Rapide Critique

Wandering Sword

Gattu
Publié le 7 octobre 2023

Développeur

The Swordman Studio

Éditeur

Spiral Up Games

Date de Sortie

14 Septembre 2023

Prix de lancement

24.50 €

Testé sur

PC

Il n’est pas peu dire que les relations entre le jeu vidéo et la Chine demeurent tumultueuses. Pour être autorisée à la vente, chaque œuvre doit respecter un cahier des charges pointilleux, qui ne saurait détourner les masses des valeurs brandies par le Parti Communiste au pouvoir. Assurément un frein à la créativité, durant plusieurs décennies les développeurs chinois ne se risquaient qu’à sortir de modestes jeux de rôle sans envergure et à l’enrobage ultra générique. Pourtant, dernièrement, le paradigme a changé. Sans même s’attarder sur la future grosse production Black Myth : Wukong, des titres comme My Time at Portia, Dyson Sphere Program ou Genshin Impact s’émancipent des frontières pour atterrir entre des mains occidentales avides de nouveaux produits. Aujourd’hui, c’est un petit indé qui tente la pérégrination vers l’ouest, à grands coups de sabre aiguisé et de techniques martiales ancestrales. Wandering Sword, son nom, se vendre, sa mission.

Jeu de rôle tactique développé par The Swordman Studio, Wandering Sword nous immerge dans une Chine impériale où le meurtre et le crime organisé s’avèrent florissants. Une période chaotique donc, où différentes sectes — entendez par là des cultes religieux pratiquant un art martial particulier — se partagent un pouvoir chancelant. Wandering Sword s’inspire du genre littéraire Wuxia, mélangeant faits historiques et héroïsme fantaisiste. Les Trois Royaumes en est un exemple, Au bord de l’eau un autre. Ici, on incarne Yuwen Yi, jeune homme embauché dans une mission d’escorte qui ne se passera pas comme prévu. En un claquement de doigts, le voilà impliqué dans une quête de vengeance qui l’emmènera barouder aux quatre coins du monde, exhibant l’acier de son sabre à qui lui chercherait des noises.

Sans conteste, les scénaristes ont réalisé un gros travail pour retranscrire l’atmosphère de cette Chine fantasmée, entre intrigues politiques et dramaturgie plus intime. Néanmoins, nous voilà vite assommés par une myriade de noms de personnages, de cultes, de lieux, dont il nous manque le référent culturel, pour peu que l’on ne se soit jamais intéressé aux quatre romans fondateurs de la Chine traditionnelle. À cela s’ajoute une traduction vers l’anglais médiocre — l’effort de localisation reste louable —, certes compréhensible, mais sans mordant ni relief, et qui passe parfois à côté de la tonalité très tragique de certains événements. Mais le joueur qui ignorera cet écueil fâcheux pourra profiter d’une histoire aux ramifications complexes et à l’univers travaillé.

Autrement, Wandering Sword se présente comme un jeu de rôle tactique où l’on dirige jusqu’à quatorze combattants sur un damier. Nos guerriers peuvent se spécialiser dans les différentes écoles d’arts martiaux à disposition, leur ouvrant la voie à des attaques plus ou moins puissantes, de zone ou non. Assez répétitifs sans être déplaisants, les affrontements manquent de profondeur tactique et de panache. Certaines quêtes récupérées dans les nombreux villages qui parsèment les Terres du Milieu empruntent au style FedEx — aller tuer 5 serpents dans une cave, collecter telle quantité de bois — d’autres se montrent mieux scénarisées, plus intéressantes.

Déployant un monde ouvert avec son lot de grottes, villes et grandes étendues à explorer, Wandering Sword propose pas mal d’activités annexes, du craft, et la perspective de recruter n’importe quel habitant de son univers grâce à un système d’affinités dans lequel on doit offrir quelques cadeaux à son prochain. Toutefois, ce qui rend la prospection agréable, c’est ce pixel-art alléchant, en HD-2D, évoquant directement (avec moins de finesse) les deux opus d’Octopath Traveler. Un style graphique qui octroie des possibilités de mise en scène attrayantes, et qui se marie parfaitement avec la thématique de la Chine médiévale.

Sans verser dans l’excellence, Wandering Sword s’avance comme un représentant sympathique de la scène vidéoludique chinoise, aux atours alléchants grâce à la HD-2D qui sied bien à la Chine impériale. Une histoire sombre, complexe, mais parfois trop dense, confuse, et hélas munie d’une traduction perfectible. Une jouabilité pleine de bonnes idées, néanmoins répétitive, avec des combats manquant de profondeur. Une œuvre donc correcte, sobre, ne tapant pas dans l’œil, qui reste toutefois un galop d’essai encourageant pour ce petit studio.

THRONEFALL

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