Rapide Critique

Football Manager 2024

Gattu
Publié le 2 novembre 2023

Développeur

Sports Interactive

Éditeur

SEGA

Date de Sortie

6 novembre 2023

Prix de lancement

60 €

Testé sur

PC

Oyez, oyez ! Gentilshommes et damoiselles, la nouvelle cuvée de Football Manager débarque pour mettre à mal votre vie sociale. Des centaines d’heures en perspective, à pester contre de petits bonhommes pixelisés qui se trouent face au but. N’oublions pas au passage les consignes sanitaires basiques : penser à s’alimenter quotidiennement et à changer de sous-vêtements au moins tous les trois jours. Si les précédents opus ouvragés par Sports Interactive avaient rendu un poil plus immersives les phases de mercato et tenté de retravailler les ennuyeuses conférences de presse, certaines langues acérées lui reprochèrent — à raison — un sérieux manque d’audace, pour ne pas dire une fainéantise caractérisée. Alors, ce Football Manager 2024 évitera-t-il le fameux quolibet de « simple mise à jour annuelle de la base de données » ? Très franchement, non.

Petit rappel pour les néophytes : comme son nom l’indique, Football Manager vous place aux commandes d’une équipe de football. Mercato, planification des entraînements, élaboration d’une tactique pointue… On retrouve tout ce qui fait le sel de la vie d’un club, avec ses moments d’allégresse et de turpitude, selon les résultats obtenus. Se reposant sur une expérience vieille de plus de vingt ans, difficile de nier à la licence de SEGA sa qualité de faiseuse d’histoires, ainsi que sa faculté à happer le joueur malgré une austérité incontestée.

Pourtant, depuis plusieurs années, Football Manager ronronne comme un vieux chat pantouflard, et ce millésime 2024 ne vient pas perturber la sieste. Pour commencer, le moteur 3D ne bouge plus d’un iota d’une année sur l’autre. On retrouve les mêmes animations anecdotiques, les mêmes modélisations approximatives. Pire, fâcheuse habitude adoptée il y a des lustres, le jeu va sûrement avoir besoin de moult mises à jour pour rendre les matchs moins frustrants. Cette fois-ci, on ne peut s’empêcher d’être pris d’un tic nerveux en voyant le nombre ahurissant de buts marqués sur des frappes contrées par un défenseur. En outre, on fronce de même les sourcils en zieutant les tirs supersoniques de certains attaquants, suivis d’arrêts tout aussi irréalistes de la part des portiers. Pour dire, on a quelquefois dû mal à déchiffrer l’action qui se déroule, et on passe par la case commentaires pour mettre du sens sur ce joyeux bordel.

Si l’on peut comprendre la frilosité de Sports Interactive à chambouler son moteur graphique — les puristes se souviendront du passage de la série à la 3D, qui ne s’est pas opéré sans heurts — on reste en revanche surpris du peu d’effort déployé pour électrifier l’atmosphère des stades. Chants de supporters aux abonnés absents, bourdonnement désagréable lors d’actions anodines, cris de joie moroses dès qu’un but est inscrit… Rendre les matchs plus vivants ne semble pourtant pas hors de portée du savoir-faire des équipes de Sports Interactive. Après tout, certains mods confectionnés par des amateurs y arrivent sans difficulté.

En parlant de manque d’immersion, l’exercice des conférences de presse, malgré une refonte il y a quelques opus, reste inintéressant. La faute à aux sempiternelles questions des journalistes, auxquelles on répond sans réfléchir. Ce travers se retrouve dans le coaching même de nos troupes, qui réagissent négativement à beaucoup de nos encouragements. Alors, le temps de quelques heures, on tâtonne pour déceler les répliques qui percutent positivement nos joueurs, et on applique ensuite la formule ad vitam æternam.

N’en déplaise à certains grincheux — dont votre serviteur fait partie —, la structure de Football Manager reste irréprochable, ou presque. Pourtant, la saga de Sports Interactive aurait bien besoin de sortir un peu de sa zone de confort, afin de relancer un mouvement vers l’avant vertueux. En effet, difficile de voir la différence entre cette cuvée 2024 et celle de l’année précédente, tant peu de choses ont changé. Même moteur 3D, même ambiance sonore durant les matchs, même gestion de transferts, des entraînements, des conférences de presse… Reste la base de donnée mise à jour, et encore, avec quelques erreurs. 60 euros pour si maigre, la pilule devrait normalement avoir du mal à passer. Mais c’est sans compter sur l’absence totale de concurrence, qui laisse Sports Interactive dans un fauteuil très confortable nuisant à son innovation. Le changement, ce n’est pas maintenant.

THRONEFALL

Bâtir et défendre son royaume

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