Hotline Miami

À première vue, le nouveau Dennaton ne ressemble à rien. En jeu, on a toujours cet effet, jusqu’à ce qu’on comprenne le concept de cette fausse adaptation vidéoludique du film Drive. Attention : merveille !
Antihéros et non-conformisme
Vous êtes un homme violent, vendant ses prouesses criminelles aux plus offrants. Nous sommes à Miami, en 1989, ou la mode est aux grandes villas exubérantes, aux gardes du corps à chemises blanches et à la criminalité classe. Chez vous, le téléphone sonne : vous répondez, on vous explique la marche à suivre, qui tuer et vous prenez votre ersatz de Delorean pour vous rendre sur les futurs lieux du crime. Tout cela se joue en vue aérienne, entièrement en 2D, avec de gros pixels apparents et un trip graphique qui fait planer. Bienvenue dans Hotline Miami.
Drogues, balles et belles blondes sont au centre d’un scénario complexifié par une prise de LSD constante des scénaristes. Parlons plutôt du gameplay, histoire de vous laisser découvrir la progression seuls et garder la surprise sur la quinzaine de niveaux proposés. Vous jouez avec l’habituel combo de touches ZQSD pour bouger votre personnage, tout en lui donnant un axe de vue avec la souris. Très inhabituel, ce principe de jeu demande un bon quart d’heure pour être maitrisé et bien davantage de temps pour être totalement assimilé. Nouveau, ce gameplay nous rappelle un peu celui du vieillot Take No Prisoners sorti un peu dans l’anonymat et qui proposait quelque peu le même type de commandes.
Ici cependant, point de bourrinage, en tous les cas pas dans le fond. Certes, dans la forme, le concept est de nettoyer un ou plusieurs étages d’un niveau de tous les ennemis pour pouvoir compter les points par la suite… Néanmoins, chaque coup donné ou balle vous atteignant vous tuera sur le champ ! Vous n’aurez plus qu’à appuyer sur une touche pour recommencer le niveau depuis le dernier checkpoint. Tout est une question de timing, d’observation des déplacements ennemis, de la bonne arme à utiliser (vous ne pouvez en porter qu’une seule à la fois et les armes à feu ne contiennent qu’un chargeur de quelques balles).
Une ambiance unique
Vous avancez prudemment, vous collez contre la porte en attendant que votre ennemi soit juste derrière. Une fois la cible bien en place, vous forcez la porte qui le fait gicler contre le mur. Vous l’attrapez, lui éclatez la tête sur le bitume puis continuez votre route. À moins que vous ne vouliez faire du bruit ? Vous lui tirez dessus à bout portant et ses amis se pointent pour voir ce qu’il en est : si vous avez de la chance, vous survivrez à l’armée qui débarque, sinon vous êtes bon pour tout recommencer.
Plus tard, le jeu met en place des chiens qui vos sautent à la gorge dès qu’ils vous aperçoivent. Des baies vitrées aussi, permettant à vos ennemis de vous voir à travers et de vous tirer dessus malgré le fait que vous soyez dans une salle adjacente. Les armes ont toutes leurs qualités et leurs défauts, en changer en pleine partie sera donc très efficace : les couteaux sont rapides, les battes de baseball font rapidement le ménage, les Uzis tirent à vive allure et le shotgun redécore les salles. À terre, l’ennemi doit être achevé sans quoi il peut se relever et vous faire votre fête. Difficile, Hotline Miami est surtout un jeu ou on meurt énormément et on recommence sans regarder le temps qui passe. Accrocheur et chronophage, Hotline Miami est aussi magnifiquement orchestré par un collectif de musiciens indépendants qui ont visé juste et posent l’ambiance avec talent.
Oeuvre d’art violente
On ne s’y attendait absolument pas. Hotline Miami est sans aucun doute l’un des jeux les plus réussis de cette fin d’année en terme d’ambiance, de principe de jeu original et d’addiction. Les quinze niveaux se parcourent très vite mais pourtant, on y revient rapidement pour tenter de faire le meilleur score. Concernant les notes attribuées en fin de niveau, allant de A à C, elles sont définies par toutes les actions que vous avez entreprises (ouverture de portes, par exemple) ou le nombre de fois ou vous vous êtes fait repérer. Il est donc possible, c’est là la grande qualité du jeu, de recommencer chaque niveau en tentant d’être une véritable ombre responsable d’un massacre qui en dit pourtant long sur la férocité du tueur.
Passionnant de bout en bout et loin de n’être qu’un « petit jeu en 2D » comme ces trailers le laissaient croire, Hotline Miami est un de nos gros coups de coeur de l’année et risque de rester dans notre bibliothèque Steam pendant un bon moment, jusqu’à ce qu’on s’en lasse. Mine de rien, cela risque de faire un paquet d’heures de jeu, surtout qu’il y a plusieurs masques d’animaux à débloquer tout au long de la partie et en fonction de sa façon de jouer. Ceux-ci augmentent quelques statistiques (on avance plus vite, les armes sont plus dangereuses, etc.) et permettent de rejouer les niveaux avec des bonus intéressants. Bref, développeurs d’Hotline Miami, si vous êtes à deux doigts de craquer pour proposer du DLC ou un second opus, ne cherchez plus : on en redemande sans hésiter !

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