Joli mais aspect stratégique trop léger
Rapide Preview
THRONEFALL
Développeur
GrizzlyGames
Éditeur
GrizzlyGames
Date de Sortie Prévue
2 août 2023 (Accès anticipé de six mois à un an d'après le studio)
version testée
0.98
Testé sur
PC
En avril 2020, tandis qu’une partie du monde se confinait progressivement à cause de l’épidémie de COVID-19, un certain Islanders au charisme tranquille avait réussi à convaincre nombre de joueurs se cherchant une soupape anxiolytique. Sorte de city-builder à l’allure colorée, le premier titre du studio indépendant GrizzlyGames avait joué la carte de la simplicité pour séduire. Alors rebelote : avec Thronefall, nos développeurs tentent une nouvelle épure au service du gameplay, en mettant en avant une atmosphère néanmoins différente de leur précédent produit, avec un défi plus relevé et crispant. Si c’est sous la forme d’un accès anticipé que la production berlinoise a atterri entre nos mains, on peut déjà affirmer, sans se tromper, que celle-ci sera une réussite.
Au sein d’un royaume jamais nommé, une fois la nuit tombée, un monarque tente de protéger ses ouailles face à des hordes de monstres et brigands. C’est à partir de ce postulat basique que Thronefall déploie son génie. Empruntant à la fois au tower defense, au city-builder, à la stratégie, ou encore au hack and slash, le titre allemand se sépare en deux phases distinctes selon que le soleil brille dans le ciel ou non. La journée, notre bon régent (le joueur) s’échine à construire sa cité sur des emplacements prédéfinis : tout d’abord le château, place fortifiée qui ne saurait tomber sauf à voir apparaître le game over, puis des bâtisses qui viendraient appuyer notre économie — maisons, moulins, mines d’or, etc. — ou au contraire notre armée — murailles, tours et casernes. Au joueur de trouver le juste équilibre entre un revenu conséquent et des forces vives à même de s’adonner à l’art de la guerre.
Car lorsque la pénombre inonde notre terre, les choses se corsent. Des vagues d’envahisseurs déferlent sur notre fief et on croise les doigts pour que nos défenses tiennent bon. Là où Thronefall se montre malin, c’est que nous savons par avance la composition de l’armée de notre adversaire — cavalerie capable de se projeter rapidement sur notre base ; monstres pouvant se la jouer kamikazes sur nos remparts ; archers nous harcelant à distance… — mais aussi d’où celui-ci va déclencher l’invasion. Le titre se mue ainsi en casse-tête dans lequel il faut optimiser le placement de ses unités — avec un système de forces et faiblesses comme dans un pierre-papier-ciseaux — et de ses bâtiments pour éviter d’être débordé. Puis, lorsque la situation devient critique, on peut lancer notre avatar dans la mêlée pour tenter de colmater les brèches.
La prise en main de Thronefall se fait très naturellement. D’une pression de touche on construit un bâtiment, d’une autre on ordonne à nos soldats de nous suivre, d’une dernière on met des claques à nos ennemis. Bien sûr, il existe encore quelques accrocs — on pense à l’IA de nos spadassins, un peu perfectible —, mais dans l’ensemble la fluidité que dégage l’œuvre de GrizzlyGames — aussi incarnée par une direction artistique qui va droit au but — se montre admirable, avec un concept à la fois simple à appréhender, mais faisant par ailleurs étalage d’une réelle profondeur. En effet, si Thronefall s’avère facile à finir la première fois et donc à la portée de n’importe quel rookie, il met en revanche à notre disposition toutes sortes de défis venant durcir l’expérience. Ennemis plus nombreux, plus résistants, plus rapides… et voilà que l’on doit de nouveau se creuser la tête pour élaborer une stratégie efficace dans des combats que l’on pourrait imaginer perdus d’avance.
Malgré son statut d’accès anticipé, on entrevoit déjà les nombreuses qualités qui pourraient faire de Thronefall une œuvre excellente. Si sa structure doit rester inchangée, les développeurs ont prévu d’ajouter de nouvelles missions, d’étoffer le bestiaire, de créer d’autres armes et atouts. Pour un jeu qui se montre d’ores et déjà profond, on en salive d’avance. Bien sûr, quelques imperfections seront à corriger d’ici à sa sortie — les prises de décision de nos troupes, quelque peu erratiques, ainsi que la musique, pour l’instant composée… d’une seule piste —, mais on sent que Thronefall emprunte un sentier dégagé vers le succès.