SkyDrift

Ahhh… l’aviation. Des premiers prototypes d’aéroplanes, en passant par Antoine de Saint-Exupéry, jusqu’au mythique Concorde, sans oublier Satanas et Diabolo, c’est toujours l’éclate totale. Et c’est en partant de ce postulat de base qu’a germé l’idée de SkyDrift. Mais attention, alors qu’on a l’habitude des jeux d’avions de chasse tel Ace Combat, ou de faire les marioles dans les airs sans but précis dans GTA et ses pairs, SkyDrift emprunte un chemin moins pratiqué : les courses d’avions. Si Diddy Kong Racing avait ouvert partiellement la voie, on lorgne ici plutôt dans un trip sensations pures à la Wave Race ou Hydrothunder Hurricane, auquel on aurait ajouté un arsenal rappelant Blur. Mais trève de name-dropping de haut vol, mettons les mains dans le cambouis.

Choc d’hélices.

Printemps 2011, sept multi-milliardaires au quotidien oisif, passant leurs journées à se défier sur Super Street Fighter IV se voient brutalement orphelins de PSN. Que faire ? Le golf étant un sport trop dangereux, ils décident collégialement de customiser leurs jets privés respectifs et d’aller se tirer la bourre aux quatre coins du monde sans aucun respect de la nature, ni des riverains.

Heureusement, vous, valeureux T. rex en F-14 reveillé d’un long sommeil par tout ce vacarme, décidez de mettre fin à cette pure folie et prenez clandestinement part à ces joutes illégales. Parviendrez-vous à mener à bout votre vendetta anti nantis ? Et plus important, gagnerai-je le concours de meilleurs scénario de jeu qui n’en possède pas ?

Skydrift est bien un de ces titres à l’esprit totalement arcade, qui s’il était sorti dans les années 90 aurait pu vous rançonner tout votre argent de poche dans des salles enfumées. Au programme, une poignée de courses dans des décors spéctaculaires et colorés (canyons, zones polaires, complexes industriels…), des traçés bien retors saupoudré de raccourcis dangereux mais gratifiants, sept adversaires hargneux au possible, et une poignée d’items à récupérer en chemin qu’il faudra utiliser à bon escient. Ce système d’arme et autres bonus rappelle effectivement Blur, car contrairement à un Mario Kart, leur emplacement est clairement défini, ne laissant pas de place à l’aléatoire. Ainsi il sera vite important de repérer à quel endroit se trouve l’option désirée, défensive ou offensive selon votre position dans la course. Il est important de noter que l’on pourra en stocker deux différentes, ou bien, en prenant deux fois la même, voir ses effets décuplés. Ce panel d’items est tout à fait classique et rien ne sera de trop : des missiles à tête chercheuse, une mitrailleuse demandant forcément un plus plus de skills à l’utilisation, une onde de choc qui handicape les coucous alentours, et pour contrer cet arsenal, l’inévitable bouclier, et la réparation, vu que votre avion ne passera pas illico presto de vie à trépas à la moindre bastos encaissée. Pour parachever le tout, en cas d’utilisation judicieuse de vos armes, votre jauge de boost se verra remplie. Une jauge que vous pouvez aussi augmenter en pilotant dangereusement, les adeptes du vol en rase-motte et d’introductions dans des passages sombres et étroits seront ravis.

Le mode solo s’articule autour de groupes d’épreuves à débloquer successivement en arrivant au moins dans les trois premiers, avec en plus un système de trophées venant récompenser vos faits d’armes dans chaque course juste pour la frime (comme par exemple occire plusieurs adversaires en même temps). Dans la foulée, les divers bolides aux caractéristiques bien distinctes rejoindront au fur et à mesure votre garage. Mais qui dit stats différentes entre les avions, dit plusieurs types d’épreuves, on choisira donc son bolide en fonction. En plus des courses où tout est permis, on aura aussi droit à des courses de vitesse pure, ainsi qu’à des courses à élimination qui on fait les belles heures de la série Burnout. Les courses de vitesse sont constellées de portes « boostantes » qu’il vaudra mieux enchaîner afin d’être constamment au taquet et arriver avant tout le monde, alors que les épreuves à élimination vous demanderont de ne pas être dernier à la fin de décomptes successifs, sous peine de s’en aller et de retourner à sa maison. Car comme Denis Brogniard le dit si bien dans Koh Lanta : à la fin, il n’en restera qu’un !

Ça plane pour moi, moi, moi, moi, moi.

