Rapide Critique

The Excavation of Hob’s Barrow

CactusSinger
Publié le 8 octobre 2022

Développeur

Cloak and Dagger Games

Éditeur

Wadjet Eye Games

Date de Sortie

28 septembre 2022

Prix de lancement

12.49 €

Testé sur

PC

Deuxième moment marquant dans le petit monde du Point & Click en seulement 2 semaines. Alors que Return to Monkey Island, un nouvel épisode de la mythique série réalisée par Ron Gilbert et Dave Grossman, est finalement sorti après 30 ans d’attente, voici que le très apprécié studio Wadjet Eye Games (Blackwell, Technobabylon, Unavowed) de Dave Gilbert, aucun lien de parenté, responsable de plusieurs des jeux d’aventure les plus marquants de l’ère « moderne » du Point & Click, décide de faire équipe avec les britanniques de Cloak and Dagger (The Legend of Hand, Football Game) et de publier leur nouveau titre, The Excavation of Hob’s Barrow (anciennement connu sous le nom d’Incantamentum). Autant dire que l’attente et la curiosité étaient de mises pour la sortie de ce jeu d’aventure narratif horrifique.

C’est en pleine Angleterre période Victorienne que vous incarnerez l’antiquaire Thomasina Bateman, une jeune femme dont la passion et activité principale, inculquée par son riche père, consiste en la découverte et les fouilles de tumulus, ou « Barrow » en Anglais, un terme d’archéologie désignant des sépultures recouvertes de terre et de pierres formant des buttes artificielles. C’est suite à plusieurs échanges par courrier avec un certain Leonard Shoulder que notre héroïne se voit « invitée » pour l’excavation de Hob’s Barrow. Notre Lara Croft Victorienne se retrouve donc fraichement débarquée dans la charmante bourgade de Bewlay, un village reculé au fin fond de l’Angleterre en plein milieu des « moors », ou tourbières, qui consistent en d’immenses étendues vertes quasi désertiques. Un village d’ailleurs pas vraiment habitué à voir des étrangers débarquer et où les habitants voient, pour la plupart, la construction de la nouvelle gare d’un très mauvais œil.

Et c’est probablement la première chose qui va vous marquer dès le début de l’aventure. Le jeu ne prend aucune pincette avec la retranscription de son lieu et son époque. Si Thomasina semble venir d’une famille plus qu’aisée et ayant eu le droit à une éducation stricte, ce n’est pas vraiment l’ambiance locale. Dès votre arrivée vous ferez face à une xénophobie ambiante bien marquée. Dans ce village où tous les habitants se connaissent, vous serez vite repérée, et serez accueille par une forte méfiance quand on vous ne dira pas clairement que vous n’êtes pas la bienvenue et de rentrer chez vous. Charmant… Enfin d’autres spécimens un peu trop enivrés de bière locale vous réserveront à l’inverse un accueil un peu trop insistant… Un premier contact compliqué pour Thomasina, qui ne va pas aller en s’améliorant alors que, en plus de la pluie et du brouillard, le fameux Léonard l’ayant invité semble avoir disparu. Pire, personne ici ne semble avoir entendu parler de Hob’s Barrow, à moins que personne ne veuille en parler… Une autre caractéristique des petits villages reculés étant qu’ils peuvent être un poil superstitieux.

Cloak and Dagger nous offre ici un jeu à l’ambiance assez unique. L’aventure est enrobée d’une couche d’irréel ou de surréaliste suggéré, et est parfois marquée par des moments plus horrifiques qui pourraient rappeler The Last Door par exemple. On est assez loin du niveau d’horreur de celui-ci cependant, The Excavation of Hob’s Barrow misant plus sur une ambiance où l’horreur reste en fond sans être l’élément principal sur une bonne partie du jeu. En parlant d’ambiance, c’est justement là le gros point fort du titre. Malgré des graphismes assez classiques faits de pixels relativement gros (par rapport aux cadors du pixel art) qui restent toutefois très agréables à regarder, on se sent très rapidement immergé dans son univers, principalement grâce à une réalisation audio excellente. Les bruitages d’ambiance (comme la pluie par exemple) sont omniprésents, la musique se veut discrète pour toujours coller à l’ambiance, et surtout, les doublages sont d’une très grande qualité pour la quasi-totalité. On a l’impression d’y être et tous les personnages paraissent crédibles. Mention spéciale à l’actrice doublant le personnage principal. C’est un régal d’écouter les dialogues, ce qui est forcément un point extrêmement important dans un jeu d’aventure narratif tel que celui-ci. On note également que Cloak and Dagger renforce l’ambiance de son jeu en faisant appel à de très nombreux gros plans et animations qui, s’ils peuvent paraître étranges au premier coup d’œil, sont au final vraiment réussis, et font presque office de récompense et apportent un vrai plus au rythme de l’histoire.  

Niveau gameplay le jeu reste dans du classique assez old school, mais avec toutes les améliorations de qualité de vie qu’on peut attendre d’un Point & Click moderne. Changer d’écran rapidement en double cliquant sur sa destination, possibilité de voyager rapidement vers une destination déjà visitée et la toujours très appréciée « Todo list ». On n’est pas encore au niveau d’inventivité et de confort que pouvait apporter un Return to Monkey Island mais on reste sur du très bon pour le genre. The Excavation of Hob’s Barrow est de plus un jeu qui maitrise son rythme faisant en sorte de ne presque jamais bloquer le joueur. On notera peut être quelques passages où malgré la « Todo list » les objectifs immédiats ne sont pas très clairs et il faudra tourner un peu pour déclencher le bon script qui vous permettra d’avancer. Quoi qu’il en soit, le titre de Cloak and Dagger propose une approche plus narrative que basée sur les puzzles et énigmes. À l’exception peut-être de la dernière partie du jeu proposant elle plus d’énigmes. Mais rien d’insurmontable toutefois, on reste dans l’ensemble dans un jeu très abordable. À noter cependant que le jeu n’est disponible qu’en Anglais uniquement (voix et textes).

The Excavation of Hob’s Barrow nous livre donc une aventure proposant une ambiance emplie de mysticisme, envoûtante et parfois oppressante, au cœur de l’Angleterre victorienne. Le tout est porté par une sound design parfaitement maitrisé que ce soit au niveau de la musique, des bruitages ou du sublime travail de doublage. Tout est fait pour nous immerger dans le folklore de ce village reculé d’Angleterre, et force est de constater que c’est une réussite totale de ce côté. On est complétement emporté par l’ambiance dès les premiers instants, et on est poussé par la curiosité d’en découvrir toujours plus, quels que soient les obstacles sur la route de Thomasina. Une grande réussite pour un jeu qui nous rappellera tout de même que parfois, comme disent nos amis Anglais, « some stones are better left unturned ».

Pixel Noir
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Du JRPG, du Polar, et des bugs

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