Preview / Aperçu

Tinykin

Gattu
Publié le 19 février 2022

Développeur

Splashteam

Éditeur

Date de Sortie Prévue

Été 2022

Version Testée

Alpha build février 2022

Testé sur

PC

Un astronaute riquiqui évoluant dans des décors gigantesques, des créatures amicales qui le suivent à la trace et l’aident dans sa quête… ouais, Tinykin aura bien dû mal à renier son héritage ruisselant du mythique Pikmin. Une comparaison pourtant (presque) maladroite, puisque contrairement à la saga du géant Nintendo, ici notre héros ne s’amuse jamais à dégommer la faune et la flore locale. En effet, Tinykin se présente avant tout comme un jeu de plates-formes pacifiste, donc dénué de tout combat. Rien d’étonnant lorsqu’on connaît le savoir-faire de la Splashteam, déjà aux manettes d’un certain Splasher, plateformer 2D réputé pour sa nervosité endiablée et son level design impec. Pas avare en ambition, le studio français confectionne cette fois-ci un titre en trois dimensions, qui espère bien marquer les fanas d’œuvres vidéoludiques qui s’intéresseront à lui. Après avoir posé nos paluches une paire d’heures sur sa version alpha, on peut d’ores et déjà le crier haut et fort : Tinykin est loin d’avoir un potentiel miniature.

Chérie j'ai rétréci le gosse

Dans un futur lointain, Milodane, vaillant astronaute à la tignasse rose bonbon, débarque sur une planète Terre désertée d’êtres humains et figée au début des années 1990. Pire, notre protagoniste se rend vite compte qu’il est devenu minuscule — plus précisément de la taille d’une fourmi — tandis qu’il arpente une demeure aux proportions démesurées. Livres géants, guitare gargantuesque, étagères faisant office de sommets montagneux, voilà le terrain de jeu qui attend Milo. Heureusement, celui-ci sera aussitôt pris sous l’aile protectrice de Ridmi, créature velue ayant une forte appétence pour la science, qui tente elle aussi de percer les mystères de cette bâtisse abandonnée.

En réalité, la demeure n’est abandonnée qu’à première vue, car une population d’insectes (doués de parole) s’attelle à lui insuffler un soupçon de vie. Punaises aux pattes musclées, mantes religieuses considérées comme « folles » et libellules pas avares en bondieuseries, c’est toute une microsociété qui s’est organisée à l’insu de l’humanité. Ainsi, l’ouïe d’une guitare se voit transformée en bar clandestin, une boite en carton en agence postale et un arbre à chats en restaurant. Cet anthropomorphisme est appuyé par de petites saynètes bourrées d’humour, où l’on découvre qu’un savant qui habitait jadis la maison est aujourd’hui vénéré telle une divinité, alors que la musique émanant d’une chaîne hi-fi devient un chant sacré. Enfin, Milo rencontrera les Tinykins, ces boules colorées qui lui collent aux basques pour lui prêter assistance.

Effectivement, si le monde de Tinykin s’avère auréolé d’une atmosphère décontractée, il n’en reste pas pour autant dénué d’obstacles. Pot de fleurs à déplacer pour dégager un passage ou lettre géante à poster sont autant de tâches que Milo ne peut accomplir seul. Le jeune garçon doit alors mettre la main sur les Tinykins éparpillés dans la maison, afin de progresser dans sa quête. Problème, ces petits monstres ont tendance à se planquer dans des endroits farfelus, qui ne s’imposent pas à la vue de notre héros. Au joueur d’aiguiser son sens de l’observation, tandis qu’il louvoie dans cette maison à la verticalité retorse et au level design aux petits oignons. Pour mieux se mouvoir, Milo dispose de deux objets bien utiles : un savon qui fait office de planche de skate, lui donnant un gain de vitesse ; et une bulle qui lui permet de léviter, pour atteindre des endroits autrement inaccessibles.

Space oddip'tit

Seuls deux types de Tinykins se montrent disponibles dans cette démonstration — contre cinq dans la version définitive. Il y a les roses, capables de déplacer les plus lourds objets. Puis les rouges, qui explosent au contact des surfaces fragiles, faculté indispensable pour déblayer certains chemins obstrués. D’une simple pression de joystick – on vous conseille fortement de jouer à la manette – Milo peut se saisir d’un Tinykin, viser un obstacle, et lancer la pauvre créature pour qu’elle s’attelle à la corvée. Grâce à une maniabilité sans anicroche, on épouse rapidement les mouvements de notre avatar. On pourra tout juste reprocher quelques rares caprices à la caméra, lorsqu’elle se rapproche un peu trop de Milo.

Malgré ses grandes qualités, un doute subsiste quant à la difficulté du titre. Bien que Tinykin se montre coquin lorsqu’il joue à cache-cache avec ses objectifs secondaires — les habitants de la maison proposeront moult quêtes facultatives à Milo —, les énigmes à résoudre liées à la trame principale s’avèrent très simplistes. Généralement, il suffit à notre héros de mettre la main sur un certain nombre de Tinykins pour progresser, sans que ses méninges soient réellement éprouvées. Ainsi, si l’on néglige les considérables à-côtés qu’offre le soft français — ce qui serait, on en convient, dommage —, la première mission de cette alpha peut se boucler en à peine trente minutes. Une accessibilité qui ravira les néophytes ou les plus jeunes d’entre nous, mais qui pourrait laisser sur le carreau les amateurs de challenge plus ardus.

Ne boudons pas notre plaisir, il serait triste d’ignorer les aventures de Milo à cause d’une difficulté effacée. Rien que pour sa patte artistique, Tinykin mérite le coup d’œil. L’univers peint par la Splashteam flatte la rétine, avec son hommage chaleureux aux années 90 et aux dessins animés de notre enfance — tout du moins si vous êtes déjà un vieux baroudeur. Ensuite, viennent ce look coloré et ces personnages aplatis comme dans un certain Paper Mario, qui confèrent au jeu une tonalité « feel-good » avec un fort goût de reviens-y. Finalement, seul le traitement de notre avatar pose question. Mise à part sa chevelure Malabar, Milo garde une allure très générique, sans identité vraiment affirmée. Mais peut-être n’est-ce là qu’un moyen pour les développeurs, de nous dire que leur univers prime sur l’individualité.

 Pas de doute, Tinykin exhibe déjà des qualités qui peuvent lui permettre de devenir LE jeu de cette année 2022. Il y a ce monde construit par la Splashteam, original et foisonnant d’humour. Puis ce level design ciselé, qui s’émancipe d’un certain Pikmin en comptant sur une verticalité vertigineuse. Si on ajoute à cela une maniabilité plus propre que l’intérieur d’un maniaque du ménage — à quelques rares mouvements de caméra près —, alors on dispose de tous les ingrédients pour mettre en appétit le féru d’exploration qui sommeille chez de nombreux joueurs. Qu’il sera long d’attendre cet été pour essayer la version finale du titre français !

THRONEFALL

Bâtir et défendre son royaume

Laisser un commentaire