait qu’un tutoriel, pour commencer, et parce que ces jeux d’une nuit d’octobre méritait franchement d’être plus simple d’accès.

Picture of Skywilly

Skywilly

Rédacteur en chef collectionneur de Skylanders et qui passe beaucoup trop de temps sur ces briques Lego. Heureusement qu'il y a des petits jeux pour s'évader ! Auteur de Le jeu vidéo indépendant en 2015 : Portraits de créateurs

Laisser un commentaire