Endless Space 2

Les 4X. Ces jeux mystiques qui ont le pouvoir de vous faire perdre la notion du temps grâce à une simple formule magique « un dernier tour et j’arrête ». Ne nous voilons pas la face, nous savons tous très bien que ce « dernier tour » en signifie au minimum une bonne dizaine. Avec un gameplay très profond et des parties tueuses de sommeil, on s’étonne presque de voir que le paysage vidéo-ludique ne regorge pas de 4X. C’est en partie pour cette raison que les petits Français d’Amplitude Studios créèrent il y a cinq ans Endless Space. Puis, après avoir acquis bien plus d’expérience, reviennent avec une seconde mouture de leur jeu phare.



Note du rédacteur

J’ai eu la possibilité d’aller visiter le studio dans leur locaux une semaine avant la sortie officielle du jeu, afin d’avoir la présentation de la version finale d’Endless Space 2, mais aussi pour discuter un peu avec les membres fondateurs du studio. Ils m’ont ainsi fait part de leur vision du 4X, du cheminement qui les a amenés à faire Endless Legend (se prouver qu’ils étaient capables de faire un 4X classique et tester de nouvelles mécaniques), ainsi que la création non prévue de Dungeon of the Endless. Ils m’ont aussi parlé de Game Together, leur plateforme participative, qu’ils utilisent pour faire participer leur communauté au développement du jeu, par exemple pour choisir les peuples du premier Endless Space qui sont présent dans la suite.

Pour finir sur cette note, j’ai aussi pu partager deux autres points avec le studio, le premier est que je suis un joueur occasionnel de 4X mais j’ai été rassuré par la présence d’un tutoriel bien plus complet que sur Endless Legend. Le second point est que l’espace n’est pas forcément ma tasse de thé, faisant partie des gens qui adorent Star Wars, mais pour ce qui se passe sur terre et non dans les airs. Évidemment sur ce dernier point, le studio n’a pu que croiser les doigts très très fort pour que le gameplay arrive à me faire oublier l’aspect spatial du jeu.



Explore.

Une fois la partie configurée, en choisissant le peuple que l’on va incarner parmi huit races, la taille de la carte, la durée de celle-ci, sa difficulté et tout plein d’autres éléments, le joueur habituel du 4X autant que l’occasionnel (et qui n’a jamais touché Endless Space premier du nom) sera choqué : il n’y a pas un seul hexagone sur la map ! Juste des systèmes solaires, qui font office de villes, reliés par des traits, qui eux servent de route. Et c’est tout. Si dans un premier temps cela parait un peu léger, il est possible via une recherche technologique de s’affranchir des routes et de naviguer librement, pouvant ainsi atteindre des systèmes solaires ou des constellations auparavant injoignables. Particularité des mouvements, une fois une route empruntée (ou en navigation libre), il est impossible de faire demi-tour tant que notre flotte n’est pas arrivée sur un système solaire, tout comme il est impossible de livrer un combat si votre flotte n’est pas en orbite.

Ce dernier point rend la gestion de troupe bien plus stratégique pendant les phases d’attaque ou de défense. L’exploration de la map montre l’une des grandes faiblesses du jeu : la diversité environnementale. Le problème de l’espace est que ce dernier est un immense amas de vide, sur lequel on trouve quelques points lumineux, couramment appelés « étoiles ». Si la galaxie et les systèmes solaires sont tous très jolis, le manque de diversité et surtout de mouvement peut provoquer une lassitude pour qui n’est pas un grand fan de l’espace.



Expand.

En début de partie, vous ne commencez qu’avec une planète colonisée dans l’un des nombreux systèmes solaires du jeu, sachant qu’un système peut accueillir de une à quatre planètes. Chaque planète produira en quantité plus ou moins importante quatre ressources bien connues des jeux d’Amplitude : l’industrie, qui servira à la construction de bâtiments et d’unités, de la science pour la recherche, de la brume comme monnaie unique du jeu et enfin de la nourriture pour produire de la main d’œuvre. Afin de pouvoir rivaliser avec les autres peuples, il vous faudra deux choses : maitriser le déplacement et l’extension de vos voisins et vous développer plus vite qu’eux. Ceci impose de coloniser aussi bien les planètes présentes sur votre système de départ que sur les autres systèmes présents dans votre constellation ainsi que dans la galaxie. Évidemment la colonisation d’une planète ne se fera pas en un simple petit tour.

