The Witcher Adventure Game

Malheureusement pour nous, la saison de la chasse n’ouvrira pas de sitôt. Elle est même repoussée de quelques mois pour être préparée avec soin. Geralt et ses amis, ainsi mis en attente, vont essayer de se consoler comme ils peuvent autour d’un jeu de plateau, d’un verre de cidre et d’une bonne pitance. Hardis que vous êtes, vous pourrez les rejoindre dans cette aventure du coin du feu à coups de dés, de hasard et d’un brin de stratégie.

Dice will roll

Mon impression lors de ma première partie de The Witcher Adventure Game aura été éloquente. Un  »Meh? » du fond de la gorge fut l’expression première de mes débuts balbutiants dans un Ouicheur fait de cartes et de dés. Sauvage que je suis, je me suis lancé dans le bain sans chercher à apprendre ou connaître les règles du jeu. Je m’étais naïvement dit que mon intelligence naturelle ferait le travail de compréhension pour moi. Car si on est plus proche d’un  »Mystères de Pékin » version fantasy que d’un jeu de rôle plateau plus ouvert, TWAG (pour les intimes) est bien plus profond qu’il n’y paraît.

Il est donc conseillé de consommer sans modération toutes formes de tutoriels que le jeu met à votre disposition. Les arcanes les plus obscures ainsi comprises n’auront plus de secrets pour vous. Vous vous rendrez compte que sous des dehors apparents de hasard, vos choix influeront réellement sur l’issue de vos parties.

Pour vos ébats aventuresques, vous pourrez vous retrouver de deux à quatre individus de qualité. Si vos copains sont loin, vous avez le mode de jeu en ligne. S’ils sont venus squatter votre télé et votre frigo, vous pourrez les forcer sans difficulté à se joindre à vous sachant que l’on peut jouer ensemble et localement. Il faudra simplement se prêter la souris à tour de rôle.

Et si vous n’avez pas de potes, qu’ils ont fait des gosses ou préfèrent sortir dehors (quelle incongruité !), Monsieur l’Ordinateur, comme disait Dorothée, vous servira de compagnon. Mais attention, il joue très sérieusement et ne rigole pas des masses. Il enchaîne ses actions et ses cartes sans même vous laisser le temps de respirer ni de voir concrètement ce qu’il peut bien faire.

Les règles

Commencez donc par choisir votre héros parmi la fougueuse sorcière Triss Merigold, le tempétueux nain Yarpen Zigrin, le mélodieux barde Dandelion et bien évidemment le chasseur de monstres, Geralt de Rive. Le choix de votre poulain n’est pas anodin, sachant que chacun d’entre eux disposent de compétences particulières. Geralt sera ainsi beaucoup plus porté sur le combat, Triss la magie, Yarpen sera multi-tâches et Dandelion diplomate à ses heures.

Ceci fait, vous voilà avec un objectif de quête principale et quelques secondaires. La partie s’arrête quand l’un des joueurs arrive au bout de cette quête principale. Les comptes de points de victoire obtenu par la résolution d’objectifs, des combats gagnés et autres, seront ainsi fait. Un classement des joueurs sera établi. Vous pourrez ainsi vous moquez les uns des autres. Dans la joie et la bonne humeur.

Mais avant d’en arriver là, il va falloir ramer. Étrangement, l’IA de l’ordinateur ne semble pas vouloir tricher et se ramasse à peu près autant de malchance que nous. Ce qui vous laisse l’opportunité de foirer votre coup sans avoir à lui reprocher de vous avoir spolié. Chaque partie pouvant être configurée selon vos envies, vous pourrez y mettre un, trois ou cinq objectifs de quête à remplir. L’incidence est surtout sur le temps passé, sachant que vous ne pourrez pas sauvegarder votre partie, même contre l’ordinateur. Or, elles peuvent parfois durer jusqu’à deux heures ou plus.

Pour jouer, vous disposerez de deux actions par tour. Pour tout les participants, la sentence sera la même. Vos actions se situent parmi les suivantes, comme voyager d’un point à l’autre de la carte qui en compte plus d’une quinzaine. Ou faire un voyage rapide qui vous permettra de vous déplacer un peu plus loin au prix du tirage d’une carte dite  »Foul » (le jeu est uniquement disponible en anglais et polonais) impliquant chance ou malheur selon votre providence. A vous d’en calculer le risque.

Vous pourrez également enquêter dans un domaine particulier parmi trois qui vous offriront de précieuses ressources informatives utilisables dans certains cas. On a ensuite l’option de développer. Développer quoi ? Tout simplement des cartes qui vous offriront un coup de pouce lors des combats par exemple. L’action de se reposer servira à regagner des coeurs, oui des coeurs, car perdre un combat implique des malus, bien évidemment. On y reviendra. Ne reste qu’une dernière option possible différente selon le personnage choisi leur offrant des bonus relatif à leurs compétences.

Les combats et autres obstacles

A plusieurs occasions dans votre partie, vous serez confronté à divers ennemis sous la forme de cartes. Un lancer de dé plus tard, l’issue de cet affrontement est alors décidé. La plupart des tâches qu’un jeu de ce type en version physique implique sont alors automatisées rendant les combats rapides et quasiment instantanés.

Il faut simplement compter sur sa chance et des choix plus stratégiques pris durant chaque tour. Pour gagner un combat, il faut tomber avec les dés sur le nombre exact de boucliers, représentant la défense, et d’épées, représentant l’attaque (en ce qui concerne Geralt en tout cas, ses compagnons d’armes ayant leurs propres qualités comme la magie ou la diplomatie), que va requérir chaque adversaire rencontré. Pour nous aider à remporter la victoire, l’utilisation de cartes que vous auriez développé vous offriront la possibilité de transformer certains de vos dés en d’autres qui leur apporteront un avantage sérieux.

