Tropico 4

Je vais éviter de vous faire l’accent mexicain, des blagues sur les cigares et sur les présidents, avant de vous présenter ce test qui je l’espère saura vous convaincre que la vie de dictateur n’est pas facile tous les jours. C’est déjà la quatrième itération d’une saga qui s’est toujours faite discrète, mais qui pour l’instant, n’a jamais déçu. On continue sur cette belle lancée ?
République bananière
Parce que Tropico est une grande saga du jeu de stratégie, mais qu’il est toujours bon de penser aux nouveaux venus lorsque l’on parle de ce genre de suite s’étalant sur plus d’une dizaine d’années, reprenons le concept à la base. Vous êtes El Presidente, un homme prenant le pouvoir dans un ersatz de Cuba dont Fidel Castro serait fier. Votre but est de diriger votre pays, sur une île particulière dont il faut savoir tirer toutes les richesses. Vous avez aussi l’obligation de surveiller les désirs de vos habitants en travail, argent, loisir et globalement en bien-être, avec le devoir de vous en occuper et, au pire, de les tuer si ils vous dérangent. Car oui dans Tropico, nous sommes un dictateur.
Quel genre de dictateur ? Celui que vous voulez, justement. Bon avec son peuple, exécrable avec l’extérieur, ou bien dirigeant son pays d’une poigne de fer à l’aide de snipers sur les toits de toutes les rues, le choix vous incombe : jouez comme vous le désirez. L’objectif est ambitieux et si Tropico et sa suite étaient très sympathiques, la qualité a fait un vrai bond en avant avec le troisième opus qui reste une référence. Ce Tropico 4 était donc bien attendu.
Des nouveautés ? Certaines font leur petit effet. Désormais, vous dirigez une île aux problèmes climatiques constants, allant de l’éruption volcanique aux tornades tout en vous demandant de gérer les dommages collatéraux que ces événements amènent. Maisons en feu, secousses sismiques qui détruisent vos plus beaux immeubles, cailloux de laves dans le jardin de vos électeurs… Les accidents sont nombreux, très énervants, mais dynamisent d’une bien jolie façon votre vie de gros barbu fumant le cigare.
Ce que le peuple veut…
Pour vous faire élire plus d’un mandat, en bon dictateur que vous êtes, il faudra jouer la carte de la magouille. Caresser les pays extérieurs dans le sens du poil par exemple, pour se permettre quelques dons d’argent franchement salvateurs ou pour un import/export satisfaisant qui sont d’ailleurs les piliers de l’économie dans Tropico 4.
Vous créez des fermes (pour les cultures), des ranchs (pour le bétail) ou des mines (pour l’or et autres minéraux) dans le seul but d’importer vos ressources et d’en tirer un profit monétaire ou un échange équitable. Vous voulez des chameaux en pleine île tropicale ? Demandez à vos amis d’orient de vous en envoyer. Votre port est sans aucun doute le bâtiment le plus important de la partie, mais il n’est pas le seul.
Créer son gouvernement est désormais possible de A à Z dans Tropico 4. Il faudra choisir vos plus intelligents hommes ou femmes du peuple pour représenter chaque corps gouvernemental : la défense, l’économie, etc. Chacun vous permettra de faire voter des lois allant d’une simple cellule de services secrets cachés dans un de vos bâtiments (permettant d’éviter les putschs et autres montées de violences chez vos adversaires politiques) à la possibilité de relancer la planche à billets pour se faire plein d’argent. Chaque action a cependant des conséquences sur les différents courants politiques qui s’installent sur votre île. Les intellectuels ne verront pas d’un bon oeil vos différentes magouilles terroristes, pendant que les écologiques seront toujours contre vos essais nucléaires qui rapportent pourtant énormément. Cela pourrait être ennuyant, mais Tropico 4 a un atout considérable : il est hilarant.
Les guignols de l’Info
Faisant constamment des pieds de nez au monde réel, aux politiques et à des situations historiques (la crise des missiles de Cuba, par exemple) avec des caricatures de présidents étrangers et une radio locale à mourir de rire, Tropico 4 tire parti de son univers pour ne pas se prendre au sérieux tout en étant assez acerbe sur certains faits. C’est un régal de découvrir tous les dialogues du jeu, très nombreux, tous doublés dans des voix françaises qui s’en donnent à coeur joie dans les accents parodiques et les références bien de chez nous. Un vrai plaisir.
Néanmoins, il serait très bête de prendre Tropico 4 seulement pour un jeu de stratégie humoristique. Son humour est justement là pour contrebalancer le très sérieux système économique proposé, très simple à utiliser, mais aussi assez bien conçu pour ne jamais avoir de faille. À vrai dire, Tropico 4 est sans doute ce qui se fait de mieux en jeu de stratégie/gestion abordable à tous les publics, toutes les difficultés, à ce jour. On peut régler pas mal d’options pour passer un bon moment au calme, à construire bâtiments sur bâtiment sans trop se soucier des finances, comme il est aussi possible de tenter le diable et de recourir à des situations financières légèrement dans le rouge pour obtenir un peu de défi. Le joueur est maître de sa partie.
Un quatrième pour les supplanter tous ?
Le seul bémol provient sans doute des modes de jeux proposés. La Campagne est longue, mais elle est aussi seule. Il y a bien un système de défis, créés par les joueurs qui proposent leurs propres cartes inventées via l’éditeur de niveau très performant, mais cela reste une simple « partie libre ». On aurait peut-être aimé avoir accès à quelques modes originaux, à du multijoueur principalement qui manque cruellement ici. Heureusement, on en a quand même pour son argent niveau durée de vie.
Qui plus est, le jeu est somptueux graphiquement. Très coloré, clairement dans l’esprit tropical désiré, il surpasse de très loin tous les effets visuels des précédents opus. On peut zoomer sans jamais trouver le jeu moche, même lorsqu’il s’agit de nos villageois qui gambadent dans les rues. C’est très vivant, cela bouge tout le temps : en un mot, c’est parfait. Seul le rythme de jeu est un tantinet lent, avec des ouvriers qui ne vont pas aussi vite qu’on le voudrait à leur point de construction ou des imports/exports dont on ne sait rien de la finalité avant d’en recevoir le paiement. C’est de la simplification à l’extrême de certains points pour lesquels les amoureux du genre aiment chipoter, ce qui sera forcément le sujet de quelques bémols. Néanmoins, Tropico 4, c’est vraiment le jeu de gestion économique/social/humoristique du moment ! Le seul, cruellement, mais du coup l’ultime et le plus conseillable. Si vous aimez le genre, vous allez adorer.

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