Adam Wolfe

C’était le temps d’un soir. Une bande-annonce et je fus intrigué. Il me fallait cette affaire. Quelle folie n’avais-je pas commis alors. Moi qui tout haut de mon élitisme bourgeois de joueur de point and click, je jetais d’habitude un regard de dédain sur ce sous-genre qui en découlait pourtant. Les objets cachés ou hidden objects avaient fini par me rattraper. Toujours intrigué je fus, sans jamais m’y essayer. Je voyais en eux des jeux casuels exigeant peu de cérébralité et l’indicible pauvreté de leurs mécaniques usées et sans intérêt. Quelque part, il y avait de la vérité dans ce que j’en pensais. Mais je manquais de perspective et d’ouverture. Je me suis dit que de toute façon, j’étais trop vieux pour ces conneries et ayant quelques heures à tuer, j’ai accepté de résoudre cette enquête.



Le loup part en chasse

Après avoir passé quelques épisodes en compagnie de Adam Wolfe, je peux vous dire sans sourciller qu’il est quelque par l’enfant illégitime de John Constantine et Gabriel Knight. Ancien flic, il est devenu un privé qui flirte trop régulièrement avec l’occulte. De sa voix rocailleuse, j’en retirerai un personnage parfois presque trop cliché qui évolue dans une histoire qui le serait aussi par moment. Pourtant, ça a fonctionné. A ce que le roman de gare serait à la grande littérature, ses aventures s’écrivent comme un film noir qui se déroulerait sous nos yeux sous la forme d’un pulp comics de quelques dollars, avec ses illustrations fixes, occasionnellement animées pour leur insuffler un peu plus de vie.

Derrière des décors assez jolis se dessinent les traits d’une intrigue qui nous mènerait presque en bateau sans s’échouer une seule seconde. Il y a des rebondissements et une cohérence dans l’enchaînement d’événements qui ne me permettent pas de détester ce jeu. Son rythme est correctement ménagé pour nous amener à quelques surprises hautement ésotériques, notamment sur sa fin. Il lui manque juste un peu d’humour pour trivialiser un peu une histoire qui se prend parfois trop au sérieux. Mais dans l’ensemble, le job est fait. C’est divertissant comme une série B qui s’assume et nous donne votre lot de rebondissements pour nous maintenir suffisamment en éveil et intéressé. Peut-être pas au point de crier au chef d’œuvre absolu, mais assez pour ne pas bouder notre plaisir coupable.



Ni plus, ni moins

Adam n’est pas seulement acteur, il est aussi joueur. Contrairement à ce que j’aurai pu croire, il n’y a pas que ces tableaux remplis d’objets qui viennent remplir l’écran. Vous les connaissez peut-être. Ils sont catégorisés sous l’intitulé hidden objects. Vous avez donc ce joli tableau de bidules et une liste de ceux qu’il faut ensuite trouver. Simples comme bonjour, ces petits moments d’interactivité permettent de se vider la tête sans craindre le moindre mal de crâne. En dehors de ces puzzles, d’autres viennent s’ajouter à la liste en offrant un poil plus de variété. Comptez également sur quelques pseudo passages d’action qui se finissent du bout du clic, comme l’utilisation du pistolet d’Adam, et vous aurez en gros l’essentiel de ce qu’il propose.

Circulez, il n’y a plus rien à voir. Adam Wolfe, c’est un jeu clairement casuel. Tout s’y enchaîne sans réelle difficulté. Tant mieux, cela lui permet de rester fluide dans sa progression. Ce n’est pas non plus le scénario du siècle qui l’anime, mais plutôt un spectacle permanent dédié à tout bon public peu regardant qui appréciera les méandres d’un mystère fantastique qui remplit son office, au gré de quelques puzzles divertissants. Il s’agit très clairement d’un jeu d’aventure simplifié qui correspond parfaitement aux attentes d’un public spécifique. Dans le genre, il m’a surpris de par sa qualité générale qui tient la route et fait ce qu’on attend de lui.


Je ne l’aurai jamais cru, mais Adam Wolfe a réussi à me faire goûter aux plaisirs interdits des objets cachés. Ce n’est clairement pas un jeu prise de tête, ni même une révolution culturelle qui vous y attend. Il aurait même pu être attachant en ayant une histoire et des personnages clairement plus développés, sur lesquels il reste malheureusement trop en surface. Mais c’est sans doute le genre qui veut ça. C’est divertissant sans être complètement abrutissant. Et c’est peut-être déjà pas mal.

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