Par moment, par contre, il deviendra presque nécessaire de reposer sur l’aide entre joueurs. Contre l’ordinateur, ne comptez pas sur sa coopération. Excepté pour les quêtes secondaires dites de  »support », vous n’entendrez pas parler de lui. Il est un peu renfermé sur lui-même, m’voyez l’genre. Mais avec des individus faits de chair et de sang, de préférence humain plus que votre chat ou chien, vous aurez d’autres résultats. Si globalement le but du jeu est orienté compétition et qu’à la fin, il ne peut en rester qu’un, un coup de main ne mangera jamais de pain et sera une alternative séduisante.

De base, deux joueurs se trouvant au même endroit sur la carte peuvent remplir un objectif de  »support » qui en échange d’une main tendue à l’autre vous offrira des points de victoire. Ce n’est donc pas complètement désintéressé. Mais rien n’empêche non plus de vous aider dans d’autres cas moins balisé comme de venir défaire un monstre pour un pote. L’idée de coopération est sympathique, mais reste malheureusement limitée dans les faits en dehors de ces quelques cas très spécifiques.

Et en cas de défaite dans un combat, pour chaque cœur perdu, vous devrez choisir une des actions de votre personnage à handicaper vous empêchant de l’utiliser à moins d’avoir recours au repos pour les regagner. Gérer son temps, ses créations de bonus et le retard causé par les malus, autant de perspectives de foirer son coup et de se retrouver le bec dans l’eau. Un peu bordélique à première vue, au gré des parties, The Witcher Adventure Game se révèle en définitive plus intelligent et profond qu’il en a l’air. Pourtant, il n’est pas à l’abri de quelques critiques nécessaires.

Conclusion

Il n’est pas vraiment important de m’étaler plus que de raison sur le système de jeu. J’en ai donné les grandes lignes. Pour résumer, c’est un jeu de plateau mêlant hasard et stratégie. Dans une certaine mesure. La construction d’une partie est vaguement linéaire et s’embarrasse assez peu de fioritures. Une fois les règles bien comprises, c’est un véritable plaisir que d’y jouer. Si ce n’est qu’on aurait apprécié que la piste d’objectifs plus coopératifs eut été approfondie.

Par contre, le principal écueil que je puisse avoir contre ce jeu concerne avant tout son côté digital, par opposition à la version physique. Dans une boîte. Avec des vrais cartes plastifiées et des pions en plastoc. Je ne parle pas seulement du plaisir de l’objet, ce que ne peut retranscrire un titre numérique. Issue d’une collaboration avec un fabricant spécialisé dans les jeux de plateau, TWAG existe également dans une version boîte comme une bonne vieille Bonne Paye des familles. Elle vous en coûtera au bas mot 60$ contre la dizaine demandée pour la version digitale.

Disponible sur PC mais aussi tablettes, l’avantage de celle-ci est sans conteste son mode en ligne qui souffre de quelques aléas comme des déconnexions intempestives qui pourraient s’avérer frustrante à moins de n’avoir été réglées d’ici là. Mais en dehors de ce contexte et de ceux qui voudraient y jouer seul contre une IA, il est difficile de la recommander face à la version physique, qui offre plusieurs avantages, comme une convivialité nettement supérieure que seule une telle configuration peut offrir. Sur ordinateur voire tablette, le confort de jeu à plusieurs n’est pas du tout le même, ni évident dans ce contexte.

The Witcher Adventure Game n’est en fin de compte qu’un très sympathique, voire addictif, jeu de plateau offrant suffisamment de stratégie et de contrôle au joueur pour ne pas reposer uniquement sur le hasard. Le tout étant servi par une réalisation soignée et très agréable faisant honneur à la licence qu’elle représente. Le multi en ligne souffre encore de quelques aléas techniques que l’on espère voir corrigés. On ne devrait pas en douter vu l’excellent suivi de CD Projekt Red sur ses titres.

Reste qu’en fin de compte, c’est le genre de jeu vers lequel on va beaucoup plus naturellement en version boîte (si elle peut être disponible en France du moins). En digital, le rapport au jeu n’est pas le même, et est un peu moins chaleureux. Cette dernière sera donc idéal pour les solitaires et celles/ceux qui voudront jouer avec des amis (ou des inconnus) éloignés géographiquement. Dans tous les cas, si vous aimez l’univers du Witcher et les jeux de plateau, vous devriez être agréablement surpris par celui-ci.

1 réflexion au sujet de « The Witcher Adventure Game »

  1. Salut !! Merci beaucoup pour ce résumé du jeu qui semble être fort sympathique. A tel point que je l’ai pris, mais…. phouuuaaaa, ça parait être très compliquer et en effet, ca l’est !! Meme en relisant les règles qui ont été traduites en FR par un mec sympa sur Steam, je pige pas tout… heu…. voir rien du tout. Je vais jouer mon Kevin mais si a l’occasion tu a le courage de faire une petite vidéo explicative des règles, de la façon de jouer, tout ça, ça serais super !! 🙂 mais bon, j’en demande beaucoup quand même.
    En tout cas, j’espère un jour arriver a y jouer en ayant toutes les cartes en mains car il a l’air d’être très plaisant.
    Encore merci pour ce retour sympa sur le jeu !!

    Bidi

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