À réserver aux aficionados de point’n click
Rapide Critique
Children of Silentown
Développeur
Elf Games, Luna 2
Éditeur
Daedalic Entertainment
Date de Sortie
11 janvier 2023
Prix de lancement
20 €
Testé sur
PC
En 2016, le studio Elf Games se faisait remarquer sur la scène vidéoludique indépendante avec une réécriture du conte de la Belle au bois dormant. Little Briar Rose offrait une identité visuelle affirmée, à base de vitraux aux couleurs chamarrées, hélas desservie par une jouabilité réduite à sa plus simple expression. Pas démotivés pour un sou, nos valeureux développeurs reviennent avec une toute nouvelle production — en réalité une coproduction, puisqu’ils se sont pour l’occasion associés aux Italiens de chez Luna 2 — dont le nom, Children of Silentown, évoque d’emblée une ambiance onirique. Un point&click qui propose lui aussi une direction artistique singulière, à mi-chemin entre un dessin animé de Tim Burton et le coup de crayon d’un Don’t Starve.
Silentown a tout du petit paradis caché. Des résidents paisibles, des maisons pittoresques et une nature à portée de main. Pourtant, lorsqu’on arpente ses venelles, on se rend rapidement compte qu’un parfum de mélancolie flotte dans l’air. De nombreux portraits d’adultes et enfants disparus ornent tristement les murs des habitations, quand ce ne sont pas des pleurs discrets qui hoquètent au détour d’une ruelle. C’est dans cette atmosphère étrange que Lucie essaie de grandir, tâchant d’obéir aux quelques règles édictées par ses parents : ne pas faire trop de bruit, ne pas sortir de son foyer la nuit, et surtout ne jamais s’aventurer dans la forêt qui encercle le village. Car dans l’ombre des chênes et des cyprès rôdent des créatures malveillantes, qui n’hésitent pas à enlever les promeneurs inconscients. Malgré une conduite à tenir connue de tous, Lucie verra un de ses proches disparaître du jour au lendemain. La jeune fille se retrousse alors les manches et décide d’enquêter.
Le nouvel opus de Elf Games se présente comme un jeu d’aventure très classique, avec ses (rares) objets à trouver et à combiner entre eux, ainsi que ses casse-têtes à résoudre. En toute honnêteté, Children of Silentown ne fait pas preuve d’une grande audace dans son gameplay. Les énigmes se montrent faciles à élucider, les dialogues s’avèrent peu nombreux, et finalement le titre se trace plus ou moins en ligne droite. Seule originalité, Lucie dispose d’un pouvoir qui la rend capable de sonder l’esprit des personnes rencontrées. L’occasion d’assister à une saynète assez poétique qui met en exergue leurs blessures intérieures, puis de voir apparaître un mini-jeu dans lequel on doit cicatriser ces dernières. Même si notre héroïne débloquera par la suite de nouvelles aptitudes (calquées sur un principe similaire), ce type de puzzle se répète à de multiples reprises durant l’aventure et peine à se renouveler.
Finalement, c’est surtout grâce à son graphisme pastel que Children of Silentown capte notre attention. Les dessins faits main des artistes de chez Elf Games instiguent efficacement une ambiance triste, mortifère. Mention spéciale aux yeux sans vie des différents protagonistes, qui nous donnent l’impression de nous promener dans un village fantôme. Si le langage symbolique du titre italien se montre parlant, sa narration n’est en revanche pas épargnée par les maladresses. Le scénario peine à mettre en place ses enjeux, à cause d’un rythme d’une lenteur inouïe et des dialogues assez platoniques. Cette platitude se retrouve côté musique : si elle ne manque pas de charme malgré un manque de relief, des boucles bien trop courtes la rendent entêtante, agaçante.
Des qualités, Children of Silentown en a : une identité artistique forte qui illustre parfaitement ce conte macabre ; une ambiance sombre qui attise très vite la curiosité. Toutefois, passé l’émerveillement de la première heure, on se heurte à une jouabilité peu profonde ainsi qu’à une histoire qui peine à prendre son envol, la faute à un rythme ronronnant. De belles idées, mais une exécution qui manque de maturité, voilà comment l’on pourrait résumer le nouveau titre de chez Elf Games et Luna 2.
Joli mais aspect stratégique trop léger