PREVIEW

Cyber Manhunt 2: New World

Aldastrige
Publié le 28 mai 2024

Développeur

Aluba Studio

Éditeur

Spiral Up Games

Date de Sortie prévue

2025

Version testée

0.2.21

Testé sur

PC

J’aime fouiner. Rechercher des anciens camarades de classe sur les réseaux, espionner des relations professionnelles sur Linkedin, me balader dans les calendriers Outlook et Sharepoint de la hiérarchie et récolter les secrets à la machine à café est un de mes passe-temps favoris. Il était donc évident qu’un jeu axé sur l’OSINT et l’ingénierie sociale m’intéresserait au plus haut point.

Je ne semble pas être la seule, puisque ce thème très lié à nos sociétés modernes a le vent en poupe ces dernières années, en témoigne le succès des Orwell. Ici, ce sont les développeurs chinois d’Aluba Studio qui s’y attaquent avec Cyber Manhunt 2 : New World, une suite d’un premier épisode dont je n’avais jamais entendu parler. Une recherche rapide sur Steam et les Internets semble présenter un premier opus très sombre, intéressant dans les mécaniques, mais traduit à la truelle du chinois à l’anglais, d’où sa relative confidentialité. Heureusement, tous les paragraphes qui vont suivre seront plus que positifs et peuvent se résumer en deux phrases : vous avez aimé Orwell ? Vous adorerez Cyber Manhunt 2.

Appelez-moi Cyber, pas de chichis

Un rooibos à la main, j’ai donc attaqué de la manière la plus neutre possible ce test, le cœur léger et plein d’espoir. Bien m’en a pris car les 8h34 de cet accès anticipé auraient de quoi déprimer le plus joyeux des plaisantins : meurtre, trafic d’organes, harcèlement professionnel, sexuel et cyber (3 pour le prix d’un, c’est cadeau), on y trouve un festival de tout ce que l’humanité peut faire de pire.

Nous naviguons dans les différentes régions du pays d’Allivia, où la méga-entreprise de la tech Titan est en train de changer le monde avec son projet d’IA révolutionnaire dont vous faites partie. Vous voilà donc assistant IA de la belle et froide Ashley Clayson, directrice du personnel, prêt à l’aider à faire régner l’ordre et la justice (et surtout protéger les intérêts de Titan au passage, soyons sérieux).  

Chaque chapitre est une enquête indépendante bien que reliée en sous-marin par Van, un mystérieux hacker à capuche anti-gouvernement, anti-Titan et probablement antisocial même s’il ne perd pas beaucoup son sang-froid.

 

Hack 'n' taches

Comme souvent dans les titres de ce genre, le gameplay consiste à collecter (en les surlignant) des informations sur les cibles de notre enquête. Pour cela, le moteur de recherche « Gogo » (j’ai vraiment besoin de souligner l’inspiration ?) nous permet d’accéder généralement à leur « Toothbook » (coucou Mark Zuckerberg) puis de fil en aiguille à leur « HiTalk » (parodie de WeChat, le WhatsApp asiatique) et à leurs comptes mail et téléphone.

Le jeu est très linéaire, chaque indice devant être récupéré pour passer à l’étape suivante, mais de nombreuses activités viennent pimenter l’expérience. Citons par exemple l’envoi de liens de phishing pour pirater les téléphones, le contrôle de caméras de surveillance pour poursuivre un suspect en fuite, la génération d’une fausse identité vocale via IA pour faire craquer un suspect par téléphone, le hacking d’appareils via le démantèlement de firewalls et j’en passe. Je suis loin d’être une experte en cyber sécurité, mais j’ai trouvé le tout extrêmement varié et crédible.

J’ai bien sûr été bloquée de temps en temps, mais le fait de pouvoir voir ce qui me manquait pour avancer m’a toujours suffi pour progresser. L’équilibrage en termes de difficulté est dans l’ensemble très bon et ne devrait que se bonifier au fil des mois.

