Critique

Children of the Sun

Nyam Hazz
Publié le 27 avril 2024
Children of the Sun

Développeur

René Rother

Éditeur

Devolver Digital

Date de Sortie

9 avril 2024

Prix de lancement

14,79 €

Testé sur

PC

Petit jeu indépendant signé du berlinois René Rother et édité par Devolver Digital, uniquement sur PC (Steam), Children of the Sun est un tactical puzzle-shooter surréaliste où l’on suit une tireuse d’élite douée de pouvoirs de télékinésie. Une proposition originale à laquelle on ne pouvait que s’intéresser.

Esteban, Zia, Tao, les Cités d’Or

Enrôlée dans la secte Children of the Sun avec ses parents, celle que l’on appellera la fille, faute de connaître son nom, s’est retournée contre ses anciens camarades. Il faut dire que le gourou sadique qui dirige l’organisation est adepte des sacrifices et n’a pas hésité à faire passer de vie à trépas ses géniteurs lorsqu’ils s’y sont opposés. Depuis, elle l’a un peu en travers de la gorge, et n’a plus soif que de vengeance. Et grâce aux pouvoirs mystiques dont elle est dotée, Il vaut mieux ne pas trop miser sur le camp adverse. Cachée derrière un masque macabre, elle va ainsi traquer chaque fanatique afin de les exterminer jusqu’au dernier et atteindre enfin celui qui les dirige tous. Sa chasse s’achèvera avec sa mort et peut-être alors, peut-être seulement, pourra-t-elle retrouver la paix.

La trame scénaristique est on ne peut plus limitée et l’on n’en apprendra pas bien plus sur qui que ce soit. Difficile donc de faire vraiment preuve d’empathie, mais là n’est pas le but. Totalement dénué de paroles, le scénario n’est qu’un prétexte pour justifier la traque de la fille et enchaîner ainsi les scènes d’exécution. Le titre nous met d’ailleurs tout de suite dans l’action et se contente de nous proposer de temps en temps, entre deux niveaux, quelques bribes d’histoire à travers des cinématiques psychédéliques, à la musique stridente, revenant sur le passé de la fille. La bande-son est d’ailleurs entièrement axée sur de la distorsion musicale, à la limite de la musique expérimentale, ce qui sied très bien à l’ambiance de la quête destructrice que nous poursuivons. Et tout en proposant des graphismes simples, Children of the Sun bénéficie d’une efficace direction artistique torturée avec, Devolver oblige, giclées d’hémoglobine à la clé.

Exécution en chaîne

Pour ce qui est du gameplay, le principe est, lui aussi, on ne peut plus simple. Cela se déroule en deux temps. Il s’agit tout d’abord d’observer la scène de loin en déplaçant simplement la fille de gauche à droite et en utilisant le zoom de son fusil de snipe pour repérer et marquer le plus de cibles possibles. Le nombre de fanatiques présents dans chaque tableau est indiqué en haut à droite de l’écran et diminue ensuite à chaque exécution jusqu’à arriver à zéro et marquer la fin de la scène. S’il est parfois possible de tourner tout autour de la zone dans laquelle se trouvent les ennemis, cela peut aussi se limiter à un segment précis, réduisant ainsi le champ d’observation. Il faut ensuite bien réfléchir avant de tirer puisqu’il n’y a qu’une seule balle d’autorisée pour éliminer tout le monde.

Dès que l’on fait feu, la caméra qui observait la fille à la troisième personne suit alors la fameuse balle et l’on incarne donc non plus la tireuse, mais son létal projectile. C’est ensuite du point d’impact que l’on déclenchera la suite de son parcours. Impossible alors de se déplacer où même de modifier le zoom, il faut enchaîner les kills jusqu’à nettoyer toute la zone. Précisons cependant qu’une fois le premier adepte à terre, le jeu entre en slow motion et que tout se déroule donc au ralenti, sauf les déplacements de la balle, ce qui fonctionne merveilleusement bien. Curieusement, si certains fanatiques tentent de fuir, faisant d’eux des cibles mouvantes un peu plus difficiles à atteindre, d’autres restent totalement impassibles. Quant à la balle, elle marque une pause à chaque impact, mais s’il s’agit de la limite de la zone d’évolution ou d’un élément du décor, c’est l’échec et il faut tout recommencer, ou presque, puisque les ennemis restent marqués, y compris ceux qui ne l’avaient pas été, mais qui ont précédemment été exécutés.

