The Odd Gentlemen. Depuis « Les mésaventures de PB Winterbottom » (leur premier jeu), le studio a bien changé. La plupart des concepteurs se sont enfuis après l’échec de Wayward Manor et Activision a racheté la boite lors de son « revival » de la franchise Sierra. Une franchise conçue pour de « petits jeux », souvent indépendants dans la forme (mais pas dans le fond). Ce King Quest est aussi un « revival », ce qui rend tout cela très symbolique. Que vaut alors cet épisode 2015 de l’une des plus grandes sagas du jeu d’aventure en point & click ?
Plaire au grand public. Toujours.
Le point & click est un genre qui a connu des bas, mais qui n’est jamais réellement mort. En Allemagne, le genre est même au top des ventes grâce (entre autres) aux productions Daedelic. Le milieu de l’indépendant est rempli de bons point & click conçus par des passionnés du genre et de l’écriture. King Quest, c’est une grande saga du genre, de celles qui ont commencé en 1984, via Roberta Williams qui a aussi co-fondé Sierra (on s’y retrouve). Depuis, il y a eu sept King’s Quest, de plus en plus beau, ainsi qu’un huitième épisode en 3D trahissant tous les codes de la saga pour plaire au plus grand nombre. Ce fut un ratage.
Aujourd’hui, King Quest revient sur le devant de la scène après 18 ans de mise en veille. 18 ans ! Quel coup de vieux pour les trentenaires qui ont grandis sur ces titres comme Space Quest ou encore Phantasmagoria et autres Police Quest. C’est donc avec beaucoup d’idées reçues qu’on accueille ce premier épisode d’une série de cinq jeux censés nous faire dire que oui, ils ont tout compris à King Quest et que le « sceau » Sierra n’est pas volée… C’est tout de même plus compliqué que prévu, on ne va pas se mentir.
Tout commence avec une longue séquence ou notre héros, vieillard dans son lit, écouté par sa petite fille amoureuse d’aventures et de dragons, raconte son passé et comment il est devenu Roi du royaume de Daventry. C’est ainsi qu’on découvre les bases du jeu : avec une scène très guidée, très linéaire, ou vous ferez la connaissance d’un dragon avec un œil en moins, dans une cave ou semble entreposés tous les matelas du royaume. Vous devrez aller chercher un miroir magique et fuir la férocité du monstre ailé dans une suite de QTE, de visée à l’arc, avec un petit puzzle de mécanisme pour la forme entre les deux. C’est fun, mais ça n’a plus rien à voir.
Allers et retours
Cette introduction est là pour donner envie aux nouveaux joueurs de s’investir. Evidemment, on leur aurait proposé de combiner une soupe de poissons avec un poulet en plastique, cela n’aurait pas fonctionné. Cette séquence très guidée et simple met dans l’ambiance : c’est drôle, plein de référence et surtout, terriblement beau. Le style du jeu est sublime malgré une synchronisation labiale un peu à côté de la plaque. Les fonds sont magnifiques, les animations parfaites, tout fonctionne parfaitement visuellement et on a envie de découvrir le royaume de Daventry sous toutes ses coutures.
Une fois ce premier acte terminé, on passe au « gros » du jeu : son côté point & click. Si ici il ne s’agira pas de fouiller tout l’écran au clic prêt pour trouver le bon objet (consoles oblige), King Quest possédera une autre tare très connue des amateurs du genre : les allers et retours incessants. En effet, le jeu remontera un peu dans le temps pour nous raconter comment le vieil homme est devenu le héros et le roi qu’il est aujourd’hui, toujours en parallèle avec l’histoire de cette petite fille qui l’écoute inlassablement et tente de sortir des clichés pour participer à un tournoi pour lequel personne ne la prend au sérieux.
Cette aventure passée placera souvent le personnage dans des positions ridicules et franchement drôles. Encore une fois, l’écriture est plutôt réussie et certaines séquences sont très inspirées. Mais les allers et retours sont tellement présents ! Tellement ! Vous connaitrez les tableaux par cœur, impossible de vous perdre même sans carte tellement vous y passerez et repasserez sans cesse.
Plus qu’à voir sur la longueur…
Honnêtement, King Quest fait bonne impression. Son gameplay simple (un bouton pour prendre un objet, un autre pour fouiller dans l’inventaire) et ses nombreuses références au jeu d’origine (le personnage, l’univers mais aussi quelques idées comme l’unique pièce d’or dans l’inventaire) font mouche et plairont aussi aux jeunes amateurs de point & click. La réalisation est excellente, certaines phases dynamiques sont vraiment amusantes (le défi de rapidité et sa course très amusante) et King Quest a tout pour plaire. Mais il lui manque une bonne dose de rythme…
Extrêmement lassant à cause de ses allers-retours, King Quest va devoir faire mieux pour plaire sur la longueur. Ce n’est que le premier épisode et certaines choses sont tout de même bien parties pour plaire sur le long terme, mais les défauts présents ici seront peu supportables s’ils reviennent dans les épisodes suivants. On croise les doigts bien forts ! Surtout que scénaristiquement parlant, la fin de cet épisode donne réellement envie de voir la suite…