PlayStation All Stars : Battle Royale

La rencontre de plusieurs figures emblématiques du jeu vidéo se fait toujours avec beaucoup de risques. Cette compilation de héros sortis sur les consoles de Sony, sans qu’il n’en aient forcément la primeur ni qu’ils soient très nostalgiques en ce qui les concerne tous, tente d’offrir un Smash Bros décent à une PlayStation 3 en possible fin de vie. Avec succès ?

Quand Nathan Drake rencontre Kratos…

Le concept est vieux comme un jeu de Nintendo 64, nommé Smash Bros. Il faut prendre plusieurs personnages phares d’une console ou en tous les cas, du monde du jeu vidéo, et tenter d’en tirer le meilleur pour les animer avec passion et les faire s’affronter intelligemment. Nintendo le fait très bien, le monde du manga s’en sort aussi pas mal (avec Jump Superstars) ou très mal (avec l’exécrable D.O.N sorti sur PlayStation 2) et c’est donc tout naturellement que cette rencontre autour de la PlayStation et de son univers varié est attendue au tournant.
Pourtant dès le lancement d’une partie, une chose cloche : où sont certaines grandes licences phares de la PsOne ? Spyro, Crash, Lara Croft ou pourquoi pas les héroïnes de Fear Effect, Tombi, Snake et les autres ? Battle Royale, en plus de subir l’achat et la revente de certains anciens protagonistes ayant fait rêver les joueurs, se destine aussi et surtout aux jeunes gamers de moins de 18 ans avec des personnages pour la plupart plus récents. La fibre nostalgique est quand même touchée avec Parrapa the Rapper et Sir Fortesque de Medievil, mais cela reste des jeux remakés sur PlayStation Portable. Pour les vrais anciens jeux, on repassera.
À la place, on a toutes les simili-stars des PlayStation 2 et 3 : Kratos de God of War, Radec de Killzone, Nathan Drake d’Uncharted, Cole d’Infamous, Ratchet et Clank, Sly Racoon, Jak & Daxter et bien d’autres, tous pas franchement vieillots et extrêmement cultes. On ne peut que jurer en voyant l’héroïne de Fat Princess faire une excursion dans le jeu comme personnage jouable, juste pour donner un cachet « on n’a pas oublié le jeu indépendant » dans l’affaire. Sauf que justement : ce genre de jeu doit être grandiloquent, passionné, pour les fans, plein de références et non pas une énorme publicité pour des licences certes phares, mais qui ont encore tout à prouver.
Que fait l’héroïne du très décevant Heavenly Sword dans ce foutoir ? Pourquoi Big Daddy de Bioshock est-il au rendez-vous malgré son aspect « multiplateformes » ? Et surtout, pourquoi jouer les vendeurs de futurs jeux en proposant le nouveau Dante de Capcom qui n’a toujours pas fait ses preuves et le Raiden du prochain Metal Gear Solid qui a encore beaucoup à confirmer ? Bref, le marketing l’emporte sur la passion. Pour autant, le jeu est-il mauvais ?

« Niveau 1 » dit la Voix-Off !

On reprend franchement le même concept qu’un Smash Bros, quelques originalités bienvenues en plus. Jusqu’à quatre joueurs et plusieurs équipes peuvent s’affronter sur le même terrain de jeu en un plan 2D fixe. Vous avez quatre façons de frapper (une par bouton) et des directions à valider avec pour orienter votre coup et enclencher certaines variantes. Une garde est aussi disponible, avec la possibilité de narguer son adversaire. Enfin, un coup spécial est à enclencher une fois la jauge de « pouvoir » (récolté au fur et à mesure des coups donnés) remplie. Trois niveaux de cette barre sont à charger, pour à chaque fois un coup différent et plus meurtrier. C’est avec de jolis « Niveau 1 », « Niveau 2 » et « Niveau 3 » criés à tue-tête que la voix-off violente l’atmosphère sonore. Et ce n’est même pas désactivable…
Le premier niveau du coup est assez simple, le second est plus technique pendant que le troisième enclenche une petite cinématique. Cela pourrait être anecdotique, mais plutôt que de piquer l’idée des pourcentages de Smash Bros et de sortir les personnages de l’écran, il n’y a finalement qu’une seule façon d’éliminer un adversaire : le toucher avec un coup spécial. Oui, c’est assez décevant. Car si du coup le jeu se veut frénétique, il perd énormément en stratégie (surtout que l’efficacité des coups spéciaux change en fonction du personnage joué) et qu’on se bat un peu dans le vide juste dans l’espoir de remplir sa jauge avant l’autre. À deux, c’est pire : on est souvent en équilibre, on valide très souvent sa spéciale à quelques secondes de différence et finalement, c’est redondant.
À quatre et en multijoueur, en ligne et à la recherche de parties sacrement rapides par ailleurs, c’est déjà mieux. Clairement, ce Battle Royale fait dans le fun immédiat et le bourrin à l’extrême. Tant pis pour les stratèges ! Il y a bien moyen de se faire quelques tactiques, mais il y aura toujours un Ratchet et sa mitrailleuse de Niveau 1 pour vous exploser la face en une fraction de seconde. Frustrant.

L’ambiance en deçà de nos espérances ?

Le dernier défaut du jeu est pas des moindres, c’est son absence d’ambiance et d’envie d’y revenir même et surtout quand on aime pas jouer en multijoueur. Les parties Solo ne servent qu’à découvrir les personnages et leurs cinématiques d’intro/d’outro sont très quelconques, en simples artworks et voix-off. On pestera aussi devant du marketing (encore) trop facile avec la fin de Sir Fortesque qui sous-entend une nouvelle aventure et autres petites choses certes malines, mais qui nous ennuient un peu face à tout ce qu’il est déjà reprochable à ce jeu.
L’ambiance est un peu ennuyante, il faut l’avouer. Certes, à quatre, on ne s’en rend pas compte, c’est excessivement jouissif un temps et on s’amuse vraiment. Mais quand on est seul ou à deux, on se rend compte à quel point les musiques ne sortent absolument pas du lot (et sont encore une fois gâchée par les jauges de pouvoirs criées par la voix-off). Toutes les franchises n’apparaissent pas en harmonie et mine de rien, voir du Loco Roco derrière du God of War en se battant avec un humain comme Cole face au raton laveur qu’est Sly, c’est très perturbant et pas franchement accrocheur. Même si les niveaux qui « se transforment » sont très amusants (avec par exemple le Capitain Qwark se faisant avaler par l’Hydre de God of War).
Les « Uber-fan » de l’univers Sony vont aimer si ils ont en dessous de la vingtaine, mais il est impossible de garantir la même chose pour les plus vieux. Il manque beaucoup trop de passion et de respect des licences passées à ce titre pour qu’il paraisse vraiment honnête. C’est là ou malheureusement il donne du grain à moudre à tous ceux qui ne jurent que par Smash Bros et son respect des franchises qu’il utilise : il est plus harmonieux, il propose un véritable univers (certes loufoque) et met en place autre chose que de la publicité pour d’autres jeux se battant de façon quelconque bien qu’amusante. En clair, c’est super drôle, mais c’est aussi très décevant sur le long terme et bien d’autres points importants pour que ce jeu reste dans les mémoires. Croisons fort les doigts pour que Sony apprenne de ses erreurs dans un second opus !

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