Les choses vont bien entendu peu à peu se compliquer, avec des adversaires plus coriaces, pas toujours faciles à repérer, et difficiles à atteindre en passant directement de l’un à l’autre. Il est alors possible de tirer sur les oiseaux pour accéder à un point de vue plus aérien, ou encore d’utiliser les réservoirs des voitures ou les bouteilles de gaz pour se déplacer, tout en réalisant éventuellement de multiples exécutions grâce aux explosions. Mais ce sont surtout les pouvoirs de la fille qui sont bien utiles, tout en venant efficacement et régulièrement renouveler le gameplay, notamment en les combinant entre eux. En avançant dans l’histoire, à chaque fois que l’on passe quatre niveaux, on a ainsi droit à une scène totalement différente, au gameplay unique, à l’issue de laquelle on obtient un nouveau pouvoir.

A Puzzle Snipe

Le premier est de ralentir la balle afin de changer sa direction et ainsi mieux viser, mais aussi contourner les obstacles dans une certaine limite. Par la suite, un autre pouvoir permet même de réorienter totalement la trajectoire, y compris en sens inverse, à condition d’avoir au préalable touché le point faible de deux cibles (tête, bras, torse), celui-ci apparaissant en surbrillance. Cela permet, par exemple, de tirer vers les cieux pour ensuite mieux revenir vers sa cible, peut-être même avec plus de vitesse grâce au pouvoir de tir chargé qui permet de transpercer les armures. Certains fanatiques sont effectivement plus difficiles à atteindre. Ils peuvent disposer d’un bouclier nécessitant de les contourner, ou encore d’une armure rendant indispensable d’être assez loin pour prendre suffisamment de vitesse avec la balle, et d’autres enfin flottent dans les airs, protégés par une sphère d’influence psychique déviant la balle.

Toutefois, tirer dessus a pour conséquence de désactiver temporairement ce champ de protection, le temps de le recharger, ce qui permet alors d’exterminer le fanatique qui en est à l’origine. Mais cela nécessite non seulement de faire vite, mais aussi de pouvoir repartir dans la bonne direction. Children of the Sun est donc clairement davantage un puzzle game tactique à la Superhot qu’un FPS de snipe, et il excelle dans son domaine. Il faut faire preuve de réflexion et de stratégie, en procédant parfois par expérimentation, pour résoudre chacun des 22 chapitres du jeu auxquels il faut rajouter les 4 « interludes » permettant d’obtenir les pouvoirs. Ceci dit, même une fois que l’on a compris la technique, la réaliser nécessite un peu de doigté et n’est pas toujours si simple. Le titre reste cependant assez court, puisque vous devriez parvenir au bout en 5 heures environ. Il ne dispose malheureusement pas d’une véritable rejouabilité. Une fois les puzzles résolus, les scènes proposées restent identiques, avec les ennemis exactement au même endroit.

Des défis sont cependant proposés pour chaque niveau, avec un indice donné dans le sous-titre pour décrocher le succès qui se trouve à la clé. Comme vous ne les aurez certainement pas tous obtenus du premier coup, il est intéressant de partir à leur conquête une fois la conclusion atteinte, ce qui prolonge la durée de vie du soft et peut le porter à 8 heures pour obtenir les 100%. Au-delà, il ne reste que le classement mondial auquel vous pouvez vous raccrocher si vous êtes adeptes du genre. Il faudra alors chercher la meilleure technique pour obtenir le plus gros score dans chaque tableau (durée, distance de tir, headshot, cibles mouvantes, explosions, multiplicateur de score en enchaînant rapidement les kills…).

Vendu à petit prix, Children of the Sun est un jeu plutôt court, mais qui renferme une belle créativité, ce qui en fait un titre original au gameplay sans cesse renouvelé qui saura mettre à profit vos neurones comme votre dextérité. Avec une direction artistique et une bande-son torturées du plus bel effet, il a su nous séduire. Et même s’il ne propose pas vraiment de rejouabilité, il restera au moins dans nos références.

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