Après ces belles paroles de Plastic Tramber, il est temps de se faire un avis sur SkyDrift. Les graphismes sont vraiment bien agréables, la chose étant techniquement très propre sans grimper au plafond quand on tutoie le sol d’un peu trop près, le design des course étant de plus bien étudié pour apporter des sensations tout en étant bien sadique. Car si la vitesse de base ne vas pas vous couper le souffle, dès qu’on fait parler le boost on trouve du répondant, sachant que lors des épreuves de vitesse, enchaîner les portes est aussi grisant que périlleux. La jouabilité varie sensiblement selon les avions, mais se dompte vite pour quelqu’un ayant auparavant un peu touché à un avion vidéoludique, la seule vraie subtilité sera le « Knife Edge », soit un virage accentué en poussant le joystick droit dans la même direction que celle du gauche, à utiliser surtout quand on voit de grosses flèches rouge dans une courbe. Ce qui ne sera pas aussi simple sera de gérer tout en même temps. Car si vous avez suivi jusque-là, vous aurez compris qu’il faudra avoir l’oeil partout. Faire attention aux obstacles dans toutes les directions, faire face aux assauts des concurrents, chopper les power-ups désirés, les utiliser judicieusement, gagner et utiliser du turbo… ma mère étant déjà retournée sur Angry Birds à la moité de cette phrase.

Alors on pourrait se dire que comme il existe trois niveaux de difficulté on peut se la jouer pépère et commencer en facile. Sauf que dès ce niveau de difficulté, les adversaires sont des vrais chiens galeux enragés sous coke, n’ayant aucun scrupule à vous pourrir. Il y a 15 ans sur borne, vous y auriez laissé un SMIC. Alors même si la première place est jouable, les types ne sont souvent pas bien loin (et ce sans avoir l’air de « s’adapter » à vous comme dans Mario Kart. Moi, j’appelle ça tricher…) et dès que vous commencerez à enchaîner quelques courses gagnées avec une certaine marge, outre le fait qu’ils iront plus vite, les épreuves deviendront plus longues, et donc les risques d’erreurs multipliés. L’occasion de pointer le grief majeur envers SkyDrift. Effectivement, le nombre de courses différentes est vraiment réduit (genre cinq ou six). Du coup le panel habituel d’artifices un brin « cheap » est déployé, de l’augmentation du nombre de tours, au mode reverse.

L’autre problème du jeu, moins dommageable, se situe au niveau du déblocage de certaines skins pour vos engins de mort. Il faudra effectivement en passer par le mode en ligne, qui, s’il a le mérite d’exister, n’est pas des plus peuplé d’après mon humble expérience (quant aux « pauvres » du Xbox Live…). Difficile d’aligner sereinement les victoires nécessaires pour chaque troisième modèle de couleur d’avion, et participer aux 20 courses aboutissant à l’obtention du dernier appareil prendra un moment, surtout quand on met de longues minutes à trouver un seul adversaire (qui pourra très bien « rage quit » après trois virages) sur sept possibles. Dommage, car dès qu’on arrive enfin à se trouver dans une partie décente avec au moins quatre joueurs, c’est vraiment très fun, avec un suspens parfois haletant. Le gars à qui j’ai grillé une victoire pour deux dixièmes de seconde en bourrinant sur 200 mètres mon turbo en réserve a du manger sa manette ! En attendant pour remédier à ça, on ne peut qu’espérer que le jeu rencontre son public… Et pour en finir avec les petites déceptions, il n’aurait pas été désagréable de pouvoir changer l’angle de caméra, fixé assez loin derrière. Il est parfaitement jouable, mais une vue rapprochée ou une sacro-sainte « vue pare-chocs » (ou plutôt « hélice » dans ce cas) aurait permis de rendre l’expérience encore plus impressionnante pour les plus givrés d’entre nous.

Un oiseau ! Non, un avion ! Non, c’est Superman !

Si SkyDrift est un jeu recommandable ? Majoritairement oui. Beaucoup de challenge et de belles sensations, un enrobage carré et chatoyant, une durée de vie potentiellement longue, pour un melting pot d’idées bateau aboutissant à une formule originale. Seulement, pour un jeu dématérialisé à 15 euros, pour savourer pleinement, il vous faudra vraiment être dans la cible somme toute assez restreinte du jeu : les gens qui n’ont pas peur du maniement moins binaire des avions par rapport aux véhicules habituels des jeux de course, et ceux qui n’ont pas peur de devoir tourner rapidement en rond à faire les mêmes choses, même si elles sont agréables.

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