Rapide Critique

Mutropolis

Gattu
Publié le 24 février 2021

Développeur

Éditeur

Date de Sortie

18 février 2021

Prix de lancement

19.99 €

Testé sur

PC

Décidément, le point&click futuriste a le vent en poupe ces derniers mois. Après m’être essayé au fastidieux Virtuaverse ou, plus récemment, à la déception Encodya, c’est au tour de l’anonyme Mutropolis de débarquer sur ma vieille bécane. Contrairement à la mode des jeux actuels qui ne savent se représenter l’avenir que comme un agrégat de buildings gargantuesques et déshumanisés, Mutropolis exhibe une identité visuelle bien moins âpre, dont les couleurs bariolées invitent à la gaieté. Pour ce vent de fraîcheur, il convient de féliciter les deux artistes espagnols aux commandes du titre, Juan Pablo González et Beatriz Gascón. Merci à eux donc, de nous prouver qu’il est encore possible de créer un univers science-fictionnel dénué de tout néon mauve ou d’accros à la réalité virtuelle.

L’Histoire est une farceuse. Dans un futur lointain, des humains ayant émigré sur Mars décident de faire une escapade sur une Terre inhospitalière et oubliée de tous. En effet, le contact avec notre planète toute de bleu vêtue a été rompu il y a plusieurs millénaires, suite à un cataclysme d’origine inconnue. Les années ont passé, et les Martiens ont fini par oublier leurs racines, ainsi que les vestiges abandonnés par leurs ancêtres. C’est pourquoi une bande d’archéologues téméraires revient sur Terre, afin de colmater les brèches d’une mémoire mise à mal… mais non sans certaines approximations. Frida Khalo ? Sûrement une reine ayant gouverné une puissante nation. L’insigne d’un shérif ? Juste un shuriken ayant appartenu à un obscur ninja.

Ainsi, Mutropolis s’amuse sans cesse avec les représentations des joueurs en multipliant les clins d’œil à la culture populaire, conférant au titre espagnol une bienheureuse légèreté qui fera sourire à maintes reprises. Rapidement, on se sent à l’aise dans son univers, tout d’abord grâce à son héros — Henry Dijon — sorte de Guybrush Threepwood à la sauce intello, jamais avare en bons mots et estocades verbales. Mais aussi à l’aide de son casting de personnages secondaires bigarrés. De l’acariâtre Cobra à la distraite Carlata, en passant par les geeks Luc et Micro : tous présentent une personnalité marquée et ont quelque chose d’intéressant à nous raconter. Naturellement, le joueur s’approprie le vécu commun de cette bande hétéroclite, comme s’il enfilait de confortables espadrilles.

En revanche, ne vous attendez pas à ce que Mutropolis interroge en profondeur notre vision du monde, il n’est pas là pour ça. Le titre de Pirita Studio préfère nous divertir avec un gloubi-boulga scénaristique qui mélange recherche d’une cité perdue, divinités égyptiennes et romances insoupçonnées. Ce côté décalé est d’ailleurs bien illustré par une direction artistique qui sort des sentiers battus — rappelant vaguement un certain Broken Age — dont le coup de crayon évoque un imaginaire enfantin qui s’avère rafraîchissant.

Niveau jouabilité, Mutropolis s’inspire des chefs-d’œuvre made in LucasArts, rendus célèbres pour leurs combinaisons d’objets loufoques et la sacro-sainte chasse aux pixels. Le titre espagnol ne réinvente donc pas le point&click, mais propose néanmoins un challenge ardu pour les amateurs du genre. Quant aux néophytes, ils pourront toujours zieuter les quelques solutions qui ne tarderont pas à fleurir sur YouTube, afin de ne pas se cramer les méninges face à la difficulté de certains puzzles.

Mutropolis mérite mieux que l’anonymat assourdissant dans lequel il s’apprête à sortir. Entre ses dialogues décapants, son univers original et ses énigmes toujours bien ficelées, le titre espagnol suinte la maîtrise de bout en bout. Puis il y a ce graphisme, qui ose enfin offrir un ailleurs artistique à la science-fiction, trop souvent limitée à une atmosphère qui flirte avec l’apocalypse. Bien sûr, Mutropolis ne satisfera pas les novices du point&click, trop habitués à la tranquillité des ballades interactives servies à la louche cette dernière décennie. Tant pis pour eux, ils passeront alors à côté DU jeu d’aventure de ce début d’année.

THRONEFALL

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