Premièrement, il faudra débloquer la recherche correspondant de la planète que vous voulez mettre sous votre bannière (au total une dizaine de types de planètes pour autant de recherche à effectuer). Pour contrôler le mouvement des autres factions du jeu, deux possibilités s’offre à vous. La première est d’envoyer des patrouilles partout dans la galaxie pour y faire des rondes, mais vous risquez de froisser les autres factions au point qu’ils vous déclarent la guerre. L’autre, bien plus pacifiste, est d’envoyer des sondes d’exploration depuis vos vaisseaux explorateurs, permettant ainsi de découvrir plus rapidement la galaxie et savoir vers où étendre votre empire.



Exploit.

Évidemment, si le jeu n’avait que les quatre ressources de base précédemment citées, les choses seraient un peu trop simples. Du coup d’autres ressources viennent s’ajouter : des ressources rares et d’autres de luxe. Les premières seront toujours présentes sur toutes les parties, exploitables sur des planètes  et ne seront récoltables que si une recherche spécifique à chaque ressource rare a été débloquée. Concernant les ressources de luxe, seule une partie de ces dernières sera présente en jeu et ne demandera aucune recherche spécifique pour être exploitée. Contrairement à la science/industrie/nourriture, les ressources rares/de luxes sont cumulables au fil des tours, servant à construire certains bâtiments ou vaisseaux ayant des modules rares. Enfin, dernière ressource qui fait son apparition en jeu (et qui est une ressource commune) est l’influence. Cette dernière, cumulable aussi, permettra de négocier avec les factions mineures et majeures (vos adversaires/concurrents).

Une fois un système colonisé par une faction mineure découverte, vous pourrez négocier avec eux, dans un premier temps en leur susurrant des mots doux, pour gagner des ressources, jusqu’au point d’obtenir une quête à réaliser pour eux. En cas de réussite, leur système sera assimilé et deviendra une colonie à part entière de votre royaume. L’influence s’obtient en rendant heureux votre peuple, ce qui la lie directement au système politique, grosse nouveauté de cette mouture. Cette dernière mécanique viendra directement influencer l’économie de votre royaume via le vote de lois. Ainsi, plusieurs mouvements politiques auront des lois bien différentes (le courant militaire favorisera la construction de flotte de combat là où l’idéologie pacifiste permettra une meilleure production de nourriture). En fonction de la gestion de votre empire, que cela soit par la construction de bâtiments jusqu’aux recherches effectuées, tout aura une influence sur la politique, avec des élections tous les vingt tours de jeu. Hélas si l’idée est bonne, elle reste quelque peu transparente et les effets sont très peu notables, notamment lors d’un changement de gouvernement en cours de partie.



Exterminate.

Pour gagner une partie d’Endless Space 2, plusieurs solutions s’offrent à vous, allant de celui qui a les plus grosses statistiques, aux classiques merveilles, jusqu’à l’éradication pure et simple des autres factions, le tout de manière solitaire ou via des alliances avec ces mêmes factions. Côté combat, comme déjà évoqué, il n’est possible de se battre uniquement lorsque votre flotte est en orbite sur un système. Une fois le combat engagé, soit contre une flotte adverse, soit pour envahir une planète, les combats se dérouleront de manière autonome. L’unique choix que vous aurez, sera la tactique de déplacement de votre flotte à choisir parmi celles débloquées, offrant toutes des bonus défensifs ou offensifs. Il sera alors possible de voir en action tout en 3D le combat ou n’obtenir que le résultat de l’affrontement pour les plus pressés.

Afin d’apporter un vrai intérêt aux affrontements, le joueur a la possibilité de designer les vaisseaux de sa flotte. Une fois un pattern de vaisseau débloqué, toujours grâce aux diverses recherches, il est possible de placer des modules d’attaque, de défense, de mouvement pour varier sa flotte. Cet aspect est primordial pour qui veut jouer à la guerre, car les meilleurs modules ne viennent pas dans les vaisseaux par défaut (ils s’obtiennent grâces aux quêtes et à diverses recherches) Évidemment, plus les modules ajoutés au vaisseau sont puissants, plus ce dernier coûtera cher, allant jusqu’à utiliser des ressources rares pour la construction de ce dernier.


Amplitude réussit à livrer un nouveau 4X solide en faisant valoir son expérience acquise depuis les cinq dernières années à développer des jeux dans ce genre de niche. Ultra complet, il faudra toutefois un certain temps sur le jeu au novice du genre pour comprendre et digérer la quantité de données et de mécaniques que propose le jeu. Entièrement paramétrable, allant de la taille du terrain de jeu, à sa durée en passant par une multitude de points de vue, avec filtres pour qui veut gérer de manière ultra pointilleuse la progression de son empire. Pourtant le jeu n’arrive pas à séduire sur tous ses aspects et notamment les nouveautés, principalement sur le système politique qui a une bien trop faible influence sur le développement de son empire. Malgré cela, le symptôme « un dernier tour et j’arrête » est bel et bien présent, preuve qu’Endless Space 2 est un grand jeu.

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