Critique

An English Haunting

CactusSinger
Publié le 30 mai 2024
An English Haunting

Développeur

Postmodern Adventures

Éditeur

Postmodern Adventures, enComplot

Date de Sortie

15 mai 2024

Prix de lancement

13,99 €

Testé sur

PC

Nouvelle sortie Point & Click plutôt attendu de cette cuvée 2024, An English Haunting vise à nous embarquer au-delà du réel. À la recherche de monde parallèle, dans le Londres du début du XXᵉ siècle, le jeu de Postmodern Adventures, à qui l’on doit aussi Nightmare Frames, nous emmène dans une aventure horrifique.

À Londres, au début des années 1900s, le Professeur Patrick Moore, meilleur professeur de médico-légale de Grande-Bretagne, est aussi co-fondateur du département de recherche métaphasique de son université. En d’autres termes, il veut utiliser la méthode scientifique pour tenter de prouver l’existence des fantômes, et plus largement, de l’au-delà. Un ghostbuster avant l’heure donc, jurant par la science pure, et abhorrant les charlatans ou autre faux médiums. 

Mauvaise journée pour le gentilhomme Londonien, cependant, son collègue et co-fondateur du département, le Professeur Ward, a disparu. Pire, il est accusé d’avoir volé une large somme d’argent destinée à l’université. Furieux, le régent de l’université lui donne alors 72 heures pour prouver l’existence de l’au-delà, ce que personne n’a réussi à faire jusque-là, sans quoi, il fermera tout bonnement son département. Bien évidemment, il va falloir partir sur les traces du Professeur Ward, le seul à pouvoir l’aider dans cette tâche impossible, afin de comprendre ce qu’il s’est réellement passé.

Vous l’aurez compris, et c’est dans le titre également, An English Haunting veut raconter une histoire centrée sur la thématique de l’horreur. Non pas qu’il s’agisse à proprement parler d’un jeu d’horreur, les moins courageux, comme moi, peuvent se rassurer, mais plutôt d’une aventure explorant les thèmes de l’horreur. À ce titre, An English Haunting est ultra-référencé, et on sent tout l’amour de José Maria Mélendez, la personne derrière Postmodern Aventure, pour le genre. On retrouvera quelques subtiles (d’autres, moins) références, et apprendra aussi beaucoup sur la littérature du genre, un quiz étant même disponible en jeu pour obtenir un achievement

On reste donc loin de l’ambiance oppressante d’un The Last Door, par exemple, lors de la quasi-totalité de l’aventure, qui prend plus la forme d’une enquête et d’un mystère à résoudre sur fond de surnaturel, et reste plus proche d’un The Excavation of Hob’s Barrow. On trouvera cependant quelques scènes horrifiques, et notamment sur la fin de l’aventure, certaines qui pourront d’ailleurs rappeler aux connaisseurs la très connue mission de L’Ocean House Hotel de Vampire: The Masquerade – Bloodlines.

Au delà de nos attentes

Ce qu’on retiendra principalement, c’est que An English Haunting parvient dès le début à nous plonger tête la première dans son aventure. Postmodern Aventure est parvenue à créer une ambiance prenante, au plein cœur du Londres du début du XXᵉ siècle, plus réel que jamais, et poussant le joueur à avancer pour en savoir plus. C’est une véritable réussite, et l’habillage sonore vient renforcer le tout, avec des musiques stressantes quand la situation le demande, ou des chansons d’époque jouant sur les gramophones, comme l’opéra Carmen par exemple.  De plus, le tout est complété par une excellente qualité d’écriture. Chaque personnage s’exprime conformément à ce qu’on pourrait attendre de sa classe sociale de l’époque, ou à son origine, et surtout, selon leur personnalité. Bien qu’il n’y ait pas de doublage, on croirait presque entendre les personnages, et les textes parviennent magnifiquement à les rendre vivants et crédibles.

Un soin d’écriture particulièrement apprécié dans ce genre de jeu d’aventure, où celle-ci est justement le réel focus, plus que les énigmes elle-mêmes. De ce côté-là, on est dans la lignée des classiques de Wadjet Eyes Game, comme les derniers Blackwell ou The Excavation of Hob’s Barrow par exemple, en proposant suffisamment d’interactivité et de challenge pour sentir qu’on a fait marcher un minimum nos cellules grise pour résoudre les énigmes, mais sans jamais être trop déséquilibré et bloquer le joueur longtemps. Ça ne veut pas dire que le jeu est trop facile non plus, vous pourrez parfois buter sur la prochaine action à réaliser, mais en général, un peu de recherche finie par vous débloquer assez rapidement, malgré l’absence d’une touche révélant les objets avec lesquels on pourrait interagir. 

Bien évidemment, vu le thème, vous aurez le droit à quelques énigmes un brin macabres, comme devoir trouver des yeux pour un cadavre. Si la première partie du jeu est assez linéaire en termes d’objectif, bien qu’il y ait plusieurs endroits à visiter, ça s’ouvre un peu plus par la suite avec un long passage dans lequel vous aurez trois objectifs principaux, bien qu’interconnectés, vous demandant chacun de visiter plusieurs lieux.

An English Haunting vous fera d’ailleurs visiter divers environnements de Londres, dans un très joli pixel art, que ce soit le classique, ou le bien moins fréquentable pub, l’université, ou encore une maison potentiellement hantée… Le jeu est d’ailleurs assez généreux dans ses environnements, et on aura également l’occasion de voyager hors de Londres pour une partie de l’histoire. Mais je n’en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher la découverte, si ce n’est que vous aurez l’occasion de rencontrer, et d’incarner l’espace d’un instant, une célébrité de l’époque.

Vous l’aurez compris, An English Haunting est une belle réussite. Le titre de Posmodern Adventure démontre une maitrise quasi-totale de son sujet à tous les niveaux et s’inscrit certainement dans ce qui se fait de mieux dans le genre. Que ce soit son écriture, ses personnages ou la progression et le rythme proposé, tout s’enchaine dans un flux cohérent, si bien qu’il est difficile de lâcher l’aventure. On a en tout cas hâte de voir les prochaines productions du studio. 

Pixel Noir
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