Dans le troisième chapitre, on trouve même un mini-jeu sur la manipulation de l’opinion publique via la mise en avant ou étouffement d’actualités pour changer le point de vue global sur une suspecte (et empêcher un éventuel tribunal médiatique), très bien réalisé même si j’ai dû m’y reprendre à 3 fois, au grand dam d’Ashley. Apparemment, la difficulté vient d’ailleurs d’en être rééquilibrée dans le dernier patch, ce qui prouve le soin des développeurs vis-à-vis des retours de la communauté.

Amateurs d’action drogués à l’adrénaline, passez votre chemin : c’est calme et avant tout basé sur de la déduction et de la résolution d’énigmes, mais quelle satisfaction lorsque vous arrivez à récolter tous les indices sans aucune aide !

Phishingman's Friend

Niveau design, j’ai également été conquise : l’interface est extrêmement claire, le style visuel agréable et on reconnait immédiatement les applications parodiées. Chaque grande avancée dans l’histoire nous permet de débloquer une petite vidéo en noir et blanc qui illustre parfaitement les histoires sordides qui nous sont contées. Les doublages (en anglais comme l’ensemble du jeu) sont de qualité et je n’ai pour ma part relevé aucune erreur de traduction qui aurait pu me sortir du jeu. J’ai aussi été amusée par les clins d’œil appuyés à notre monde (Talk-GPT, « Eson Mulk » qui vient nous avertir que l’IA c’est mal, les petits easters eggs sur le studio dans le mini-jeu de manipulation d’opinion, etc).

Alors bien sûr, les personnages sont parfois un peu clichés et unidimensionnels, comme le TRÈS TRÈS MÉCHANT yakuza, la naïve streameuse attirée par la célébrité ou la pauvre petite sœur harcelée au collège, mais le jeu les traite intelligemment et alerte sur des situations et souffrances malheureusement possibles et réelles. Signalons également une bonne diversité des personnages, qu’elle soit ethnique ou sexuelle, ce qui aide à l’immersion. 

J’irai même plus loin en pensant ce jeu d’utilité publique pour les jeunes adultes confrontés aux potentielles dérives du web : plus jeune, les thèmes abordés peuvent choquer, mais je pense que ce type de jeu aurait fait du bien à mon alter-ego de 16-18 ans qui mettait le même mot de passe partout et croyait plus ou moins tout ce qu’elle lisait.

Enfin, cerise sur le gâteau, Cyber Manhunt 2 m’a fait bondir de ma chaise dans sa dernière partie avec un des plus beaux cassages du quatrième mur que j’ai jamais vu, occasionnant d’ailleurs un petit échange de références à la rédaction. Je m’en voudrais de vous divulgâcher cette surprise, mais ce type d’interaction qui nous « sort du jeu » (façon Doki Doki Litterature Club ou Secret World) est assez rare pour être saluée, un grand bravo aux développeurs. Cela s’inscrit parfaitement dans les thématiques abordées, le gameplay en est simple, mais brillant et elle a achevé une expérience plus que plaisante. Quand on finit un accès anticipé sur une telle belle note, impossible de ne pas se demander quelles dingueries nous attendent une fois le jeu terminé.

Aluba Studio nous promet deux chapitres supplémentaires pour une sortie d’ici un an environ, et je leur souhaite le plus de succès possible.

 

Testé un peu par hasard, c’est enchantée et hypée pour la suite que je ressors de cette dizaine d’heures d’accès anticipé. Un sans-faute niveau technique et gameplay, un visuel agréable, des histoires glauques mais prenantes, une réflexion sur les réseaux sociaux, la place de l’IA dans notre monde et une inattendue pulvérisation du quatrième mur m’ont convaincue. Si vous êtes un minimum intéressé par l’ingénierie sociale et que lire du texte ne vous fait pas peur, foncez les yeux fermés !

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